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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’imbroglio ferroviaire


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La Cour Suprême a mis un terme à la confusion régnant au Bénin sur le véritable adjudicataire du marché de réhabilitation du chemin de fer Cotonou-Niamey. Définitivement, on sait que ce sera Petrolin. La décision comporte cependant des non-dits qui seront déterminants pour la suite.
A savoir que Bolloré a déjà construit au Niger 143 km de route, faisant partie des 574 km de voies de Parakou à Niamey. Le groupe français semble en de très bons termes avec les autorités de Niamey qui ont beaucoup apprécié la promptitude avec laquelle il a réalisé les travaux. Aujourd’hui, le problème est là : Mahammadou Issoufou n’a d’yeux que pour le partenaire français qui vient pourtant d’être débouté par la justice béninoise. Si Samuel Dossou tient à poursuivre son projet jusqu’à Niamey, il aura en face de lui, non pas seulement Bolloré, mais surtout les autorités nigériennes. Celles-ci soupçonnent Petrolin de ne pas avoir les moyens techniques et financiers nécessaires pour réaliser effectivement le projet. Ce que le groupe dirigé par Samuel Dossou Aworêt dément bien sûr. Il ne faut donc pas rêver : Petrolin ne risque pas un jour d’aller poser de rails au Niger.
Ce n’est pas encore un vrai problème, si le groupe peut déjà faire son travail au Bénin et réussir. Mais le vrai problème diplomatique est celui-ci : que dira Niamey ? L’accord de 1959 qui crée l’Organisation Commune Dahomey-Niger des chemins de fer dote les deux Etats d’un réel partenariat. Malgré les soubresauts de l’histoire, les deux Etats se sont toujours entendus autour des axes stratégiques de gestion de ce partenariat auquel chacun a ses intérêts légitimes. Et personne ne doute que Bolloré a déjà goupillé la partie nigérienne pour faire pression sur Patrice Talon. Selon toute probabilité, le Chef de l’Etat a laissé entendre dans un premier temps qu’il a été élu pour défendre l’intérêt des Béninois. Et pour faire amande honorable, il s’est appuyé sur une compagnie chinoise, pour montrer sa bonne foi.
C’est précisément à ce niveau que la partie devient plus diplomatique que commerciale. Accusé d’être trop distant vis-à-vis de ses pairs de la sous-région, Patrice Talon devra prouver sa capacité à s’entendre avec son homologue nigérien dans une partie où, il le sait lui-même, les dés ont été pipés avant son accession au pouvoir. Le périple diplomatique qu’il entame ce jour sera certainement mis à profit pour gommer les mésententes, surtout qu’il a été prévu une descente sur Niamey où les rails seront sans doute au menu des discussions.
C’est l’étape élyséenne de ce périple qui sera certainement la plus décisive. Vincent Bolloré dont les méthodes à la hache sont connues, n’est pas homme à se laisser faire. Il organisera probablement sa riposte en s’appuyant sur sa grande pratique des couloirs de l’Elysée. Ne nous leurrons pas, ce n’est pas un enfant de chœur. Il sait obtenir des compensations et jouera ferme pour que l’Etat béninois lui trouve quelque chose. A moins d’une fermeté exemplaire du Chef de l’Etat béninois, il faudra s’attendre d’ici quelques mois, à voir Bolloré revenir à Cotonou sous d’autres formes. Que se passera-t-il si la partie béninoise refusait tout compromis ?
Ce n’est pas pensable.
Ce dossier ouvre en tout cas une longue série de tractations qui sont de l’ordre du commercial, du diplomatique et du politique. Quand on sait que la complexification du dossier du rail est née de la volonté de Boni Yayi de dribler le contrat de l’Epine Dorsale conclu entre Pascal Irénée Koupaki, alors ministre en charge de la coordination de l’action gouvernementale, et Samuel Dossou-Aworêt, on ne peut que comprendre pourquoi Claudine Prudencio s’est dotée d’une arme politique, l’UDBN. Samuel Dossou s’est aussi doté d’armes médiatiques en s’offrant une chaîne de télé et de radio. Cette armada n’a pas empêché que le dossier traine depuis près de dix ans. Bien entendu, le Groupe Petrolin a tout fait pour montrer son expertise dans le secteur des rails, sans convaincre toutefois l’ancien président qui a tout fait pour mettre Bolloré dans le dossier, dans le but visible de faire pression sur Samuel Dossou-Aworêt.
Aujourd’hui, tout Béninois peut être satisfait de la tournure des événements, en souhaitant toutefois que le Groupe Petrolin soit à la hauteur des attentes placées en lui. C’est le seul défi qui s’impose désormais.

Par Olivier ALLOCHEME

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