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Suite à la démission du ministre délégué en charge de la défense nationale Candide Azannaï, plusieurs personnalités sont intervenues pour donner leurs impressions. Pour certains, c’est un acte de courage qui mérite admiration et pour d’autre, cette démission, non seulement fragilise le gouvernement mais aussi est la preuve de ce que le gouvernement en place n’est plus en phase avec son peuple.

Ils ont dit

Frédéric Joël AIVO, Agrégé de droit constitutionnel

« Mes amitiés et ma fidèle considération à Candide »

« Si un homme n’est pas prêt à affronter un risque quelconque pour ses opinions, ou bien ses opinions ne valent rien ou bien c’est lui qui ne vaut rien” écrivait le poète américain Ezra Pound. Candide Azannaï en donne la preuve en préférant courageusement le parti de son pays à celui de ses “amis”. Libre comme le vent, insaisissable, Candide Azannaï force l’admiration pour sa capacité à assumer ses convictions et à les défendre dans des conditions parfois extrêmes. Alors que l’opinion s’interroge sur les raisons de cette démission et évalue les déflagrations possibles de l’acte de cet homme du sérail, il semble juste de dire que Candide Azannaï mérite notre égard et le respect de tous ceux qui combattent pour que le Bénin ne soit pas à genou ».

Professeur Fulgence Afouda, Secrétaire général du syndicat autonome de la recherche et de l’enseignement supérieur

« Il désapprouve publiquement la politique de gouvernance de Talon »

« Il est important de voir d’abord les raisons qui l’ont amené à démissionner. Si l’on considère qu’il démissionne parce qu’il est opposé à la politique actuelle du président qui l’a nommé, alors c’est tant mieux. Je le dis parce que ce gouvernement a perdu toute sa crédibilité en moins d’un an. Donc, en restant au sein de ce pouvoir, c’est assumer avec le chef de l’Etat ses erreurs. Donc, je dis tant mieux parce que ça lui permet de dire ‘’je ne suis pas d’accord’’ et de se mettre à l’écart. C’est dire qu’il désapprouve publiquement la politique du gouvernement en place. Il donne en quelque sorte raison à ceux qui s’organisent pour contrer ce gouvernement ‘’affameur’’, ce gouvernement liberticide. Naturellement, cette démission va fragiliser le gouvernement et c’est ce qu’on souhaite. Je voudrais même inviter ceux qui sont dans ce gouvernement et qui n’approuvent plus la façon dont les choses se passent à faire comme Candide et comme ça, de plus en plus fragilisé, le gouvernement finira par démissionner lui-même.

Michel HODONOU, Enseignant à la retraite, membre de la direction du PCB

« Azannaï a cédé à la pression du peuple »

La démission du ministre de la défense nous est tombée dessus comme tout le monde et nous pensons que c’est une crise gouvernementale et une aggravation de la crise politique nationale. Une crise politique qui fait divorce entre le peuple et son gouvernement. Donc, le gouvernement est en divorce avec le peuple. Cela traduit parfaitement ce que nous disons si on voit aujourd’hui le contexte dans lequel intervient cette démission. Et là, on comprend que c’est au moment où le peuple s’insurge contre le projet de révision de la constitution autocratique. Pour le moment, on ne connait pas les raisons profondes qui sous-tendent cette démission. Donc, loin d’être un sauveur du peuple, moi je dirai que Mr Azanaï a cédé à la pression du peuple à travers tout ce qui se dit sur lui sur les réseaux sociaux et qui lui rappellent son passé, d’où il est venu. Je dirai qu’il suit sa conviction d’homme politique qui, faut-il le rappeler, n’est peut-être plus en phase avec la gouvernance actuelle.

Anselme AMOUSSOU, Secrétaire général de la CSA Bénin

« C’est de bonne guerre et c’est très intelligemment fait »

« La démission de Candide Azannaï révèle incontestablement un malaise au sein du gouvernement de notre pays, où tout au moins au sein de celui que nous pouvons appeler la “garde rapprochée” du Chef de l’État. L’annonce de cette démission me parait assez politique, car le ministre démissionnaire a été trop discret sur les raisons de son départ. En laissant les conjectures prospérer, on voit en sourdine les calculs politiques pour tirer le maximum de profit du timing. C’est de bonne guerre et c’est très intelligemment fait. Cela n’étonne guère de Candide qui est un des hommes politiques les plus opportunistes du pays.

Attendons d’avoir les raisons officielles du départ pour mieux apprécier. Mais déjà on peut dire que le coup est réussi et que le gouvernement va sans doute accuser le coup. Reste aussi à voir comment Patrice Talon va se sortir de cette ” réalité ” de l’exercice du pouvoir. Le plus facile au Benin n’est pas de gagner les élections…. »

Thierry DOVONOU, Secrétaire général du SyNaPPeC-Bénin

« Cette démission est une très bonne nouvelle pour la jeunesse béninoise »

« La démission de Candide Azannaï est une bonne nouvelle pour l’école béninoise et  pour la jeunesse béninoise également. Si tu ne fais pas comme tout le monde, si tu dis trop la vérité, tu es traité de fou. Tu risques comme moi, le conseil de discipline pour “manque de respect et diffamation”. Nous avons l’habitude de dire que l’école béninoise n’éduque plus. Nous avons l’habitude de dire que nos enfants n’ont plus de valeurs…..Les modèles que nous avons sont ces députés qui sont prêts à vendre leur service… et qui se mettent véritablement en vente. Les modèles que nous avions, sont ces cadres qui courent derrière les perdiems sans se demander le service s’ils rendent à la nation et s’ils pensent aux autres béninois. Les modèles que nous avons sont ces jeunes qui trichent au primaire, au secondaire et à l’Université avec l’aide de certains professeurs et même des parents et à la sortie de l’Université trichent pour entrer dans la fonction publique avec la complicité des politiciens. Même dans le monde de l’éducation, les modèles sont rares. Azannaï est un rare exemple de courage, d’oubli de soi et d’amour pour son pays. C’est un modèle rare. En 2021, quand il sera Président, je demanderai à être son Ministre de l’éducation Nationale ou si c’est moi qui suis élu, il sera mon Ministre d’État chargé de l’éducation Nationale et de la Jeunesse et des Sports. Au regard de ce tableau, je me demande qui est plus courageux que ce Candide au Bénin? Je voudrais dire à notre Président, Son Excellence Monsieur Patrice Talon, de réfléchir, de considérer la démission de son Ministre et ami comme une aide à la bonne gouvernance et une suggestion pour qu’il retire son projet. Ceux qui avaient attendu 7 ans avant de démissionner n’avaient pas aidé leur pays.».

Maitre Sadikou ALAO, Avocat

« Candide Azannaï n’a pas trahi Patrice Talon »

« Il fallait s’y attendre surtout que c’est sur son insistance que le Président Talon avait publiquement renoncé aux conflits d’intérêts. Toutes choses qu’il viole allègrement. Je vous dirais que le moment est très mauvais pour ce gouvernement de voir cette démission. Le Président doit renoncer à beaucoup de choses pour ramener la sérénité au sein du gouvernement et de la classe politique. Contrairement, à ceux qui pensent que Azannaï a trahi Talon, je dis non. Talon n’a pas agi en 12 mois avec tact et subtilité d’un homme politique moderne en démocratie et toute personne consciente ne peut que s’en éloigner s’il refuse de corriger la trajectoire. »