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Le triomphe de la vérité

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Edito: Les grandes manœuvres


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Finalement, c’est donc le marché qui a été conclu entre le Chef de l’Etat et les députés du Bloc de la Majorité Parlementaire : leur soutien au régime Talon contre l’appui du Chef de l’Etat pour leur réélection en 2019. Promesse du Président de la République : aucun ministre de son gouvernement ne sera candidat aux législatives à venir. C’est l’essentiel à retenir de la rencontre entre les députés du BMP et Patrice Talon la semaine dernière. Cette première concertation après le remaniement, a permis au Chef de l’Etat de clarifier sa position et de prendre des engagements vis-à-vis de ses partenaires du parlement.
C’est probablement pour cette raison qu’aucun député n’a figuré dans le gouvernement remanié. Alors qu’on attendait un certain Augustin Ahouanvoébla du PRD ou encore André Okounlola, chacun a pu constater que les pronostics ont menti. Dans le microcosme bouillonnant de Parakou, Samyou Adambi et Charles Toko ont tous fait le serment de ne point se porter candidats en 2019, pour ne pas disperser les voix de la majorité dans la huitième. Rachidi Gbadamassi en sortira peut-être gagnant si, entre-temps, aucune eau n’entrait dans le gaz. C’est un pas important vers la clarification du jeu politique, mais surtout un tournant majeur dans la mise en place d’une majorité stable.
Le ralliement du député ABT, Souwi au groupe parlementaire « Union-Paix et Démocratie », présidé par le professeur Mathurin Coffi Nago, montre que certains de ceux qui n’avaient pas vu venir la stratégie du Chef de l’Etat, ont commencé à paniquer. Car, en déroulant cette stratégie, c’est une menace d’écrasement qui attend les députés de l’opposition. A moins d’erreurs supplémentaires venant aggraver la situation sociale, le Chef de l’Etat peut compter sur un redressement progressif de la situation économique pour espérer sortir de la crise sociopolitique. Cette embellie économique peut provenir de l’amélioration en cours de la situation économique au Nigeria, mais aussi des dividendes des bonnes campagnes cotonnières qui s’annoncent. Ceci devrait impacter l’élection de 2019 dont les signaux sont au beau fixe pour le pouvoir.
C’est dire que la stratégie du Chef de l’Etat lui permet de quadriller le terrain politique, en comptant sur une synergie des forces entre les ministres et les députés pour faire front aux menaces de l’opposition.
Mais il ne faut pas se leurrer. Cette stratégie ne vaut pas grand-chose face à la détermination d’un Sébastien Ajavon ou d’un Boni Yayi. Dans un contexte où les anciennes poches de gabegie sont en cours de fermeture, il est à se demander où les différents acteurs de la mouvance trouveront les moyens financiers pour faire face aux rouleaux compresseurs de Boni Yayi et Sébastien Ajavon. La mutualisation des forces de ces deux mastodontes risque d’être préjudiciable à la stratégie Talon. D’autant que la puissance financière qu’ils peuvent déployer, couplée au mécontentement possible de la population harcelée par les réformes en cours, constituent des variables non négligeables capables de peser dans la balance en 2019 et 2021. En faisant la promotion acharnée de la bonne gouvernance, Patrice Talon enlève du coup à ses ministres et autres DG, la possibilité de tomber dans les travers de la corruption. Comment fait-on la politique au Bénin sans donner de l’argent aux populations, sans assister les électeurs potentiels qui vous considèrent comme un secours financier ? Il n’en existe pas encore. La guerre financière qui va s’enclencher sur le terrain pourrait bénéficier à Talon, mais ce ne sera pas un jeu d’enfants.
Ce qui est évident, c’est que la stratégie actuelle induira un regroupement même partiel de la classe politique. De grands groupes vont se former pour conquérir le marché électoral. Dans cet exercice on sait que la RB, déjà en lambeaux à l’Assemblée nationale, ne pèsera pas bien lourd. Elle pourrait se rallier aux FCBE qui devraient se renforcer, de même que tous les groupes proches du pouvoir. Reste maintenant le cas Azanaï dont il n’est jamais assez de dire qu’il constitue à lui tout seul une équation à mille inconnus. Lancé pour le moment dans une opposition frontale à Talon, l’ancien ministre risque gros à Cotonou. Il aura face à lui la puissante machine Talon qui ne maîtrise pas moins le terrain.
Si la montée en puissance de Talon se poursuit, la stratégie actuelle du Chef de l’Etat pourrait lui permettre de s’adjuger une majorité confortable avant 2019 et envisager une probable révision consensuelle de la constitution.

Par Olivier ALLOCHEME

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