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Le triomphe de la vérité

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Edito: La rébellion contre la liberté


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Nous sommes aujourd’hui le 29 septembre 2017. Il y a 59 ans, le 28 septembre 1958, la colonie du Dahomey, comme les autres colonies françaises d’Afrique de l’Ouest, avait eu droit à son référendum constitutionnel. Les Dahoméens devaient répondre à une question simple : voulez-vous être indépendants ? A une écrasante majorité, les Dahoméens avaient répondu non. En Côte-d’Ivoire, au Niger, en Haute-Volta (actuel Burkina-Faso), au Sénégal…, le oui l’avait emporté sans ambages. Poussées par les élites, les populations pensaient que l’indépendance était un grave danger pour leur survie. Seule la Guinée de Sékou Touré, refusa la main tendue de de Gaulle et opta pour l’indépendance immédiate. On connait les représailles que Sékou Touré et son pays ont dû endurer pour avoir osé lever la tête. Toute tentative d’indépendance, et de sortie d’un joug colonial, constitue un affront à la métropole, affront qui est sanctionné par des mesures vigoureuses. La liberté a un prix.
59 ans après, nous sommes aujourd’hui entourés par des mouvements d’indépendance que nous comprenons à peine. Le 25 septembre dernier, le Kurdistan irakien a organisé un référendum pour que la population de cette province autonome de l’Irak se prononce sur son indépendance. Le oui l’ayant emporté à plus de 92%, le gouvernement irakien a décidé d’un blocus aérien sur la région, blocus qui prend effet dès ce vendredi. Malgré les assurances de Massoud Barzani, le Premier ministre de la région, l’Irak est en passe de mettre en place une répression qui ne manquera pas de faire des morts et des morts. Si vous avez suivi les reportages qui viennent de là-bas, vous saurez que les Kurdes sont prêts à souffrir, à verser leur sang s’il le faut pour conquérir leur indépendance. Dimanche 1er Octobre encore, d’autres référendums d’indépendance sont prévus dans des contextes tumultueux, en Catalogne (Espagne) et au Sud-ouest du Cameroun. Ils seront certainement réprimés.
Ce qu’il y a de commun entre tous ces mouvements, c’est la détermination des peuples à affronter les pouvoirs les plus sanguinaires pour avoir le droit d’administrer leurs propres affaires. Malgré des pouvoirs forts et capables du pire, ils acceptent de les braver pour conquérir leur indépendance. Ce ne fut pas le cas en Afrique noire francophone, à de rares exceptions près. Jusqu’aujourd’hui, nos élites continuent à penser que la liberté est un danger pour les pays africains. Le syndrome de 1958 est loin d’avoir disparu. Il est plus vivant que jamais.
Pour vous en convaincre, prenez cette interview accordée à un journal gabonais par l’ancien premier ministre Lionel Zinsou. Il y affirme notamment : « La question primordiale qu’il faut toujours se poser autour d’une monnaie, est celle de savoir, si elle fait bien son travail. Car, pour une monnaie, il faut qu’elle assure bien les paiements ». Il parlait ainsi du CFA et surtout de la nécessité pour les Africains de continuer à y rester arrimés à l’euro pour leur bien. Celui qui parlait ainsi est censé être un économiste, africain de surcroit. Il sait que la monnaie dont il parle est la seule monnaie coloniale encore en vigueur sur terre aujourd’hui, et qu’elle est arrimée à l’une des monnaies les plus fortes du monde, l’euro. Et que par surcroit, cet arrimage est un véritable boulet pour nos industries qui ont besoin d’être compétitives, aussi bien sur le marché domestique qu’à l’extérieur. Il sait pertinemment que nos industries n’ont aucun avenir si elles ne sortent pas des quatre murs de nos frontières pour conquérir des marchés à l’étranger. Ce qui n’est pas possible avec une monnaie forte pour des pays dont certains figurent parmi les plus pauvres du monde. Et tous les économistes savent que tant que ce système continuera, il n’y a aucune chance pour nos industries d’émerger. Ce qui nous contraint à vivre de l’exportation des matières primaires dont on sait qu’elles sont précisément l’une des sources du sous-développement de l’Afrique. Vous ne trouverez sur terre aucun pays qui se soit développé en exportant ses matières premières. Le salut est dans l’industrie.
Avoir la capacité de mettre en œuvre sa politique monétaire constitue un droit inaliénable. Car la politique économique est fille de la politique monétaire, et un peuple qui n’est pas économiquement indépendant se leurre. La première indépendance est clairement l’indépendance économique.

Par Olivier ALLOCHEME

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