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Le triomphe de la vérité

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Edito: La bataille de Cotonou


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La révocation de Léhady Soglo est peut-être brutale, mais elle marque un jalon important dans le contrôle par le pouvoir de la mairie de Cotonou. Contrairement à ce que beaucoup croient, même la clameur populaire n’arrêtera pas le rouleau compresseur engagé contre le maire.
En fait, Léhady Soglo s’est retrouvé dans l’œil du cyclone en raison des failles relevées dans sa gestion de la municipalité. Ces failles (réelles ou imaginaires) ont donné le déclic à la machine Toboula qui n’en voulait pas tant. Quand on parcourt les griefs du ministre de la décentralisation, on sait très bien que certains sont sans fondement, tandis que d’autres peuvent choquer notoirement l’opinion publique. Il en est ainsi du montant des primes. Même en faisant la comparaison avec d’autres municipalités, le commun des Cotonois ne peut qu’être choqué et révolté. Vous ne pouvez pas gagner des millions du contribuable par mois et demander à ceux qui gagnent moins de 100.000 F de se battre pour défendre vos primes. En exploitant cette ligne de faiblesse, le ministère de la décentralisation sait pertinemment qu’il frappe ainsi là où ça fait le plus mal. Il engage la bataille politique, en attendant de perdre la bataille judiciaire.
Car la précipitation avec laquelle le dossier a été engagé, laisse penser à un amateurisme déroutant. Sur la procédure du moins, nous allons tout droit vers une victoire de Léhady. Il plaidera le non-respect de son droit à la défense, notamment face aux questions du Conseil départemental de Concertation (CDC). La procédure mise en œuvre pour engager sa suspension et, plus tard, sa révocation, est un classique de tous les gouvernements. Pensant être protégés par la gravité de tel ou tel acte, les hommes au pouvoir se précipitent pour prendre des décisions hâtives qu’ils auraient gagné à prendre avec beaucoup plus de tempérance et de professionnalisme. Cette erreur de timing n’empêchera probablement pas le dossier de trainer en longueur, du fait des lourdeurs de l’appareil judiciaire.
C’est peut-être sur le long terme que le Préfet du Littoral pourrait l’emporter. Si l’on considère qu’un nouveau maire devra être élu à la tête de la municipalité dans les deux semaines qui viennent, il est évident que le gouvernement a toute latitude de composer avec les élus FCBE, PRD et UN afin de former une coalition qui rendra impossible un retour en grâce de Léhady. A moins d’un tremblement de terre ou même d’une efficacité de manœuvre que je ne lui connais pas, le maire ne pourra pas mobiliser suffisamment de monde autour de sa personne pour faire échec à l’élection d’un proche du régime. De surcroit, obligé de se cacher pour ne pas être appréhendé, il laisse le champ libre aux manœuvres du régime. Un nouveau maire sera élu et sa seule présence servira à démolir l’image des Soglo qui planent depuis une quinzaine d’années sur la ville. Dans l’hypothèse même que la justice finirait par donner raison à Léhady, il est fort à parier que le coup de force irait d’abord à son terme.
Et c’est là où le plus intéressant commence. Le ministère du cadre de vie prépare actuellement un vaste programme de reconstruction au profit de la ville. Les fuites qui nous en parviennent disent que les démarches sont très avancées et que cela pourrait changer le visage de la ville. Alors question : pensez-vous qu’en dépit de ces progrès fulgurants qui s’annoncent, les Cotonois vont haïr Talon ?
Evidemment que non. A moins d’une myopie aveuglante, l’on voit bien que le règne des Soglo est en train d’être conjugué au passé. Les forces politiques de la mouvance, dans une coalition agissante, ne pourront que prendre la mairie. Ce qui dessert Léhady, c’est l’absence d’une coalition forte autour de sa personne. Les élections de 2015 ont notoirement fragilisé le clan Soglo et l’opération en cours aujourd’hui viendrait comme pour parachever la démolition d’un règne qui s’est effiloché ces dix dernières années.
La bataille de Cotonou a ainsi de fortes chances de se conclure sur une reconfiguration politique de la mairie de Cotonou.

Par Olivier ALLOCHEME

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