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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’opposition selon les FCBE


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J’envie vraiment les derniers Mohicans des FCBE. Je les admire pour cette surdité tranquille aux hurlements de leurs consciences après les tragiques errements qui ont fait sombrer le régime Yayi et ont fait perdre le pouvoir aux FCBE en 2016.Non pas qu’ils n‘ont pas droit, comme tout le monde, à la liberté d’expression. Mais à voir l’aplomb surréaliste qu’ils affichent à dénoncer les travers dont ils ont eux-mêmes été les porte-flambeaux hier, il est indéniable qu’ils ont ce quelque chose de sulfureux qui fait les politiques abscons.
De quoi parlez-vous donc ? D’affairisme au sommet du pouvoir ? Parlons-en ! Pendant les deux mandats de Boni Yayi, peut-on dire qu’il n’y avait pas eu cette lèpre de la gouvernance publique ? Qui peut soutenir qu’une bonne partie des gros marchés publics n’était pas attribuée uniquement à ceux que le Chef avait adoubés au nom de ses propres intérêts ? Peu de Béninois ont oublié dans quelles conditions infectes étaient attribués par exemple les marchés de construction de routes et ponts, avec en prime le bâclage des travaux et leur reprise sans tambour ni trompettes.Tout porte à croire que l’ancien régime avait exalté la pratique des rétro-commissions qui fit du président-prédateur le cœur d’une mafia rondement orchestrée à son profit.Qui a oublié dans quelles conditions des exonérations fiscales et douanières fantaisistes avaient été accordées à la pelle à des entreprises proches des princes au pouvoir qui en ont profité pour étoffer leur butin de guerre ?
Et pourtant, en élisant Boni Yayi en 2006, les Béninois cherchaient désespérément un leader capable de mettre fin à ces prédations que Mathieu Kérékou entretenait à l’époque avec la clique au pouvoir. D’un cœur sincère, le peuple était prêt à changer, il avait pensé qu’un intellectuel tout droit venu de la BOAD était le messie capable de lancer la révolution des mentalités. Erreur ! On a eu le temps de constater une sophistication accélérée du pillage nourrie par la politisation de tout.
Gouvernance politique ? Ce sont peut-être les erreurs du régime Talon fraîchement installé qui font encore parler les FCBE. Sinon, la crédibilité du discours politique de cette alliance est totalement remise en cause par les pratiques réelles sous Yayi. Culte de la personnalité, utilisation de l’argent et du clientélisme pour discréditer l’opposition, dévoiement systématique des chefferies traditionnelles, recrutements clientélistes dans la fonction publique, introduction de l’argent dans les églises et les mosquées à des fins électoralistes,gouvernance sans boussole…Le dévoiement généralisé du politique a fait perdre aux élites béninoises toute leur crédibilité. De sorte qu’aujourd’hui, les populations sont convaincues que la politique est une affaire de ruse profitant aux seuls cadres dans le but d’amasser pour eux et leur famille les privilèges de l’Etat. Résultat, dans les quartiers et les villages, les gens demandent à être servis avant de participer aujourd’hui à l’action politique. L’utilisation de l’argent à des fins de mobilisation, notamment pour les marches, est l’un des pires avatars du yayisme. Désormais, plus personne ne pourra faire la politique au Bénin s’il n’est capable de distribuer ses millions ou s’il n’est solidement appuyé par des milliardaires. L’assemblée nationale est livrée à l’affairisme le plus dégénéré, parce que ceux qui y accèdent savent le prix qu’ils ont dû payer pour se faire élire. S’il y a un vrai mal que le Bénin a souffert durant le yayisme, c’est bien la disparition totale du sens politique au profit de l’affairisme, même dans les hameaux les plus reculés du pays. Par quel moyen allons-nous faire comprendre désormais à nos populations, particulièrement aux plus jeunes, qu’on ne fait pas la politique pour s’enrichir mais pour développer un pays ? Comment désormais pourrons-nous faire comprendre aux jeunes que faire la politique, c’est trouver des solutions concrètes à leur chômage, à la crise des hôpitaux, aux problèmes de l’éducation, à l’assainissement des quartiers, au positionnement stratégique du pays dans le concert des nations ? Comment ?
Je veux bien croire que le règne de Talon est marqué par tous les maux dont les FCBE l’accablent. Mais il y a une chose qui est claire : aucun président de la République ayant pris le pouvoir après Yayi ne peut gouverner sans utiliser les méthodes fascistes qui ont formaté pour longtemps le jeu politique au Bénin.

Par Olivier ALLOCHEME

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