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Les hommes sont maltraités, et personne n’en parle. Même pas les institutions étatiques en charge de la question de la défense des droits des hommes. Alors que la violence conjugale est un sujet aussi important que complexe, on ne s’en préoccupe guère.  Des femmes, comme des hommes, en ont été victimes et le sont d’ailleurs encore. A partir de ces luttes, les féministes ont dévoilé le phénomène de la violence conjugale, œuvrant ainsi, de façon positive, à l’évolution de la société. Mais, ils n’ont ouvert qu’un seul œil sur le phénomène de la violence, celle qui est faite aux femmes, fermant le second sur la violence faite aux hommes. La préoccupation, ici, est de contribuer à ouvrir les yeux sur cette seconde dimension de la question. C’est d’ailleurs ce  que Docteur Michel Mehinto s’est attelé à démontrer en rendant publics, le 28 juillet 2016, les résultats de ses travaux scientifiques sur la question à Cotonou/Bénin.

Pour le scientifique, « une femme auteure de violence conjugale, cela est inconcevable dans l’imaginaire populaire. Au pire, on n’y croit pas, au mieux, on le tourne en ridicule ». Pourtant, la femme peut se montrer aussi agressive qu’un homme et traumatiser autant sa victime (homme). Le phénomène parait banal et sort à la limite de l’ordinaire. Du coup, on en parle très peu. Pourtant, c’est bien une réalité dans les sociétés béninoises. Pour le Docteur en Psychopathologie et Psychologie Clinique, « les hommes sont bel et bien aussi victimes, de la part de leur partenaire intime, des violences aussi bien verbale, psychologique, physique, économique que sexuelle ». Mais, à la différence de ces dernières qui crient sur tous les toits, les hommes sont ce que le Chercheur appelle les « victimes silencieuses ». Selon Docteur Michel Mehinto, qui a consacré sa thèse de doctorat à ce phénomène, il est à noter que ces violences que les victimes ont du mal à dénoncer, ont sur elles des répercutions psychopathologiques, sociales et économiques ».

Au regard de la gravité du phénomène, la lutte contre les violences conjugales en générale et en particulier contre celles faites aux hommes doit reposer, selon l’auteur de la thèse, sur une connaissance partagée de ce phénomène et sur une évaluation des réponses qui y sont apportées. Il faut rendre davantage visible l’ampleur des violences, leurs mécanismes et le parcours des victimes pour dégager des pistes d’actions utiles à la construction d’une politique publique efficace. Objectiver les violences faites aux hommes est également une étape nécessaire pour faire enrayer le mutisme de la société à leur égard. C’est dans cette optique que Docteur Michel Mehinto recommande des recherches d’envergure nationale portant, d’une part, sur la prévalence du taux des violences faites aux hommes et d’autre part, sur comment recueillir leurs paroles et sur les orientations qu’il faut donner en matière de leurs besoins spécifiques.

 Emmanuel GBETO