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Le triomphe de la vérité

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Edito: Agitation stérile


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Les condamnations sont allées dans tous les sens. Les quinze députés FCBE auraient commis le crime du siècle en s’alliant au régime de celui qu’ils ont combattu avec fureur, il y a à peine un an. Pour Benoît Dègla sauvé de justesse par Boni Yayi d’un accident mortel, ce fut encore pire. J’ai lu sur des foras, des prières pour que malheur lui arrive. Alors, voyons les choses avec moins de passion.
D’un régime à un autre, ce que nous appelons ici transhumance n’a jamais varié. Les acteurs politiques changent facilement de veste, tant qu’ils le veulent. Dans certains cas, même s’ils veulent faire plus mal encore, ils restent dans le parti et servent de taupe pour la formation politique au pouvoir et, pire, infectent les états-majors les plus élevés et finissent par partir après avoir semé le maximum de dégâts. J’ai connu sous Kérékou un acteur politique, aujourd’hui encore sur la scène, qui  disait être de l’opposition et qui, pour cela, organisait des marches et autres démonstrations publiques, en regroupant autour de lui les têtes de pont de l’opposition.  Puis un beau jour, sans crier gare, il vira tout d’un coup dans la mouvance pour laquelle il jouait en réalité la taupe et même le racoleur déguisé.
Mais ici, les quinze députés ont joué dans la plus grande transparence et sans langue de bois. Si les cadres de ce pays pensent aux prochaines nominations, les acteurs politiques, quant à eux, ont les yeux rivés sur les prochaines élections. Il se fait précisément que 2019 n’est plus loin et qu’ils savent tous comment se gagnent tous les scrutins au Bénin depuis plus de vingt ans. Il faut de l’argent, beaucoup d’argent. Pour organiser le moindre meeting politique digne du nom, il faut mobiliser au minimum, 3 millions de FCFA. Il s’agit de louer les locaux, payer les « militants » et la presse. Mais le plus important, c’est d’assurer le quotidien de l’assistance sociale avec une nuée de « militants » qui accourent sous vos fenêtres, qui pour demander de l’aide pour l’enfant qui est malade, qui pour payer la scolarité, qui encore pour ouvrir un commerce ou simplement pour manger. Et il n’y a pas de week-end que vous puissiez passer sans assister à un mariage, à mille obsèques, ou à des messes d’actions de grâces ou des «Zindo». S’il ne participe pas à ces actions sociales qui lui offrent un contact réel avec sa base, le député est perçu comme une personne asociale, ingrate, pingre et égoïste. Il mange seul, disent alors nos populations qui ne veulent pas savoir si vous avez réellement les moyens de cette générosité obligatoire. Ne le faites donc pas et vous verrez que vos adversaires le feront avec zèle. Et si vous avez le malheur d’avoir le pouvoir contre vous, chacun de vos passages dans telle maison, tel village ou tel quartier, sera suivi d’une offensive de vos adversaires pour donner le double ou le triple de ce que vous venez de verser avec peine.
Qui n’a pas compris que la politique béninoise s’opère au rythme de l’argent,  n’a encore rien compris.  Mais alors, où donc Benoît Dègla et ses quatorze autres collègues vont-ils trouver tant de ressources, s’ils restent dans l’opposition ? Pour les déstabiliser, le pouvoir Talon n’aura même aucun effort à faire. Il lui suffirait de soutenir un de leurs adversaires locaux en y mettant les moyens qu’il faut. Ce n’est pas maintenant que nous apprendrons ces réalités banales à ces vieux routiers de la politique béninoise. Ils le savent mieux que  vous et moi. Ce n’est clairement pas une question d’éthique mais de mort ou de vie politique.
Il est vrai que la maison FCBE, mise en place et alimentée aux frais de Boni Yayi, tente de se donner aujourd’hui une virginité politique, après sa débâcle électorale de 2016. Mais l’on oublie trop vite que Boni Yayi en personne veut entrer à l’Assemblée nationale, en faisant comme un Nicéphore Soglo qui a tôt fait de prendre la mairie de Cotonou. Et on oublie aussi que, parce qu’il est le principal financier des FCBE, l’ancien Chef de l’Etat y fait la pluie et le beau temps, imposant ses mille et un caprices. Comment supporter tout cela et cracher sur l’offre de la mouvance assortie d’une mise en veilleuse d’éventuels procès ? Réalisme, réalisme, réalisme.

Par Olivier ALLOCHEME

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