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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec Valère Houandinou, entraîneur de football: « Il y a encore de la valeur au Bénin….»


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Valère Houandinou epValère Houandinou, originaire de la région Agonlin, dans le département du zou, est un entraîneur de football. Ancien joueur de l’Alliance de Cotonou, d’ACB au Nigeria et des Requins de l’Atlantique, il est le seul béninois à avoir eu une carrière d’entraineur aboutie. En effet, à la fin de sa carrière de joueur, il est devenu entraineur de football. Ce qui lui a permis de diriger les staffs techniques des clubs dont Requins de l’Atlantique, d’Asaco Fc puis d’Asco de Kara (Togo) avant de rentrer dans les staffs techniques des Equipes Nationales. A ce niveau, il a pu avec la complicité de Stephen Keshy (entraineur principal) offrir aux Eperviers du Togo la qualification à la coupe des nations et à la coupe du monde en 2006. Toujours en compagnie de Keshy, il a qualifié les Aigles du Mali pour coupe des nations 2010, puis qualifié les Super Eagles du Nigeria pour la coupe du monde 2014. Mais avant il a gagné la coupe des nations avec le Nigeria en 2013.  Lisez plutôt

L’Evénement Précis : Alors coach, vous êtes ici l’Uac où se déroule un tournoi des centres de formations. La question qu’on se pose c’est de savoir les raisons qui motivent votre présence ici?

Valère Houandinou : Rien de spécial. J’ai des amis qui sont dans le football que je côtoie par moment quand je rentre au pays. Ce sont eux qui m’ont dit qu’il y a un tournoi des jeunes qui s’organise ici. Comme je suis là et que c’est aussi mon métier, j’ai décidé de venir regarder. J’ai quitté Akpakpa où je loge depuis peu.

Et quelles sont vos sensations après les matches que vous avez suivis?
Sans vous mentir, ce déplacement que j’ai effectué cet après-midi m’a fait beaucoup de bien. Parce que je ne m’attendais pas à ce que j’ai vu. J’ai vu de très bonnes choses. Des jeunes qui montrent de l’envie, une bonne maîtrise du jeu, de l’engagement…contrairement à ce que j’entendais de certains qui disent qu’on n’a pas de joueurs, que nos jeunes ne savent pas jouer et autres. Cela me donne confiance de dire que chez moi il y a encore de valeur. Et que nous pouvons encore faire des choses.

Selon ce que nous avons appris vous êtes l’entraîneur qui a révélé par le passé certains joueurs béninois dont Damien Chrysostome. Alors dites nous comment arrive-t-on à jouer ce rôle ?
(Rire…) C’est rien de sorcier. Si c’est ton métier tu dois savoir comment t’y prendre. Toi tu es ici aujourd’hui en tant que journaliste. Tu es le seul que je vois. Tu m’as vu et tu as profité. Il y a sûrement des choses que tu gagnes qui vont t’aider à te différencier de tes confrères. C’est comme ça aussi chez nous. Tu te déplaces sur le terrain là où personne ne peu s’imaginer. Et tu mets en jeu ton instinct et ton flaire. Quand tu vois un joueur d’avenir tu dois le savoir tout de suite. Et tu le prends, le met au travail. Si s’adonne aussi au travail, ben il grandit et devient le joueur que tu as vu en lui. C’est ce que j’ai fait tout le temps.

On entend plus le nom de Valère Houandinou ni à la tête d’une équipe, ni dans l’encadrement technique d’une équipe. Est ce que cela veut dire que vous ne voulez plus entrainer une équipe?
Non. C’est vrai que je ne suis actuellement sous aucun contrat. C’est d’ailleurs ce pourquoi je suis rentré chez moi. Mais cela ne veut pas dire que je ne veux plus prendre d’équipe. C’est mon métier. Je le ferai jusqu’à la fin de mes jours. Si je ne suis pas en fonction, c’est parce que je n’ai pas eu des offres intéressantes. Donc si je trouve un bon contrat, je me mets tout de suite au travail. Mais pas nécessairement au pays hein. N’importe où, je suis preneur.

Vous êtes l’un des rares entraineurs béninois qui ont côtoyé le haut niveau dans le football. Dites nous ce que vous pensez concrètement du football béninois ?
Soupire… Franchement ça fait mal ce qu’est devenu notre football. Ça fait mal compte tenu de tout ce qui se passe. Moi je suis entraîneur de football. J’ai gagné de l’argent par ce travail. Quand je suis rentré, j’ai essayé de mettre une équipe de football sur pieds. Il s’agit de la Jeunesse sportive d’Agonlin (Jsa). Une équipe qui prenait part au dernier championnat qui a été arrêté. Et jusque là, il n’y a pas championnat. Ce qui ne fait pas du tout de bien au pays. Et j’aimerais vivement que cette situation change.

Que pensez vous qu’il faut faire pour changer les choses ?
On n’a qu’à prendre l’exemple des autres pays. Vous savez, il n’y a pas ce pays au monde où il n’y a pas de problèmes. Mais les autres arrivent toujours à sauvegarder le jeu. C’est ce qui nous manque ici. On n’a qu’à aller à cette école. Aussi, le gouvernement doit jouer un rôle très important. Ailleurs, c’est le gouvernement qui prend ses responsabilités. Il faut que le notre aussi fasse ainsi. Car, si ça va vraiment changer, le gouvernement à un rôle capital à jouer.

Vous aviez formé un duo très intéressant avec feu Stephen Keshy. Beaucoup aimerait savoir comment est née cette complicité entre vous? Racontez nous un peu…
(Sourire)…ma relation avec Keshy? Oui, j’ai aussi appris que des gens s’en étaient étonnés. Mais c’est tout simple. Lui et moi avions joué ensemble au Nigeria. J’ai été son capitaine au Acb Fc (Africa continental Bank). Lui était au collège en se moment là. Et depuis là on a gardé les relations. Même quand il était parti jouer en professionnel hors du Nigeria. Moi je suis devenu entraineur. On était toujours au contact. Quand il est revenu au pays et est devenu entraîneur comme moi. On s’est retrouvé au Togo en 2004 où j’entrainais déjà le club Asco de Kara. Quand il est arrivé, il m’a sollicité pour travailler avec lui.

Pourquoi c’est vous qu’il a choisi?
Peut-être parce qu’il me connaissait bien et avait confiance en moi. Il connaissait mes qualités et savait de quoi je suis capable. Donc j’ai accepté parce que moi aussi je savais qu’il a la capacité de faire de bonne chose. C’est comme ça on a commencé notre carrière d’entraineur ensemble. Et les résultats ont suivi… Oui. Et je remercie Dieu pour cela. Car, on a eu la complicité qu’il faut. Comme j’ai l’habitude de le dire, le métier d’entraîneur, c’est un métier où on doit se compléter. C’est comme ça on a évolué. Toi, tu vois quelque chose, tu le dis à l’autre. Et vis versa. Et c’est comme ça nous avons commencé à avoir des résultats. On a qualifié contre toute attente le Togo pour la coupe des nations et la coupe du monde en 2006. Après cela, on est allé au Mali et on a qualifié aussi le Mali pour la coupe des Nations 2010. Mais, les résultats à la phase finale ne venaient pas. Donc quand notre contrat est arrivé à sa fin, on est parti. C’est alors que le Nigeria nous a fait appel. Et comme le Nigeria c’est notre pays, on a accepté. Et par la grâce de Dieu, on a gagné la CAN en 2013. Puis on a qualifié l’équipe pour la coupe du monde 2014. C’était magique tout ça.

Quelles sont vos ambitions pour le Bénin ?
Moi je veux jusque les gens essayent de voir ce qu’il faut faire pour que notre football décolle. Je veux que les clubs dont le mien puissent commencer à jouer un championnat digne du nom. Je voudrais également voir dans mon pays chaque équipe du championnat disposé d’une équipe junior. Parce que c’est ce qui se passait en notre temps. Moi j’avais commencé par jouer Alliance Junior. Et on jouait contre les juniors des autres équipes. On jouait à 15h avant que les équipes premières ne jouent. C’est lors de ces matches des juniors qu’on a découvert les Expédit Dossougbete, Sacramento, pour ne citer que ceux là. Je pense qu’on peut faire la même chose, vu qu’aujourd’hui, on a plus de moyens qu’avant.

Le gouvernement ambitionne mettre dans chaque département une académie sportive. Qu’en pensez-vous ?
C’est une très bonne idée. Mais une fois mise en place, il faut que les gens acceptent travailler. Il ne servira à rien si on met la structure en place sans vraiment travailler. Notre problème aujourd’hui, c’est que les gens ne veulent pas travailler. Ils pensent d’abord à ce qu’ils vont gagner qu’au résultat qu’ils doivent produire. Moi j’ai souffert dans le métier. Le président de l’Asco de Kara est un ami. Mais cela ne m’a pas empêché de travailler pour mériter sa confiance. J’avais de bons résultats. C’est cela d’ailleurs qui a fait que quand Keshy m’a sollicité pour l’équipe nationale personne n’a parlé au Togo. Alors je voudrais demander à mes collègues quelque soit leur niveau, si on met quelqu’un quelque part, il n’a qu’à travailler. Comme ça tout le monde verra qu’il a travaillé. Ceci que je dis ne concerne pas que les entraîneurs. Ça concerne aussi les dirigeants, les joueurs tout le monde. Il faut qu’on soit aussi honnête et sincère.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans le monde du football ?
C’est le fait que mon pays n’ait encore gagné le moindre match à la phase finale de la coupe d’Afrique des nations après trois participations.

Que diriez-vous en conclusion de cet entretien ?
Je demanderai à tout le monde de prier pour que la crise qui est en cours cesse. Il faut que les uns et les autres comprennent qu’il s’agit de l’intérêt du pays et non des intérêts personnels. Il faut vraiment qu’on démarre le championnat. Le gouvernement n’a qu’à faire le nécessaire. Merci.

Entretien réalisé par: Anselme HOUENOUKPO

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2 thoughts on “Entretien avec Valère Houandinou, entraîneur de football: « Il y a encore de la valeur au Bénin….»

  1. Bilal Moutaïrou

    C’est très touchant, tout ce qu’il a dit. Il y a de jeunes talents qui ne demandent qu’une opportunité. J’espère que le football au Bénin va décoller.

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