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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’économie du supérieur


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L’enseignement supérieur est un secteur capitalistique et stratégique. Le dire, comme ça, et de go, semble une incantation de plus. Mais voyons ensemble la réalité de ce secteur.
Même si nous n’avons pas les chiffres officiels du Bénin, on sait qu’il s’agit d’un secteur qui a besoin de gros investissements. Il suffit de voir la taille des plus grands établissements privés d’enseignement supérieur pour savoir qu’il faut des investissements immobiliers substantiels pour parvenir à rentabiliser ces entreprises. C’est pour cette raison que les grands établissements privés disposent de leurs propres sièges dont le standing en impose. L’un des cas les plus typiques de la rentabilité financière du secteur, reste Dominique Loko, décédé depuis quelques semaines et qui a bâti en Côte-d’Ivoire un empire habituellement connu sous le nom « Les cours Loko ». Son empire, construit pendant une carrière d’environ 60 ans, lui a permis d’avoir même en plein cœur de Cotonou des immeubles dont les noms ne laissent pas indifférent : Cocody, Marcory, Riviera Golfe. Depuis quelques années, les banques béninoises ont commencé à aider les promoteurs dans leurs ambitions immobilières, avec des succès tout à fait remarquables. C’est le signe de la rentabilité financière du secteur.
L’un des leviers de cette rentabilité reste les étudiants étrangers. Ils sont prêts à payer cher pour un enseignement de qualité. Houdégbé North American University, qui a bâti sa réputation au cours de ces 25 dernières années, a profité d’une nombreuse colonie nigériane et d’Afrique centrale pour son expansion. De sorte que la crise économique au Nigeria a eu des répercussions sérieuses sur ses effectifs et ses finances. Il en est de cet établissement comme de bien d’autres qui tirent de substantielles ressources de la manne extérieure.
En France, les chiffres sont connus. L’apport financier annuel des étudiants étrangers durant leur séjour d’études approche les 5 milliards d’euros, soit plus de 3.275 milliards de FCFA, largement au-dessus du budget 2017 de tout le Bénin. Il y a vraiment de quoi puisqu’il s’agit d’une population de 25.000 étudiants étrangers provenant de 190 pays. La France est bien consciente de son action future et y travaille avec une grande assiduité, puisque la stratégie française, selon les plus hautes autorités de l’Hexagone, est que ces élites formées exerceront de l’influence dans leurs pays respectifs pour privilégier la France plus tard. C’est du réalisme pur. Qui a dit que la France a perdu son influence dans le monde ?
Le plus intéressant, c’est que certains Etats ont déjà compris le rôle fort stratégique que jouent les universités dans la construction des mentalités. Au Japon, il existe près de 1000 universités pour une population de 127 millions d’habitants. Certaines abritent jusqu’à 100.000 étudiants, d’autres moins. L’Etat et les familles y investissent énormément, dans un pays sans ressources du sous-sol qui a déjà démontré que le seul salut est dans des ressources humaines de qualité. Il ne faut pas aller chercher plus loin le secret de la prospérité japonaise après la deuxième guerre mondiale qui a littéralement rasé le pays.
Un autre cas, c’est celui de la Chine qui enregistre pas moins de 20 millions de bacheliers chaque année. Le pays prend soin d’empêcher ses meilleurs bacheliers d’aller à l’extérieur, afin que leur intelligence serve à construire le pays. Les résultats d’une telle politique menée depuis des décennies ne sont plus à démontrer.
Bien sûr, pour asseoir une stratégie efficace dans le secteur, il faut des enseignants de qualité. Un pays comme le Bénin compte moins de 1500 enseignants du supérieur, tandis que le Kenya en compte au moins 7500 pour 73 universités et 300.000 étudiants.
Dans ces conditions, au moment où les besoins sont devenus colossaux, faire de l’université un secteur stratégique ne devrait pas se résumer à y investir des ressources. Il s’agira de l’organiser également pour capter les capitaux nationaux et étrangers. Mais le plus important reste la transformation de nos universités en lieux de transformation du citoyen en acteur de développement, pour élever sa patrie et le servir jusqu’au dernier souffle.

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