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Les chantres de la Rupture parcourent depuis quelques semaines des localités du pays pour aller vanter les mérites du Programme d’Action du Gouvernement (PAG). Option réfutée par Patrice Talon au début de son quinquennat, il n’a pas tardé à changer d’avis. Depuis le rejet du projet de révision de la constitution, cher à lui, Patrice Talon et son gouvernement, ont investi brutalement le terrain politique, avec au devant, un PAG, toujours en format document, virtuel, diffusant à n’en plus finir, de grandes ambitions pour le Bénin.
Les week-ends ne semblent plus suffire désormais aux préfets, ministres, députés et autres leaders du régime de la Rupture pour envahir le terrain. Rupture dans la rupture certainement. Puisque les engagements du début de quinquennat Talon n’entrevoyaient aucun acte populiste ou propagandiste tout le long du mandat présidentiel. Ceci pour rompre avec la pratique décriée au temps de Yayi. Mais tout a vite changé au bout de 13 mois de gestion du pouvoir. L’occupation du terrain politique est désormais le nouveau cheval de bataille de Talon et de ses thuriféraires, sans doute dépités par l’échec de la révision de la constitution, qui était au cœur du projet du milliardaire et candidat heureux à la présidentielle 2016. A l’occasion de ce rejet par l’Assemblée nationale, courant avril 2017, l’homme n’a pas tardé à donner le signal d’une gestion nouvelle des affaires du pays en déclarant tout de go que « rien ne se passera plus comme avant ». Effectivement, on le sent depuis quelques semaines dans le pays. Celui qui avait juré combattre, au début de son mandat, le culte de la personnalité, les meetings politiques onéreux, les descentes incessantes des membres du gouvernement dans leurs régions natales pour des besoins de propagande politique, n’en fait plus apparemment un drame aujourd’hui. Qu’il s’agisse, des ministres et éminents hommes politiques comme Abdoulaye Bio Tchané, Pascal Koupaki, Sacca Lafia, Hervé Hèhomey, Mathys Adidjatou, Rachidi Gbadamassi et autres, tous s’activent inlassablement déjà dans leurs fiefs électoraux respectifs, avec ou hors caméra pour aller annoncer la bonne nouvelle aux populations à travers le prodigieux PAG de Talon. Et préparer sans doute le terrain pour les combats futuristes. La mobilisation est souvent à la taille du déploiement des délégations qui y sont mandatées. A Porto-Novo, Allada, Parakou, Natitingou et autres grandes villes déjà parcourues par ces dernières, le spectacle rappelle de grands moments de meetings politiques, en sons et en lumière, déjà connus dans ce pays et qu’on croyait révolus. Les prochaines élections, législatives en 2019 et présidentielle en 2021, ne sont pas à négliger dans ce combat politique précipité déclenché par le régime Talon qui a fini par renoncer à sa promesse de ne faire qu’un mandat unique. « Pourquoi ce qui n’est plus valable pour les autres, le sera pour moi ?» avait-t-il argué, à l’occasion du rejet de son projet de révision de la constitution, annonçant, à la surprise générale qu’il avisera en 2021, quant à l’éventualité de sa candidature à la présidentielle attendue en cette année.
Du reste, Patrice Talon, comme on l’observe depuis peu, bat déjà en plein dans une campagne politique précoce, même si son PAG reste sans grandes réalisations depuis plus de 9 mois qu’il a été lancé à grande pompe au palais de la Présidence. Les études de faisabilité seraient toujours en cours ou presque achevées, selon plusieurs ministres du gouvernement. Les grandes infrastructures routières, les importants chantiers de reconstruction de sites touristiques et de gigantesques complexes commerciaux, hôteliers et autres sont vainement attendus depuis ce spectacle euphorique et garni de décembre 2016 à la naissance du PAG. Dans un climat social critique et face à la visible déception d’une grande majorité des Béninois vis-à-vis de sa gestion, pour n’avoir pas jusque-là contribué à améliorer leur train de vie, le chef de l’Etat ne se fatigue pas pourtant de leur miroiter un programme qui se révèle désespérant au fil des jours.
Christian TCHANOU
