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Le triomphe de la vérité

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Edito: A la suite du Nigeria


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Des signes positifs montrent que le Nigeria sort progressivement de la grave crise où l’a plongé la baisse des prix du pétrole en 2015. Après cinq semestres consécutifs de baisse, le produit intérieur brut (PIB) du premier producteur de pétrole d’Afrique a augmenté de 1,3 % par rapport à l’année précédente. Les facteurs à la base de cette amélioration sont liés à la reprise de la production pétrolière, une forte augmentation de la production agricole ainsi qu’à un renforcement de la liquidité en devises étrangères. Mais cette reprise révélée par le Bureau national des statistiques (NBS) est encore fragile. Le pays avait connu une croissance négative de -1,5% en 2016, entrant en récession pour la première fois depuis 25 ans. Son PIB avait également reculé au premier trimestre 2017 (- 0,91 %, chiffre révisé) dans un contexte de baisse des revenus pétroliers et de pénurie de devises étrangères faisant fuir les investisseurs étrangers.
Mais ce qui est intéressant dans la situation nigériane, c’est la réaction de l’économie béninoise à la mauvaise passe. Et surtout sa capacité à s’adapter à la crise et à la surmonter. Structurellement reliée à son grand voisin, l’économie béninoise a ressenti le choc de cette récession. Et le signe le plus visible en est la situation sur nos marchés où la mévente liée à l’absence des Nigérians a été durement ressentie par les commerçants béninois. Que ce soit à Dantokpa ou sur les marchés frontaliers de Sakété, Ikpinlè, Idigny ou Kabo, etc. la morosité a déstructuré une bonne partie du petit commerce frontalier. L’absence des acheteurs nigérians qui écument les marchés en quête des produits vivriers, d’huile de palme ou d’autres produits de première nécessité, a fortement ébranlé les petits commerçants.
Il en est de même de la filière véhicules d’occasion qui a subi un choc durable. Elle sort sinistrée pour longtemps encore, malgré les efforts de l’Etat qui a procédé en juillet dernier à la baisse des tarifs douaniers qui enregistrent une baisse d’environ 25%. Ils passent de 400.000 à 305.000 FCFA. Cette mesure conjoncturelle n’a pas réellement tenu compte de la situation structurelle ayant obligé le Nigeria à interdire l’importation par voie terrestre des véhicules d’occasion. C’était en décembre 2016, et l’administration Buhari tenait à encourager la production de voitures locales. Ce qu’on n’avait pas assez dit à l’époque, c’est que cette mesure du gouvernement nigérian était la suite logique d’un rapport du Fonds Monétaire International qui a mis en relief la nécessité pour le pays de freiner ses importations pour faire face à la baisse de ses réserves de change. La banque centrale nigériane, face à la chute des prix du pétrole, s’était en effet retrouvée à court de devises étrangères nécessaires aux opérations d’importations. Les restrictions subséquentes d’importations furent alors imposées par le gouverneur de la banque centrale, obligée d’opérer des arbitrages dans le vif. Il ne s’agit pas, à proprement parler, d’une politique économique de long terme, mais d’une mesure conjoncturelle à laquelle le gouvernement a été contraint de trouver une solution structurelle en incitant à la production locale.
Et c’est pourquoi des pans entiers de l’économie nigériane sont désormais soumis à des réformes profondes visant à y encourager la production pour la création d’emploi et de richesse. La filière des véhicules d’occasion en direction du Nigeria n’est sans doute pas partie pour se relancer un jour, puisque le pays a décidé d’encourager l’industrie automobile locale et de fermer les frontières aux véhicules venant d’ailleurs.
Tout ceci constitue un défi pour l’économie béninoise, notamment dans les villages frontaliers et les grands marchés. Le petit commerce transfrontalier se réadapte à la crise, mais beaucoup d’acteurs ont dû se reconvertir dans d’autres activités. Les pouvoirs publics peuvent ici trouver une niche d’opportunités en misant sur les productions agricoles ou semi-industrielles qui, de tout temps, font le bonheur des négociants nigérians. Que ce soit le gari, le maïs, l’igname et ses dérivés ou l’huile de palme et ses dérivés, le marché nigérian constitue un débouché aux potentialités énormes pour nos producteurs.
S’il fallait résumer tout ceci, je dirais que la période de la réexportation facile a atteint son apogée. Le déclin commence dès maintenant et doit nous trouver dans une nouvelle politique de production agricole et industrielle orientée vers le Nigeria.

Olivier ALLOCHEME

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