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Le triomphe de la vérité

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Interview de Lehady Soglo, ex-maire de Cotonou sur Tv5 Monde: « Je suis devenu opposant à Talon par la force des choses »


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Léhady Vinangnon Soglo, Président de la Renaissance du Bénin

Séjournant depuis quelques semaines à Paris, depuis sa révocation de la tête de la ville, l’ex-maire de Cotonou, Lehady Soglo a été reçu sur Tv 5 Monde, ce week-end. Il est revenu de long en large sur sa situation, se disant être « victime d’acharnement » de la part du régime de la Rupture, dont il est devenu opposant « par la forces des choses ». Il conseille au chef de l’Etat de ramener la balle à terre et de mener une politique de dialogue, dans l’harmonie et dans la concertation pour le développement du pays.

 

Tv5 Monde : Comment expliquez la situation que vous vivez aujourd’hui, Mr Lehady Soglo ?

Lehady Soglo : Je suis victime d’acharnement de la part du Régime dit de la rupture et du nouveau départ. J’ai été tour à tour destitué de la tête de ma formation politique et révoqué de la mairie de Cotonou. Et ceci, par la même main invisible qui a télécommandé les opérations. Je veux parler du président de la république, Mr Patrice Talon. J’ai été destitué parce que j’ai eu le malheur de soutenir pendant les dernières élections présidentielles, un autre candidat que celui qui, finalement a retenu l’attention de nos compatriotes. Mais surtout parce que nous avons des divergences sur la façon dont le pays devrait être géré. Ce qui caractérise aujourd’hui la gouvernance de Mr Patrice Talon, c’est les conflits d’intérêts, c’est l’acharnement contre les opposants politiques. Et c’est ça qui justifie que je sois aujourd’hui à Paris. Je voudrais profiter de cette occasion pour revenir sur ma destitution de la tête de la Renaissance du Bénin (RB), qui s’est faite au mois de mai par des fractionnistes soutenus par le pouvoir en place qui voulait et qui veut toujours d’ailleurs, faire main basse sur notre parti. L’affaire est pendante devant les tribunaux. Et je voudrais souligner qu’aujourd’hui la justice est le dernier rempart contre l’arbitraire et l’autoritarisme dans notre pays.

 

Votre famille (Père et mère) a pourtant soutenu l’arrivée au pouvoir du président Patrice Talon

Effectivement. C’est leur droit le plus légitime de faire campagne pour le candidat de leur choix. Ce que je voudrais souligner, c’est que l’affaire est pendante devant les tribunaux, et le pouvoir en place, essaie d’instrumentaliser certains juges. La semaine passée, nous avons eu l’occasion d’avoir la confirmation, lorsqu’un des juges qui a participé aux débats et à la prise de décisions, a brusquement décidé de se déporter, en ne venant pas à l’audience. Ce qui a fait dire à mon avocat, maître Robert Dossou que, en 44 années de métiers, il n’avait jamais vu ça. Ces manœuvres sont faites pour empêcher la justice de dire le droit en ma faveur. Mais je continue à faire confiance aux tribunaux et juridictions de mon pays. Et je suis persuadé qu’on me réhabilitera à la tête de mon parti. Ceci étant dit, je voudrais parler de ce que j’ai vécu, le 28 Juillet dernier. J’ai subi une audition à charge, à la préfecture de Cotonou sans pouvoir exercer mon droit de défense. J’ai été dans la foulée suspendu par le ministre de la décentralisation et de la gouvernance locale. Et le 2 Août, le conseil des ministres, dans la précipitation, de façon inique (injuste), m’a révoqué. Je voudrais dire aussi que ce 28 Juillet, j’ai vu débarquer à mon domicile, des forces de l’ordre lourdement armées, avec des engins lourds, pour m’enlever. Parce que, ils étaient là, sans mandat. Et grâce à Dieu avec l’aide de mon épouse, de mes parents, bien entendu, de mes avocats et la mobilisation de mes militants et mes militantes, le pire a été évité. Et je voudrais aussi profiter de l’occasion pour remercier toutes les personnalités politiques qui se sont mobilisées à mon domicile pour empêcher effectivement que cet enlèvement ne puisse se faire. Voilà la situation qui prévaut actuellement dans mon pays le Bénin.

 

Comment expliquez-vous le silence des autres formations politiques face à une situation que vous dénoncez ?

Les formations politiques ne sont pas restées silencieuses. Mr Ajavon, Mr Candide Azannai, et bien d’autres, ont dénoncé effectivement cet acharnement.

 

Mais on ne les entend pas très fort.

Mais aujourd’hui, tout est mis en œuvre pour bâillonner tous ceux qui sont perçus comme des opposants au régime. Ce qui caractérise la gouvernance du président Patrice Talon, c’est l’absence de dialogue. C’est aussi l’absence de résultats. Il a fait des promesses mirobolantes, or son programme d’action du gouvernement marque le pas. Parce qu’il n’a pas réussi à obtenir les financements nécessaires, et donc, il n’y a pas de réalisations. Et pourtant, on a, notamment, s’agissant de la ville de Cotonou et d’un certain nombre d’autres villes, procédé à des déguerpissements, qui ont jeté dans la rue, des milliers de Béninois et de Béninoises à qui on avait fait miroiter l’idée de l’embellissement et de la modernisation

 

Mais, êtes-vous un adversaire politique de Patrice Talon ?

(Oui), Par la force des choses. Parce qu’il a décidé ainsi. Et je suis obligé de me défendre. Mais au delà de ma personne, c’est la démocratie locale qui est en jeu.

 

Et pour quelle raison l’exécutif aurait-il intérêt à bâillonner la démocratie locale puisse que Cotonou n’est pas la seule ville dont le maire a été destitué ?

Effectivement, il y a eu un certain nombre de villes, dont les maires ont été destitués parce que perçus comme des opposants au régime. Le président Talon, a théorisé sur tout ce que nous vivons actuellement en disant, que  « un président n’a pas besoin de présenter un bilan à la fin de son mandat. Il peut se faire réélire, s’il est capable de désorganiser les compétiteurs qui pouvaient se présenter face à lui. » Et donc on est entrain de voir tout ça se produire sous nos yeux, et c’est regrettable pour la démocratie dans notre pays.

 

Si la justice est bâillonnée comme vous le dites, de quel ressort disposez vous pour retrouver votre honneur et la présidence de votre parti ?

Je continue à faire confiance aux juridictions de mon pays. Je continue à faire confiance aux juges parce que, comme je l’avais dit, ils constituent le dernier rempart contre l’autoritarisme et l’arbitraire. Je crois qu’il faut effectivement les exhorter à faire en sorte pour que le droit soit dit.

 

Vous êtes maire de Cotonou depuis 2015, une ville que votre père a dirigée pendant presque 12 ans, de 2003 à 2015. Est-ce que vous pouvez dire que les populations de Cotonou sont satisfaites, de votre bilan, deux ans après ?

C’est aux populations qu’il faut poser cette question. Ce que j’entends depuis que je suis parti, c’est que la ville est beaucoup plus sale qu’auparavant, les feux tricolores que j’ai fait réhabiliter, les gens me félicitent, le personnel de la mairie me regrette. Et donc j’espère être très vite réhabilité pour retourner dans mes fonctions. ….

 

Avez-vous été notifié de cette révocation ?

Jusqu’à l’heure où nous parlons, je n’ai été notifié de rien. Je profite pour parler de l’acharnement dont j’ai été l’objet. La mairie de Cotonou, a subi pas moins de 4 audits en l’espace de 8 mois. Soit un audit tous les deux mois. Je voudrais dire, que ces audits n’ont révélé aucune irrégularité. Et d’ailleurs si vous le permettez, je voudrais dire aux téléspectateurs ce que le deuxième audit a dit de ma gestion. S’agissant de fautes professionnelles ou de gestion, le cabinet du cousin du président de la République, dit que « l’examen des pièces, n’a pas révélé des actes qualifiables de fautes professionnelles ou de gestion. Cependant, nous avons noté quelques insuffisances qui nécessitent des améliorations qui sont relatées plus haut. ». Donc  on ne peut pas comprendre ce qui s’est passé, puisque la déontologie comptable veut qu’on ne répète pas des audits dans la même structure, sur le même objet normalement, ils auraient dû effectivement arrêter ces audits à la mairie de Cotonou.

 

Qu’est- ce que vous attendez aujourd’hui du pouvoir ?

Que le pouvoir prenne la mesure de la détresse de nos compatriotes. On n’a pas élu le président Patrice Talon pour qu’il passe son temps à régler des comptes. Pour qu’il passe son temps à faire des audits ciblés et sélectifs. Pour qu’il passe son temps à s’acharner contre certains opérateurs économiques. Mais plutôt pour qu’il développe le pays. Mais je pense que cela ne peut se faire que dans le dialogue, dans l’harmonie et dans la concertation. Je pense comme beaucoup qu’il serait de bon ton qu’il ramène la balle à terre. Et permette à tous les Béninois et à toutes les Béninoises d’aller et venir, dans notre pays et d’apporter leur pierre à notre édifice.

 

Êtes vous prêt à rentrer au Bénin ?

Absolument, puisque de toute façon, comme je l’ai dit, je ne me reproche rien. Et aucune notification ne m’a été faite jusqu’à l’heure où nous parlons. Qui sait si à la suite de cette émission, je recevrais un mandat. Mais jusqu’à l’heure où nous parlons de tout ce qui a été dit, et de tout ce qui est publié sur les réseaux sociaux, je ne me reproche rien.

Transcription: Christian TCHANOU

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