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Le triomphe de la vérité

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L’ancien ministre Théophile Yarou, sur le projet de révision de la constitution: « On doit tenir compte des propositions des commissions Ahanhanzo-Glèlè, Gnonlonfoun et Djogbénou»


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Théophile YarouLeader FCBE rompu, l’ancien ministre d’Etat chargé de la défense nationale,Théophile Yarou, se prononce sur l’actualité, notamment la question qui fâche le peuple béninois et certains praticiens de droit. Il s’agit du projet de révision de la constitution nationale. Sur le sujet, il a salué la qualité des développements faits par les universitaires dans les médias pour éclairer la lanterne du peuple. C’est à cette école qu’il appelle les députés pour dire, « Non » à l’actuel projet introduit à l’assemblée nationale. Il estime que le Président de la République doit écouter le message du peuple et savoir s’arrêter pour améliorer le texte. Parlant de la position de sa famille politique, les FCBE, il rassure de ce que, la décision est en cours et sera prise dans la journée de ce mercredi.

L’EVENEMENT PRECIS : Votre avis sur le débat au sujet du projet de révision de la constitution

Théophile YAROU : Je pense que la situation politique actuelle, notamment le débat sur le projet de révision de lois constitutionnelles nous a permis de nous rendre compte,  combien les béninois sont divisés sur la question. Je voudrais ici rendre hommages à un certain nombre de cadres compétents, contrairement à ce que certains pensent. Ils sont des gens recherchés au plan international malgré leur calendrier chargé en termes d’expertise dans la sous-région et au pays. Je donne l’exemple du Professeur Agrégé Joël Aïvo,  de surcroit rapporteur général de la commission Djogbénou. Vous vous imaginez, un rapporteur général de commission qui prend une position diamétralement opposée au projet dont il aurait contribué à la rédaction ? Mais la question est de savoir s’il a été associé à la fin. C’est la question à se poser puisque c’est quelqu’un qui sait de quoi il parle. C’est un spécialiste de droit constitutionnel. Et donc  que quelqu’un comme celui-là qui a été rapporteur de cette commission prenne des positions contraires à celles du gouvernement, c’est à saluer. Dans son intervention ce dimanche, il a tout dit. Le reste n’est que de la supputation. C’est ce qu’il a dit que le gouvernement devrait faire. Quand vous prenez aussi l’agrégée de droit, Madame Dandi Gnamou, elle a démontré par A plus B que nous avons un projet trop bavard, confus avec des incohérences. De même que le magistrat, Michel Adjaka qui était membre de la commission. Je ne veux pas oublier Serge-Prince Agbodjan qui faisait partie des experts chargés d’accompagner les membres de la commission. C’est lui qui éclairait les différents ateliers et qui au départ, soutenait la position du gouvernement. Mais aujourd’hui, disons que leur compétence, côté technique, a pris le déçu sur leur couleur  politique. C’est à saluer. Moi, je suis dès lors très fier d’être Béninois. Si le Béninois peut se comporter  comme Prince Agbodjan qui, lorsqu’il constate que l’orientation commence à prendre une allure politicienne au lieu d’être objective, il faut réagir,  on serait à un bon niveau de notre démocratie. Il a compris qu’il est technicien de la chose et la sauvegarde. C’est à son actif et à son honneur. Donc quand je prends  ces différentes positions à laquelle j’ajoute celle de Maitre Robert Dossou, ancien Président de la Cour Constitutionnelle, du Professeur Maurice Ahanhanzo-Glèlè, le Président de la République devrait savoir que le pays est divisé sur ce projet et le retirer. Ce qu’il faut regretter, il y a le Professeur Djogbénou  qui veut en faire un défi personnel. Non, il n’est pas question. C’est vrai qu’il y a des avantages professionnels liés à la réussite d’un tel projet pour lui personnellement, mais  son projet a été mal concocté, avec un esprit un peu orienté vers les règlements de comptes, avec la suppression des libertés. Et donc par conséquent, c’est un projet qui ne doit pas aboutir normalement. Il ne reste qu’à nous retourner vers les députés.

Mais avec le niveau du débat, on a comme l’impression qu’il manque de compétences à l’Assemblée nationale
Non. Il y a bien de compétences au Parlement. On peut plutôt s’inquiéter que la plupart des  députés ne soient pas des spécialistes en la matière. Donc par  conséquent, il faudrait qu’ils soient éclairéspar des hommes de droit qui savent de quoi ils parlent et ayant fait leur preuve par le passé. Voilà ce que je peux dire au sujet de ce débat sur le projet de révision de la constitution.

Approuvez-vous le projet ?
Quand vous prenez le projet en lui-même, il y a des points qui fâchent et le peuple et surtout les membres de la commission. Vous prenez 45 jours pour un travail dont les résultats ne puissent pas être pris en compte dans le projet final. Où même parfois l’idée initiale défendue par le gouvernement et par la suite au sein de la commission a été  jetée ou nuancée, et revient sans aucun aménagement, sans aucune ouverture vers la prise en  compte des amendements apportés. C’est une insulte  à l’intelligence de tous ceux ayant contribué à l’élaboration du document. C’est très gênant. Je pense que le chef de l’Etat gagnerait à consulter un certain nombre de personnalités notamment des spécialistes de Droit constitutionnel pour qu’ils lui disent la vérité. On ne peut pas vivre ce qu’on subit depuis  01 an et accepter un mandat unique. La brutalité avec la quelle certaines mesures ont été appliquées et exécutées. Au regard de ça, pensez-vous que le peuple peut cautionner un projet qui supprime toute sa liberté ? Je ne crois pas. Ce n’est pas possible. De l’autre côté quand on voit le nombre de chômeurs et qu’on nous dise,aujourd’hui que l’urgent est la révision de la constitution, je suis navré.

Sur la question, la présidente Rosine Soglo s’est prononcée
Exactement. La présidente Rosine Sogloa été la première comme à son  habitude, à lever le ton en appelant le Président de la République  à écouter son peuple. Le peuple aujourd’hui a comme priorité, les trois repas par jours, et non le mandat unique. C’est la liberté d’aller et de revenir, d’expression, sans craindre les représailles, son besoin. Quand on prend l’article 35 par exemple qui interdit les marches de soutien et autres. Je suis d’accord. C’est bon. Mais est- ce que les marches de contestation aussi sont interdites. Je le dis parce qu’ils sont venus au pouvoir par des marches.Si vous pouvez marcher contre quelqu’un, pourquoi est-ce que vous interdisez à d’autres  de marcher pour l’autre. Il y a quelque chose qui ne marche pas. Et quand on dit  que des professeurs de droit mettent des articles de ce genre dans une constitution, cela nous interpelle. Dans ce projet, on est même allé jusqu’à dire que le présent projet de révision de constitution, n’entrainent pas une nouvelle République. C’est une disposition à ne pas mettre dans une constitution. Je pense que les spécialistes ont abondement  opiné sur cela. Je demande à nos députés d’être à l’écoute du peuple qui veut un mieux-être. La pauvreté s’est accrue depuis le 06 avril 2016. Depuis ce jour, les Béninois ne travaillent plus, alors que Koupaki nous disait au soir du 20 mars 2016, qu’il fallait mettre les Béninois au travail. Est-ce que le peuple est après un an, au travail ? Non. Allez dans les ministères, vous verrez. Jusqu’au 15 mars, le budget 2017 n’est même pas encore engagé. C’est comme cela le Béninois sera au travail ? Pour conclure, je dirai que les propositions faites par les professeurs Joël Aïvo et Dandi Gnamou sont pertinentes. Elles permettent d’obtenir un consensus, qui n’est pas acquis. La constitution elle-même veut qu’une révision soit consensuelle.

Actuellement,  la position des FCBE se résume à quoi ?
Les FCBE diront leur position d’ici ce soir. Pour l’instant, je donne ma position et également la position des FCBE au sein de la commission. Quand nous étions au niveau de la commission, nous avions demandé que la commission soit transformée en  assemblée constituante. Mais on n’a pas été écouté. Il y a même le parti communiste qui a demandé les états généraux. Le gouvernement doit savoir qu’une constitution est l’âme d’un pays, le contrat social de toutes les nationalités du pays. Cela ne peut pas être révisé par un groupuscule et imposé à tout le peuple. Je pense qu’aujourd’hui au sein des FCBE, c’est la position dominante. Je souhaite qu’à l’issue des échanges avec nos députés, que cette position l’emporte sur autre chose. Si c’était notre position qui emportait sur la majorité, on dirait à nos députés de dire tout simplement au gouvernement de reprendre le travail et de prendre en compte les propositions des commissions, Ahanhanzo-Glèlè, Gnonlonfoun et Djogbénou. Ces trois commissions ont fait de bonnes propositions et ne se sont pas donné cette liberté de supprimer des droits à une catégorie de citoyens béninois. D’ici ce soir, on s’aura.

Ne craignez-vous pas un achat de conscience au niveau des FCBE ?
Non. Je ne crains pas cela. C’est vrai que l’assemblée nationale est le haut lieu de la politique et malheureusement, le haut lieu de toute forme de compromissions. Je pense que nos députés sont vertueux et on peut compter sur eux. Ils ne pourront jamais vendre leur peuple. Nous n’avons pas peur que nos députés succombent à la corruption. Ce qu’il faut plutôt craindre, concerne les incompréhensions. Il faut craindre que nos députés n’aient pas la même lecture de la constitution. Ils ne sont pas tous du domaine. C’est pourquoi, il faut un travail préalable d’explications. Je les invite à suivre les débats qui se mènent dans les médias pour enrichir leur argumentaire pour des propositions d’amendements concrets. Le principe chez les FCBE n’est pas de rejeter la révision de la constitution. Le Président Yayi Boni avant déjà fait des propositions de révision, avec deux commissions, donc il ne serait pas sérieux de notre part de dire qu’il ne faut pas réviser la constitution. Mais la version actuelle  du projet doit être rejetée pour la reprise du travail. Ce qui est clair chez nous est que nous sommes contre le mandat unique, et on a déjà dit au sein de la commission. On a donné les avantages du mandat unique, mais je peux dire que cela correspond à un second mandat du chef de l’Etat. Il se retrouve dans les mêmes conditions. Donc si un chef d’Etat qui est en deuxième mandat veut travailler et laisser un nom, il peut le faire. Il n’est plus tenu aux compromissions politiques ou autres. C’est exactement cela. Il n’y a donc rien de nouveau. Dans les grandes démocraties, c’est un mandat renouvelable au moins une fois. Le mandat unique n’apporte rien de nouveau. Il faut plutôt constitutionnaliser les bonnes pratiques et les tares rencontrées dans l’application de certaines dispositions constitutionnelles. Il faut donc apporter des solutions en modification au texte constitutionnel.

Propos recueillis par Emmanuel GEBTO

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