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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le réveil des riches


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C’est seulement maintenant que les pays les plus riches du monde ont commencé à se rendre compte de ce qui pourtant relevait de l’évidence depuis des décennies. Tant qu’un plan investissement massif n’est pas mis en œuvre en faveur du continent, il sera difficile pour l’Afrique d’enrayer le cercle vicieux de la pauvreté. C’est ce qu’a compris, en tout cas, la chancelière allemande Angela Merkel qui, du 12 au 13 juin 2017,  a reçu quelques dirigeants africains à Berlin. L’objectif de l’Allemagne qui préside actuellement le G20, le groupe des 20 pays les plus riches du monde, est de profiter du prochain sommet du G20 pour attirer les investisseurs privés vers le continent.

C’est d’ailleurs pourquoi la chancelière allemande a convié la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, et le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim. En toile de fond, les pays les plus riches veulent réduire l’immigration vers l’Europe.Pour la chancelière allemande, les flux migratoires vers le nord de la Méditerranée ne pourront se réduire que si l’Afrique se développe. Et elle veut une mobilisation des pays riches et de leurs secteurs privés pour aider à un accroissement des affaires et à la création d’emplois, sur un continent où l’instabilité chronique et la corruption freinent souvent l’arrivée des investisseurs étrangers.

Déjà en mars, lors d’un sommet du G20 finances, les grands argentiers des principales économies du monde avaient convié leurs homologues de Côte d’Ivoire, du Maroc, du Rwanda et de Tunisie à se joindre à eux pour mettre sur pied ce partenariat baptisé « Compact with Africa ». L’idée reste toujours d’impulser une nouvelle dynamique en faveur de l’investissement des grands groupes étrangers sur le continent africain, à l’heure où les migrants se déversent par milliers sur l’Europe en provenance de l’Afrique.  Cette année, plus de 61.000 migrants ont été enregistrés en Italie, soit une hausse de 25% par rapport à 2016, tandis que selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au moins 1.646 sont morts ou disparus au large de la Libye, soit une baisse de 30% par rapport à l’année dernière à la même époque. A tout le moins, il s’agit d’une dynamique qui ne va pas s’éteindre, malgré les souffrances et malgré les morts. Les Africains sont convaincus que leur bonheur se trouve en Europe. C’est encore plus clair dans la tête des ressortissants des pays en guerre : ils fuient face à des situations sécuritaires intenables.

Mais la dirigeante allemande n’a pas de plan spécifique pour le continent. Du moins, son plan est de favoriser les investissements privés, en espérant que les emplois créés et les infrastructures mises en place, pourraient réduire le flot de ceux qui fuient. Cet objectif à moyen terme est encore plus crucial lorsqu’on pense qu’en 2050, la population africaine qui a doublé depuis 1985, doublera encore à cette échéance pour s’établir à  2,5 milliards de personnes. Selon le dernier rapport de l’ONG One, d’ici à cinquante ans, le continent africain comptera plus de jeunes que tous les pays du G20 réunis. Deux jeunes sur cinq au monde viendront alors de l’Afrique et l’on aura besoin de créer  22,5 millions d’emplois par an sur le continent.

Comme je l’ai soutenu ici même pendant longtemps, l’Occident ne s’est réveillé des désastres de la deuxième guerre mondiale qu’après l’aide massive apportée par le plan Marshall d’origine américaine. L’Afrique a besoin d’un plan de ce type, mais sous une forme plus élaborée. Lorsqu’on pense que, selon la Commission économique pour l’Afrique, environ 50 milliards de dollars se volatilisent illicitement de l’Afrique chaque année pour les banques occidentales et les paradis fiscaux et qu’au moins 1000 milliards de dollars ont été détournés dans les mêmes conditions sur le continent depuis les cinquante dernières années, on imagine immédiatement le défi de la bonne gouvernance qu’un tel plan comporterait.

Sortir du « piège de la pauvreté », comme disaient Jeffrey Sachs et Paul Collier en 2005, n’est pas qu’une question d’argent. Ces deux économistes de renommée mondiale soutenaient à l’époque qu’il fallait, à chaque Etat, atteindre un certain niveau d’investissement pour pouvoir enrayer la pauvreté. Ici, il faut mettre l’accent sur le rôle fondamental de l’éducation, y compris celui de la formation des adultes, afin de favoriser un changement des mentalités.

Si donc le G20 a quelque chose de fondamental à changer en Afrique, ce sera d’investir dans le changement des mentalités pour créer des citoyens africains de type nouveau capables d’impulser une nouvelle dynamique à nos pays.

Par Olivier ALLOCHEME

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