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Le triomphe de la vérité

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L’Honorable Gérard Gbénonchi, « Sous l’Arbre à Palabre »: « Avec la gouvernance de Talon, les portes des ressources faciles sont fermées »


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Gbénonchi EPL’Honorable Gérard Gbénonchi est le 101ème invité de votre rubrique “Sous l’Arbre à Palabres”. Rapporteur  général de la Commission des finances et des échanges de l’Assemblée nationale, il lève un coin de voile sur le fonctionnement de cet organe important du Parlement et dévoile les défis qu’il entend relever en tant que parlementaire. Membre du groupe parlementaire, l’Union fait la Nation (UN), il a scruté sans langue de bois, mais  dans la posture de mouvancier, le bilan du premier gouvernement de la rupture, sans occulter l’ambiance de travail qui caractérise actuellement le Parlement. Lisez plutôt.

Et si on en parlait

Bonjour Honorable ! Soyez la bienvenue dans les locaux de la Rédaction de votre Journal « L’Événement Précis ». C’est un honneur pour nous de vous recevoir « Sous l’Arbre à Palabre ». Vous êtes le tout premier invité de l’année 2017 après le 100ème numéro de la rubrique. Quelles sont vos premières impressions ?

Je commence d’abord par remercier le Directeur général et toute l’équipe qui collabore avec lui, vous dire ensuite mes félicitations pour tout ce que je suis venu voir et surtout par ces temps qui courent. Vous savez depuis l’avènement de la « Rupture », nous avons  ouï dire que les Journalistes sont en train de souffrir parce qu’il n’y a plus de contrats comme auparavant et que les organes sont obligés de se repositionner pour pouvoir exister.  Alors, si vous continuez à exister depuis près d’un an, c’est tout à votre honneur. Je voudrais vous féliciter pour cela. Je suis venu voir une jeune équipe très enthousiaste. Je vous dis du courage.

Merci Honorable. Quand vous avez suivi les résultats des élections législatives d’Avril 2016 proclamés par la Céna et la Cour constitutionnelle qui ont confirmé votre élection en tant que député, quels étaient vos premiers sentiments ?

Mes premiers sentiments ont été des sentiments de satisfaction parce que quand vous faites une course et qu’à la fin, on vous déclare gagnant, c’est d’abord un sentiment de satisfaction et de fierté. Vous êtes content naturellement parce que vous vous dites que l’objectif est atteint. On est content mais c’est en même temps doublé d’autres sentiments parce que c’est aussi un défi. Vous commencez à vous interroger. Voilà, ma hiérarchie politique m’a fait confiance, les populations ont validé cela. Je suis devenu ce que je souhaitais devenir mais quelle sera la suite ? Est-ce que je serai à la hauteur de ces défis ? Tous ceux qui ont placé leur espoir en moi, est-ce que je pourrai leur retourner la confiance qu’ils ont placée en moi ? C’est une page de défis qui s’ouvre et il faut tout faire pour mériter cette confiance.

A cette époque précisément, il y avait plusieurs listes sur lesquelles vous pouviez vous inscrire. Pourquoi avoir choisi la liste de « l’Union fait la Nation » ?

Je dirai que moi je n’avais pas le choix. Ce n’était pas un choix personnel parce que d’origine, je suis du Parti Social Démocrate (PSD) et vous savez que le PSD est allé en alliance avec « l’Union fait la Nation » qui est devenue une alliance de plusieurs partis politiques. C’est donc tout naturel, qu’étant porté par le PSD, je sois sur la liste de « l’Union fait la Nation ».

Mais vous n’étiez pas le seul leader du PSD, comment le président Bruno Amoussou a pu détecter le Gérard caché pour le positionner ?

(Sourire)… C’est vous qui dites Gérard caché. Pour lui, je ne suis pas Gérard caché. J’ai un parcours, je suis membre de ce parti depuis sa création et j’ai gravi des échelons. Et si vous ne le savez pas, je vous apprends que j’ai été régulièrement le suppléant du député Emmanuel Golou, Président actuel du Parti pendant plusieurs mandatures. Ça veut dire que je ne suis pas sorti ex-nihilo. Il a fallu à ce moment-là que les patrons décident de me porter devant et le président d’alors s’est retiré. Il faut l’en féliciter parce que c’est chose rare qu’un chef de parti se retire pour positionner quelqu’un d’autre, parce qu’il a été patient et il faut le lui reconnaitre.

Vous avez parlé tantôt de défis que vous entendez relever afin de mériter la confiance que la population a placée en vous. Avez-vous l’impression que ces défis sont en train d’être relevés ?

Quand vous êtes dans l’action politique, vous êtes engagé à servir les populations, à servir la cause de vos électeurs. Vous avez envie d’apporter votre contribution pour essayer de résorber un tant soit peu, la misère ambiante des populations. Alors une fois parvenue, est-ce que je puis dire aujourd’hui que les défis sont en train d’être relevés. Bien sûr que quelques-uns sont en train d’être relevés mais il en reste beaucoup. C’est pourquoi la lutte continue. Je vous apprends que l’un de mes premiers chantiers aurait été de peser de mon poids pour que le projet de construction et de bitumage de la route Adjahonmè-Klouékanmè-Lalo et Klouékanmè-Toviklin-Dogbo soit une réalité. Du fait de ma position à l’Assemblée nationale, j’ai pu obtenir du gouvernement d’alors, de mettre cette route en chantier, de confier sa construction sous contrat PPP à l’entreprise Adeoti qui est en train d’ailleurs de finir cette route.

Quelle est l’ambiance de travail à l’Assemblée nationale ?

A l’Assemblée nationale, je peux dire qu’on a une ambiance bon enfant. Quand vous voyez les députés apparaître sur vos écrans sous les feux de la rampe pour crier, tempêter, se chamailler, vous allez croire que c’est la même chose qui se passe hors de vos micros et de vos caméras. Mais loin s’en faut. Entre députés, on s’entend bien, on blague, l’ambiance est bonne mais vous devez savoir que nous sommes        dans un champ politique. Personne ne vient à l’Assemblée nationale pour vendre de la moutarde. Chacun est venu pour défendre des intérêts donnés. Alors, même si vous riez, vous causez bien, s’il s’agit des intérêts politiques, personne n’aime lésiner là-dessus, encore moins les vendre ou les abandonner pour vos beaux yeux, non ! C’est la politique, c’est la lutte pour les intérêts et chacun défend ses intérêts.

Parlant justement de ces intérêts que vous défendez, quel bilan pouvez-vous présenter à la date d’aujourd’hui ?

Je disais tout à l’heure que les défis, c’est de contribuer à atténuer la misère des populations. Sur ce plan, contribuer à l’Assemblée nationale, au vote des lois qui ont un impact sur la vie des populations, c’est déjà participer à relever certains de ces défis. Apporter ses amendements dans le cadre du vote des lois de finance qui, vous le savez, sont des lois qui portent le budget avec des programmes à exécuter qui ont forcément des impacts positifs sur la vie des populations, vous êtes déjà en train de contribuer. Ce n’est pas forcément des intérêts personnels. C’est des intérêts de vos populations, de vos mandants. Vous contribuez ainsi en étant dans l’action pour faire au gouvernement des meilleurs choix qui puissent, dans leur exécution, impacter la vie des populations. Je pense que sur ce plan, je suis en train de faire du chemin. J’ai même initié une proposition de loi que j’ai dénommée Proposition de loi portant organisation des conseils juridiques au Bénin. J’en suis l’auteur parce que vous savez, nos jeunes diplômés qui ont fait le droit sont nombreux. Quand ils sortent, tous n’ont pas vocation à devenir avocats ou magistrats. Ils peuvent exercer de façon libre pour apporter leur conseil, mettre leur connaissance au profit de ceux qui sont demandeurs. Mais tel que notre système est organisé, tous ceux-là sont en marge et ne peuvent pas offrir leur service surtout à cause de la loi sur le Barreau ; alors que cela est en vigueur dans d’autres pays. Je me suis donc inspiré de ce qui a déjà cours dans d’autres pays pour proposer cette loi afin de permettre à ces jeunes d’exercer en cabinet privé de conseil.

Mais dites-nous des lois votées depuis le début de la 7ème législature, laquelle a vraiment retenu votre attention ?

Evidemment depuis que je suis au Parlement, beaucoup de lois ont été votées. Mais je puis dire que c’est la dernière loi portant loi des finances pour la gestion 2017 qui m’a beaucoup impressionné simplement du fait que cette loi porte un budget très ambitieux pour mon pays. C’est pour la première fois que le budget de l’Etat a franchi la barre des 2000 milliards ; c’est pour la première fois que le taux du budget d’investissement à l’intérieur du budget dépasse le budget de fonctionnement. C’est le contraire jusque-là. Or, c’est par l’investissement qu’on développe une Nation. Pour la première fois, le budget a fait une part belle à l’investissement et c’est pour cela que c’est une loi qui m’a vraiment impressionné. Et mon souhait, c’est que les contingences permettent à ce que le gouvernement puisse trouver les moyens pour réaliser ce budget parce que je suis sûr que lorsqu’il sera réalisé tel qu’il est prévu, cela aura un effet positif sur le développement de notre Nation.

Comment appréciez-vous la gouvernance de l’institution à laquelle vous appartenez ?

Depuis que je suis à l’Assemblée nationale et que j’observe le président Adrien Houngbédji gouverner l’institution, mes impressions sont bonnes. Je pense qu’il s’agit d’une bonne gouvernance. Je m’explique. A raison, vous voyez que ses deux rapports d’activités sont adoptés à l’unanimité par les députés. La gouvernance d’un président de l’Assemblée nationale s’évalue à travers les rapports d’activités. Si ces rapports d’activités sont votés, acceptés, approuvés par les députés, ça veut dire qu’ils estiment qu’ils sont bien gérés. S’ils rejettent le rapport, ça veut dire qu’ils estiment qu’ils ont été mal gouvernés, soit politiquement, soit économiquement, soit administrativement. Je pense que pour l’heure, la gouvernance du président Houngbédji sur le plan politique, ne laisse pas transparaitre qu’il y a une mouvance parlementaire d’un côté et une minorité parlementaire d’un autre côté. Or par le passé, c’est des clivages qui transparaissaient clairement à l’Assemblée nationale, de sorte que ceux qui étaient dans la mouvance parlementaire savent qu’on leur fait la part belle. Pour les voyages, les missions, les avantages, c’est eux et les autres sont mis en marge. Mais actuellement, sur le plan politique, aucun député n’a l’impression d’être mis à l’écart même s’il est de la minorité parlementaire et ils en parlent. Sur le plan économique, il n’y a pas de discrimination. Les avantages sont les mêmes ; la même manière sur le plan administratif. Il n’y a donc pas de deux poids, deux mesures. Globalement pris, moi je pense que c’est une gouvernance démocratique, c’est un bon leadership.

Vous êtes le Rapporteur général de la Commission des finances et des échanges, dites-nous comment fonctionne cet important organe ?

Lorsque des dossiers atterrissent sur la table du président de l’Assemblée nationale, que ce soient des dossiers envoyés par le Gouvernement ou des dossiers sur initiative des députés, ils sont enregistrés au secrétariat général administratif puis envoyés au président. Il convoque la Conférence des Présidents qui les étudie avant de les affecter aux commissions de droit. Lorsqu’on estime qu’un dossier doit être affecté à la Commission des lois, on l’affecte à la Commission des lois. Lorsqu’on juge que c’est à la Commission des finances, la Commission de l’Education, la Commission des relations extérieures ou la Commission du Plan, la Conférence des Présidents en décide. Et à la plénière prochaine, le président affecte publiquement le dossier aux commissions. Cette Commission se saisit du dossier et programme les travaux. Et lorsqu’on vient, tous les députés ont la latitude d’assister aux travaux mais principalement, ce sont les députés membres de cette commission qui sont concernés. On se réunit pour étudier techniquement le dossier en présence des membres du gouvernement, des ministères sectoriels qui sont concernés par le dossier en question. En Commission, on fouille donc le dossier, on pose des questions au gouvernement par rapport au dossier, on demande des compléments d’information jusqu’à être sûr que ce dossier est bien traité puis on pond un rapport. Le rapporteur de la Commission produit un rapport qui est donc voté par la Commission puis envoyé au Président de l’Assemblée nationale qui, étant convaincu que ce dossier est prêt, programme son examen en séance plénière. Et c’est à la plénière que les débats se font par tous les députés et puis le dossier est voté.

Vous êtes donc la cheville ouvrière de la Commission des finances, vous avez tout le budget en tête.

C’est normal. Je suis le rapporteur général de la Commission des finances, il n’y a pas de raison que je n’aie pas le budget en tête, sinon je ne suis pas à ma  place.

 

Comment appréciez-vous la relation qui existe aujourd’hui entre le parlement et l’exécutif ?

Actuellement, le parlement est l’institution qui est chargée de légiférer, le gouvernement est l’exécutif, et étant donné que nous sommes dans un régime de séparation des pouvoirs, chaque institution doit rester dans son champ, dans son camp et travailler. Mais, rester dans son camp ne veut pas dire être antagoniste avec les autres institutions. Si non, les institutions travaillent en complémentarité pour pouvoir résoudre les problèmes de la nation. Donc, l’Assemblée est dans son rôle, celui de légiférer, contrôler l’action gouvernementale et l’exécutif est dans son rôle de gouverner, d’exécuter les lois qui sont votées. Aujourd’hui, les relations qui existent entre les deux institutions sont des relations bon enfant. Mais le peuple n’aime pas en principe cela. Etant donné qu’on a dit qu’on est dans un régime de séparation des pouvoirs, le peuple aime voir que quand une institution est en marche, les autres institutions soient des contre-pouvoirs et comme ça, le peuple est rassuré qu’il sera bien géré, qu’il sera bien gouverné et qu’il aura les choses dans son intérêt. Quand il voit qu’il y a une certaine connivence entre deux institutions, le peuple est inquiet. Mais, nous devons rassurer le peuple que les députés que nous sommes à l’Assemblée Nationale, nous sommes mandatés par le peuple et que nous ne pouvons jamais empiéter sur les intérêts du peuple. Les députés sont là pour défendre les intérêts des populations. Pour autant que le gouvernement serait sur la bonne ligne, les députés suivront. A partir du moment où le gouvernement se mettra en marge des intérêts du peuple, vous verrez  que les députés vont entrer en jeu. Même si on est de la mouvance, nous avons le devoir d’attirer l’attention du gouvernement sur ce qui se passe.

Quelle observation faites-vous des propositions de lois qu’initient les députés ou qui sont envoyées par le gouvernement ?

On dit que les lois sont faites pour réglementer la vie des populations, la vie des citoyens dans une cité. Donc, les lois qui sont prises sont pour réguler les comportements des citoyens dans un domaine donné ou l’activité économique des citoyens dans un domaine donné. Donc, aucune loi ne peut s’inscrire en marge de cet idéal. Donc, c’est pour vous dire que lorsque le gouvernement entend proposer une loi, il contacte les techniciens qui font la proposition, c’est ensuite envoyé au bureau de codification qui siège au ministère de la justice. Ce sont les techniciens, les juristes qui sont là, qui réfléchissent et qui mettent en forme les textes qu’il faut. Lorsque le dossier est prêt, il est envoyé à la Cour Suprême, pour recueillir son avis et après cet avis, le dossier est envoyé à l’Assemblée. Donc, c’est ce parcours là que font les propositions de loi venant du gouvernement.

Parlant du circuit, dites-nous dans la loi des finances dont vous avez assuré le rapport, il a été institué une taxe sur les véhicules à moteur. Cela va-t-il dans l’intérêt des populations ?

Je vais vous dire que lorsque le projet initial de la loi des finances est arrivé à l’Assemblée, les députés unanimement ont attaqué cette nouvelle taxe pour dire qu’elle  est antisociale. D’abord, au cours des travaux en commission,  unanimement, la commission des finances avec le ministre des finances a martelé que cette nouvelle taxation serait une charge de plus pour les populations. La commission a même proposé que cette taxe soit remplacée par  la création des ponts péages pour permettre à ce que les populations payent de façon insensible cette taxe là parce que le gouvernement a estimé que cette taxe contribuera à l’entretien et à l’aménagement des routes. Nous nous sommes  dit  que c’est normal, que quand on a des infrastructures routières dans un pays, on les entretient.  Et on a besoin de ressources pour les entretenir. Mais, mettre ça sous forme de taxe, alors qu’on avait supprimé par le passé les taxes sur les vignettes, les populations diront que les vignettes sont revenues sous une autre forme. Il vaut mieux percevoir ces taxes à travers les droits qu’on paye au pont péage. Qu’on multiple les ponts péages et qu’on demande même 500f par passage. Par exemple dans la ville de Cotonou, nous n’avons aucun péage. Vous prenez la route Cotonou-Bohicon, vous n’avez aucun pont péage, alors que dans les autres pays, à chaque 60 ou 80 km au plus, vous avez un pont péage et on paye pour avoir de ressources pour entretenir les routes. Donc, les ministres des finances et des travaux publics ont été tous d’accord avec nous pour cette proposition. Mais, ils ont dit que si on prend l’option des ponts péages, il faut aller les construire d’abord mais nous ne les avons pas encore construits. Alors, vous nous permettrez de commencer à la percevoir   sous cette forme, quitte à mettre dans les budgets à venir, la construction des ponts péages et les autres années, on va supprimer cette taxe. C’est en raison de cela que les députés ont accepté cette formule. Donc, avant que les populations ne commencent par crier, les députés avaient vu le mal avant elles, mais, de réflexion en réflexion avec le gouvernement, il a été question de commencer d’abord avec cette formule puis par la suite, on construit les ponts péages et puis on supprime cette taxe.

Vous qui aviez participé au vote de cette loi, que dites-vous à vos populations, à vos mandants ?

Je leur ai expliqué ça, je n’ai pas attendu que la loi soit votée d’abord. Je suis descendu pour aller leur expliquer la proposition que le gouvernement est en train de faire et elles apprenaient ça déjà sur les réseaux sociaux. Je suis allé leur expliquer pour dire que nous sommes en train d’accepter cette formule et que cette taxe va se collecter sur un an, deux ans, puis après, on va la supprimer pour revenir sur la formule des ponts péages. Nous avons décidé et c’est ce qui se fait.

Moi, j’ai déjà payé pour mes trois voitures. J’ai payé pour une voiture, trente mille et pour deux autres, quarante mille deux fois. Ce qui me fait cent dix mille que j’ai payés.

On a l’impression  qu’il y a trop de lois au Bénin alors qu’elles ne sont pas respectées. Mais le parlement continue de voter et de voter chaque jour. Dites-nous l’intérêt de ces lois ?

Vous dites qu’on a l’impression d’avoir trop de lois. Il n’y aura jamais trop de lois dans un pays. Malgré la pléthore de ces lois, il y a des domaines dans lesquels on constate encore du vide juridique. La belle preuve, c’est que les députés viennent d’initier une douzaine de propositions de lois qui ont fait l’objet d’un séminaire à Dassa, où nous avons été taxés de tous les noms, mais justement pour statuer sur un certain nombre de lois parce que nous avons constaté qu’il y a trop de vides juridiques  et que si on veut qu’une économie fonctionne correctement et qu’une nation prospère et soit bien gouvernée, il faut qu’on lui en donne les outils. Et c’est les lois qui créent ces outils. Si vous ne créez pas  ces outils par des lois, le gouvernement n’a pas la main pour faire ce qu’il doit faire pour réaliser son programme d’action et c’est pour cela que ces lois ont été votées. Il n’y a pas pléthore de loi, les lois, on en votera toujours. Et comme je l’ai dit, les lois sont faites pour réguler le comportement des citoyens et puis les lois ne sont pas statiques, elles sont évolutives. Et, plus la société évolue, il faut adapter les lois à l’évolution de la société. Voyez-vous, avant nous n’avions pas watsapp, nous n’avions pas Facebook. Mais, aujourd’hui, nous les avons. Donc, nous sommes en arrière sur ce plan et il faut réguler ce secteur et se mettre au pas.

Pensez-vous qu’on ait besoin d’une loi pour promouvoir la femme ?

En principe, on n’a pas besoin d’une loi parce qu’on a dit en droit que la femme est l’égale de l’homme. Mais, avec l’expérience que nous avons avec la pratique de cette loi, c’est que notre parlement aujourd’hui, sur 83 députés, ne compte que que sept femmes. C’est-à-dire 8,4%. Ça veut dire que notre société ne tolère pas la femme, n’accepte pas la femme, n’aime pas faire la promotion de la femme. Les hommes se mettent au-dessus de la femme, relèguent la femme au second rang. Or, quand Dieu a créé l’homme, il lui a laissé la gouvernance de la cité, il l’a observé faire puis après il a dit, il n’est pas bon de laisser l’homme seul, il ne peut pas gouverner seul, il lui faut la femme. Et Dieu créa la femme. Ce n’est qu’après ça que l’homme dit : « voilà c’est bon maintenant ». Mais pourquoi nous aimons fonctionner sans la femme. Alors qu’elles font 52% de la population et ces 52% ne sont représentées qu’à 8,4% au parlement. Il y a un déséquilibre qu’il faut corriger. Si nous nous mettons dans un système de comparaison  par rapport aux autres nations, il est clair que nous sommes en arrière. Il y a de belles pratiques ailleurs. Quand je prends le Rwanda par exemple, ils ont un taux de 64%, le Sénégal, 40%, la Côte d’Ivoire est autour de 17%. Le Togo 14% et le Niger tout près est à 12%, le Niger qui est presque Islamiste est à 12% et le Bénin ferme la marche presque. Après le Bénin, c’est le Nigéria qui est le dernier avec 2%. Ce qui veut dire que le Bénin est avant dernier.

Les partis comme le vôtre n’ont jamais fait la promotion de la femme, il n’y a que les hommes qui se positionnent ?

Si, c’est vrai ce que vous dites. Mais nous dirons aussi quelque part que c’est nos femmes elles-mêmes qui n’aiment pas se mettre dans l’action politique. Chez moi par exemple, lors des communales passées, moi j’ai proposé de mettre des femmes sur la liste. Actuellement, le deuxième adjoint au maire de Klouékanmè est une femme parce que je l’ai mise sur la liste. J’ai mis une autre femme mais elle n’a pas pu réussir parce que dans son arrondissement, les gens ont boycotté notre liste pour dire : « pourquoi vous avez mis une femme sur la liste ? ». Nous ne voulons pas qu’elle soit élue et ils sont allés voter pour une autre liste simplement parce qu’ils ne veulent pas avoir une femme chef d’arrondissement chez eux. Donc, quelque part, nous avons ces stéréotypes, cette mentalité qui ne veut pas encore de la femme. Alors, il faut des lois pour promouvoir, ne serait-ce qu’un peu, la femme. Sinon, si nous laissons faire, les femmes n’émergeront pas.

Au-delà des lois, si vous avez un message à adresser aux femmes en ce jour de la journée internationale de la femme, que diriez-vous ?  

C’est la journée des femmes le 08 mars, je leur souhaite d’abord bonne fête mais au-delà, de ce souhait, je leur demande de s’engager dans le militantisme, de s’engager dans l’action politique, de ne plus se taire pour laisser les hommes décider à leur place. Il faut qu’elles se battent pour être dans des instances de décision parce qu’elles sont nombreuses. Il ne faut donc pas qu’elles se laissent dicter la loi par la minorité.

Quel est le dispositif mis en place par le parlement pour vulgariser les lois ? Exemple, la loi sur les renseignements.

Si nous prenons la loi sur le renseignement, j’ai dit tout à l’heure que les lois sont votées pour réguler le comportement des individus dans la société. Pourquoi cette loi ? Vous savez que désormais le chef de l’Etat a décidé d’ouvrir nos frontières et de supprimer le visa aux ressortissants d’un certain  nombre de pays. Alors, si nous supprimons les visas, dans cette ère ou nous sommes sous la menace des radicaux islamistes, par exemple Boko Haram, ça veut dire que les gens vont venir chez nous sans visa, sans qu’on ne puisse les contrôler  d’avance avant qu’ils n’arrivent. Alors, s’ils arrivent et qu’on ne prend pas les dispositions pour contrôler leurs mouvements, cela veut dire que nous livrons le pays, les populations à l’insécurité. Si ceux-là sont animés de mauvaises intentions, s’ils sont arrivés pour faire du mal à notre population, ils y arriveront facilement. C’est pour cela que les renseignements sont nécessaires. Les renseignements permettent de mettre des outils à la disposition donc de nos forces de sécurité pour pouvoir détecter très tôt toutes velléités  de nuisance à notre nation, à notre population, pour pouvoir cibler pour pouvoir les détecter plus tôt , les freiner et les empêcher de nuire.

Par quel mécanisme le parlement permet-il à la population de connaître les lois ?

Les mécanismes existent. Nous les députés par exemple, nous organisons chaque année, au moins deux fois, des séances de reddition de comptes. La reddition de comptes parlementaire consiste à descendre à la base vers les populations pour leur rendre compte d’un certain nombre de lois que nous avons votées, leur expliquer l’essence de ces lois pour qu’elles aussi soient au parfum de ces lois-là. Nous l’avons fait récemment et je crois que d’ici quelques mois, nous allons encore le faire. L’Assemblée nous permet de descendre au moins deux fois par an pour faire cet exercice. C’est ça le mécanisme de vulgarisation des lois. Il est vrai qu’il y a d’autres lois qui sont spécifiques. Les lois référendaires par exemple, c’est le gouvernement qui décide d’organiser cela, de vulgariser cela sur le plan national pour que les populations en soient imprégnées avant leur vote.

La main sur le cœur, dites-nous si vos populations de Djakotomey, de Klouékanmè et autres sont au parfum des lois que vous avez votées au parlement ?

On dit que nul n’est censé ignorer la loi. Dès que la loi est votée, elle est censée être connue de tous. Même si vous ne l’avez pas lue, on vous informe et on vous l’applique proprement. Si nous sommes allés vulgariser, on ne peut pas quand même réunir toute la population, c’est leurs représentants. On ne peut pas rassembler les populations quelque part pour leur expliquer ça. C’est avec leurs représentants. Soit les chefs villages, les conseillers de villages, les conseillers communaux puisque tous ceux-là feront la même chose en direction des populations et à partir de là, on estime que la loi est connue de tous

Comment vous vous préparez en tant que député pour aborder le projet de loi portant révision de la constitution pour lequel le président de la république envisage saisir le parlement ?

Avant tout, j’aimerais vous rassurer que, nous ne sommes pas encore saisis de ce projet de révision de la constitution. Nous apprenons que cela va arriver. Vous savez que le président Talon a fait sa campagne sur la révision de la constitution. C’est un sujet qui était accepté de toute la classe politique avant même les élections. Et le gouvernement de Yayi Boni en avait fait son cheval de bataille. Il avait tenté par deux fois de l’introduire à l’assemblée. Mais, il a été fermé. Pas parce qu’on ne voulait pas de révision de la constitution.

On voulait de la révision. Car, nous savons tous qu’il y a des retouches qui sont nécessaires à notre loi fondamentale pour lui permettre d’être collée aux réalités actuelles et de faire du chemin. On avait craint que Yayi ne s’en serve pour se maintenir au pouvoir. C’est pour cela qu’unanimement, la classe politique s’est dit qu’on ne peut pas réviser la constitution sous Yayi. Puisque le faire sous lui, pouvait l’amener à dire que nous sommes dans une nouvelle république et il pouvait donc décider de se représenter.

La classe politique a aussi décidé que ce soit sous son successeur, surtout dans les tout premiers mois de son mandat que cette révision se fasse. Ce qui serait sans risque. Talon a fait campagne avec cela, et c’est d’ailleurs ce pour quoi les populations l’ont porté massivement au pouvoir. Et dans les conditions qui ont été posées au candidat Patrice Talon pour que les autres candidats puissent l’accompagner, il lui était demandé de prendre l’engagement que, dès son arrivée au pouvoir, il organisera la révision de la constitution. Ce qu’il a accepté.

Vous en tant que juriste, comment est-ce que vous vous préparez à cela?

 

Il n’y a pas de préparation particulière. Parce que nous connaissons déjà le contenu. La commission Djogbenou a été mise sur pieds et a fait son travail. Elle a fait des propositions que nous connaissons. Le gouvernement va sélectionner un certain nombre de propositions qui  lui sont faites pour concevoir un document. Donc, quel que soit le choix que le gouvernement fera, nous en connaissons déjà les grandes lignes. Le seul point d’achoppement pour toute la classe politique confondue, c’est le mandat unique. On est d’accord sur tous les points, sauf celui concernant le mandat unique. Il y a une partie qui est pour le mandat unique et l’autre contre.

Quelle est la position de l’Union fait la nation dans tout ça ?

 

Pour le moment, on attend. C’est quand le débat va s’ouvrir que les gens le sauront. C’est également en ce moment-là que chaque formation politique donnera sa position. Mais si j’ai soutenu le président Patrice Talon, c’est que je suis pour le mandat unique qu’il prône.

 Vous pensez que le fruit est mûr pour que la révision arrive à l’Assemblée ? 

Je vous ai dit plus haut que tout le monde voulait de la révision. Cela veut dire que personne n’est contre ça. Mais c’est plutôt le timing qu’on avait reproché.

Mais tout le monde souhaite un débat national….

 

Il sera fait d’abord à l’hémicycle. C’est la trajectoire prévue par la constitution. C’est le vote de l’Assemblée qui déterminera la suite. Si l’Assemblée vote et que le projet obtient les trois quart, ça veut dire que le projet est acceptable et peut être soumis au peuple.

Feriez-vous une reddition de compte avant de voter ?

 

C’est une obligation. Je ne peux pas aller voter sans expliquer à mes mandants et sans recueillir leur avis. Je ne travaille pas pour moi-même.

Il a été dit que vous étiez à Dassa  pour travailler sur le projet. Comment avez-vous vécu cela?

 

Mal. Je pense que vous parlez de cette polémique qui disait que les députés auraient reçu 100millions. Je l’ai vécu très mal. Si vous suivez ce que  je viens de vous dire, que le projet n’est même  pas encore à l’Assemblée, comment les députés peuvent-ils aller plancher sur ce qu’ils n’ont pas encore ? Nous sommes en session extraordinaire. Une session extraordinaire ne peut pas connaitre un dossier de révision de la constitution. La révision de la constitution est mise à l’ordre du jour lors de la session ordinaire. Si vous comprenez bien, on ne peut pas être en session extraordinaire et parler de la révision de la constitution. Cela veut dire que ce qui se disait était de la rumeur.

Certaines langues disent que tout est déjà ficelé pour que la révision de la constitution passe comme une lettre à la poste. Vous leur répondez quoi?

J’apprends aussi ça. Et je me demande pourquoi on pense que la révision passera comme une lettre à la poste ? Vous savez, à l’Assemblée, rien n’est acquis d’avance. Rien et personne n’est jamais sûr de rien.

Mais on dit  que le président Talon a préparé le terrain….

 

C’est ce que je vous dis. Il peut avoir préparé le terrain comme les gens le disent. Mais il ne peut être sûr de rien. Parce que je me rappelle quand on devait voter la loi de finance gestion 2017, les ministres sectoriels sont passés pendant près d’un mois pour défendre leurs budgets. Et pendant les travaux en commission, certains budgets ont été validés. Mais pourtant le ministre des finances paniquait le jour où on devait voter en plénière. Et je lui ai dit, monsieur le ministre pourquoi vous paniquez encore? Il me dit : « rien n’est jamais acquis à l’Assemblée. On ne peut pas être sûr ». Parce qu’il suffit qu’un député prenne la parole pour commencer à dire autre chose seulement,  et les gens vont suivre.

Cela veut-il dire que jusqu’à présent, le président Talon n’a  pas encore reçu l’Union fait la nation pour lui parler spécifiquement de la question de la révision de la constitution ?

Non pas du tout. On n’a pas été reçu par rapport à cette question.

Comment se porte l’Union fait la nation ?

 

Vous êtes dans le pays et vous connaissez la santé des formations politique du pays. Puisque c’est vous qui mesurez l’état de forme de chacune d’elles et écrivez là-dessus.

Dites-nous…

 

Pour moi, elle se porte bien. Il n’y a pas de problème. Je sais aussi que les réformes politiques annoncées, si elles étaient adoptées, elles permettront qu’il y ait un bouleversement  au sein des partis. Rien ne sera plus comme avant. Il y aura du remue-ménage. Mais pour l’heure, l’UN se porte bien. Son avenir est dans la main de Dieu et dans la consistance des réformes.

 

Comment l’UN se prépare-t-elle pour accueillir ses réformes qu’elle avait souhaitées ?

 

Si vous avez suivi, il y a eu une journée de restitution des travaux des comités mis en place par l’UN pour réfléchir sur des thématiques. Cela a permis de faire savoir ce que l’UN veut dans chaque domaine. Par-rapport à la réforme du système partisan, l’UN veut la réglementation de ce  système pour qu’on arrive au financement public des actions politiques et qu’on mette fin à cette multiplicité de micro-partis qui, au lieu de renforcer notre système politique, contribue à le désintégrer. Ce qui continue de fragiliser notre système démocratique. La multiplicité des partis a mis à mal  notre cohésion nationale. Chacun crée son parti dans son village. Alors que les partis doivent avoir une existence nationale, couvrir le territoire national, chacun créé son parti et son électorat, c’est son village. Il faut mettre fin à tout cela. Nous  avons fait 27 ans de vie démocratique et les résultats sont là. Nous n’avons pas avancé sur ce chemin. Il faut donc qu’on change de cap.

L’Union fait la nation est dans le pouvoir ou est du pouvoir ?

 

Vous avez entendu le président de l’UN, Bruno Amoussou, dire : « nous ne soutenons pas le pouvoir, mais nous  sommes au pouvoir ».  Ça veut dire que l’UN est au pouvoir. Elle est dans le pouvoir et non en marge du pouvoir.

Mais on ne voit pas la manifestation de ce que vous êtes du pouvoir…

 

Qu’est-ce qui va vous permettre de mesurer cela? Nous sommes à l’heure de la rupture. Et nous avons rompu avec les anciennes manières de faire, le populisme, les marches, les prières…la gouvernance actuelle est aux antipodes de toutes ces choses. Vous avez compris que la manière de communication de ce gouvernement est toute autre. Laissez faire, et les gens verront ce qui se fait.

Comment se manifeste le soutien de l’UN au pouvoir auquel elle appartient ?

 

Comment on soutient un pouvoir ? A ce que je sache c’est à travers ses élus à l’Assemblée. L’UN a des députés à l’Assemblée nationale. Et le groupe parlementaire l’Union fait la nation est le groupe le plus fort numériquement (13 députés). Alors que tous les autres, ceux qui sont forts ont au plus 10 députés. Il y en a qui ont 9. Donc les 13 députés Un, comme le chef de l’État l’a souligné, sont le premier appui du gouvernement à l’Assemblée nationale. C’est son premier socle.  Il s’est même réclamé être de ce groupe. Il dit que c’est son groupe parlementaire, le groupe à partir duquel il pourra impacter les autres groupes. Ça veut dire que c’est le premier groupe qui soutient l’action gouvernementale. Vous n’allez pas voir à l’Assemblée qu’un dossier du gouvernement arrive et l’Union fait la Nation s’inscrire contre les propositions du gouvernement. Plutôt, ce groupe éclaire et soutient.

Bientôt un an que le régime Talon est en place. Si on vous demandait de faire un bilan. Que diriez-vous ?

Ce que je sais, c’est que l’homme, par nature, quand il est satisfait d’un besoin, il l’oublie. Ses regards sont portés sur ce qu’il n’a pas. Lorsque le gouvernement actuel est arrivé au pouvoir, il y avait une polémique dans le pays. Les concours frauduleux. Et la première décision a été l’annulation de ces concours. C’est un acte salutaire. Donc toutes les décisions qui ont été prises jusque-là, sont allées dans le sens de la satisfaction des intérêts de ces populations-là. Ce qui fait polémique actuellement, c’est seulement les déguerpissements, la lutte contre les faux médicaments. Mais le gouvernement dit « laisser les gens, quand ils verront après que c’est dans leur intérêt, ils vont applaudir ». Quand les gens rouspètent, ruminent leur colère, c’est normal. Dans le lot de ceux qui ont été déguerpis, des gens sont contents de l’avoir été. Quand vous voyagez dans les autres pays et puis vous revenez au Bénin, vous avez honte. Vous pensez que vous êtes dans la poubelle depuis l’aéroport. Donc, avoir quelqu’un d’audacieux pour assainir notre cadre de vie, je pense que nous devons féliciter ce gouvernement. Il est vrai, ça fait mal. Ça a mis fin à l’activité de certains. Mais les gens ont été suffisamment avertis. Il y a eu des préavis avant d’aller en action. C’est parce que les gens n’ont pas cru qu’il y avait quelqu’un d’audacieux qu’ils se sont laissés surprendre. Mais ceux qui ont cru, ont déguerpi d’eux-mêmes avant qu’on n’aille vers eux. Nous savons et je sais que c’est dur. Mais nous aurons les résultats dans deux ans.

 

On a l’impression que c’est les suspensions, c’est les reprises de tout ce qui avait été déjà fait….

Oui. Réformer, c’est casser pour refaire. Quand on veut réformer, il faut aplanir les montagnes et combler les vallées. On déplace les pions. Et ça gène forcément des intérêts. Mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Nous devons souffrir et après jouir. Et nous dire que nous sommes dans un pays dont nous sommes fiers.

En dehors des suspensions et des casses, qu’est-ce que Patrice Talon a fait de positif que vous pourrez défendre ?

Donc, vous n’avez rien vu ? Le président Patrice Talon dort?

(Rire…) On a vu les casses…

Sérieusement, en termes de mesures sociales, la première des choses qu’on connait, c’est le payement régulier des salaires.

Mais les salaires se payaient…

Oui. Mais quand on paie les salaires, la tension sociale  n’existe pas. Quand on demande à ceux qui crient que ça va mal, si les salaires ne sont pas payés, ils vous répondent que c’est payé. Alors qu’est-ce qui va mal et pourquoi ? En réponse, je vous dirai que c’est le fait que les portes de ressources faciles ont été fermées.  Ça va mal parce que les portes de ressources faciles ont été fermées. Les surplus, les primes mirobolantes et les ressources qu’on engrangeait facilement, et qui étaient du vol,  ont été supprimées. On a fermé tout cela et les gens ont de difficulté. Car, ils n’ont plus de surplus ; on doit apprendre à chacun de gérer son salaire.

Mais des actions sociales ont été supprimées

Les microcrédits n’ont pas été supprimés. Au contraire, le gouvernement est dans une phase d’audit et entend augmenter même les microcrédits. Vous n’êtes pas sans savoir que les gens se partageaient ces fonds entre eux. Quand on a fait le point,  16 milliards de fcfa sont sans destination. Ce n’est allé vers aucune personne. Les chefs se sont partagés cela. Il faut faire un point et arrêter si possible ceux qui ont géré ces fonds pour qu’ils répondent de cela. Il s’agit maintenant de faire-faire, c’est-à-dire confier la gestion à des institutions spécialisées. Le gouvernement précédent aussi a compris à un moment qu’il fallait procéder par le faire-faire. Sur ce plan, c’est encore des institutions alliées qui ont reçu les marchés. Elles se sont encore partagées cela entre eux. Il faut arrêter et mettre les règles, sanctionner,  s’il le faut, avant de mettre les ressources. Quand vous êtes Gestionnaire-Manager, quand ça se fait mal quelque part, il faut stopper.

Quelles sont les sanctions déjà appliquées selon vous depuis le 06 Avril 2016 ?

La justice fait son travail. Ça ne se crie plus. La politique n’y est pas mêlée. Des gens insoupçonnés sont arrêtés. La justice les prend et leur met la pression en retirant leur passeport pour récupérer les fonds.

Le Président Talon a-t-il fait une bonne option en choisissant d’enclencher toutes les réformes pendant qu’il a besoin de consulter le peuple en Référendum ?

Effectivement, on dit qu’on n’ouvre pas plusieurs fronts au même moment. Il est dit que vous allez perdre la guerre quand ça se passe comme cela. Mais lorsque vous êtes en face d’un KO, vous voyez que tout est urgent. Et si on ne sait pas faire, on ne peut pas récupérer. Or, il ne veut faire que 5 ans. C’est pourquoi, il prend le risque de l’impopularité et des décisions. Il accepte les insultes et sait qu’il sera applaudi plus tard. Ils sauront que les thérapies sont prises pour leur bonheur. Il n’a pas un second mandat à demander. Même si on veut dire des choses au sujet  de la méthode, il faut comprendre que c’est parce que  le médecin veut le salut du patient qu’il prend toutes sortes de décisions dans l’intérêt du patient.

Un bilan n’est jamais totalement bon et vous le savez. S’il vous était demandé de souligner quelques aspects négatifs, que diriez-vous ?

C’est ce que je fais. Il faut  se donner du temps pour murir les décisions, pour sensibiliser, vulgariser et dans une démarche participative obtenir l’aval de tous avant de se mettre à l’action. Mais, pour le faire, c’est lorsqu’on a du temps. Or, il n’a qu’un seul mandat.

Quel acte a-t-il  posé  par exemple et qui vous a semblé non  mûri ?

Par exemple, le déguerpissement n’est pas mûri. Avant de déguerpir, il faille chercher des solutions alternatives pour reloger les gens, même si ce sont eux qui ont  pris le risque de construire sur un domaine public. Quand c’est entre individus, on peut ne pas dédommager. Mais quand cela concerne un Etat, cela devient le social. On aurait pu chercher des solutions pour les reloger même si ce n’est pas leur droit. Cela va permettre de limiter les pleurs dans les familles. Car, c’est des bouches qu’elles nourrissent.  Mais comme le gouvernement est pressé, il a opté de cette façon. Les populations qui se sont installées sur les espaces publics avec la complicité des maires devraient  savoir  qu’elles étaient en infraction. On a vu des maires qui sont restés muets  face à cette pratique qui n’arrange pas les villes. Ils ne sont là que pour collecter des taxes chez les gens. Des taxes qui ne sont même pas budgétisées. C’est pour leur poche. On était dans le désordre.

Quelle a  été votre réaction quand vos militants sont allés vous  demander secours ?

On leur répond que nous devrons les aider. Moi, mon épouse a été cassée. Mais elle s’était installée avec l’autorisation de la mairie. Elle me demandait de faire quelque chose. Mais je lui ai dit qu’on ne peut rien. Mais elle a été obligée de s’appliquer. Elle a bien voté Talon, mais ne s’en mord pas les doigts.

Quelle lecture faites-vous de la sortie des Fcbe sur la gouvernance et les actions du régime ?

Je sais que quand on est en politique, on parle. Il y a quelques mois, je voyais Eugène Azatassou accompagner Yayi. Lorsqu’il fonçait droit dans le mur, il défendait ce que tout le monde rejetait et critiquait. Aujourd’hui, il a les yeux ouverts pour voir tout ce qui se passe. Il contredit tout. Il est dans son rôle car il est aujourd’hui de l’opposition. Mais faire de l’opposition radicale et systématique n’est pas une bonne chose. Il doit être édulcoré dans ses propos. Ce n’est pas facile, ils ont fait plus d’erreurs que ce qu’ils disent. Si ce n’est que ça qu’il trouve à dire, moi à sa place, je me tairais.

Votre mot de conclusion ?

Je vous remercie pour cet honneur que vous m’avez fait en m’invitant. Nous sommes à l’aube de la rupture. Des espoirs immenses ont été mis dans le président actuel pour le porter à la Marina. Le peuple attend beaucoup de lui. Forcément, ce peuple n’a pas encore ce qu’il espérait en portant Patrice Talon au pouvoir mais nous le rassurons et lui disons de prendre un peu patience. Les fruits vont mûrir et tout le peuple appréciera. C’est ce que Patrice Talon nous a dit et nous l’accompagnons pour qu’il puisse réussir son mandat. Son échec sera le nôtre et s’il réussit, ce sera pour nous. Personne n’a intérêt à lui mettre les bâtons dans les roues pour qu’il échoue. S’il échoue, c’est cinq années de retard pour nous. Nous avons alors intérêt à l’aider à réussir son mandat puisque c’est un mandat unique. Il pourra alors passer la main mais étant sûr qu’il a balisé le terrain. Le pouvoir reviendra aux politiques pour prendre le relais.

Gbénonchi Ev PCarte d’Identité

Un parcours de génie  

Auditeur-comptable et Juriste de formation, Gérard GBENONCHI est un cadre béninois, originaire  de la Commune de Klouékanmè dans le département du Couffo. C’est un acteur politique très engagé depuis les années 90 au sein du PSD.  Né le 1er Septembre 1964 à Klouékanmè, il a fait ses premiers pas à l’École primaire publique de son village avant d’être amené à Cotonou pour ses études secondaires à l’issue desquelles il décroche en 1985, son premier diplôme universitaire, un Baccalauréat Série G2 avec la mention « Bien » au Collège Cadmes situé à Sikècodji à Cotonou.

Il s’apprêtait à passer les Concours d’entrée dans les écoles universitaires, lorsque tombe une décision du gouvernement d’alors refusant l’organisation desdits concours pendant les vacances comme il en avait l’habitude. Il sera demandé à tous les nouveaux bacheliers de s’inscrire d’abord en attendant d’autres mesures. Tout comme ses camarades, il s’était alors inscrit en Faculté de Droit. Il sort major de sa promotion à la fin de l’année académique 1985-1986. Les vacances suivantes, le gouvernement décide d’organiser les concours d’entrée dans les Instituts universitaires. Il postule, s’en sort Premier sur la liste du Concours d’entrée à l’INE, Gestion des Banques et Premier sur la liste du Concours d’entrée à l’ENA, Administration des finances. Embarrassé, Gérard Gbénonchi choisit la filière Gestion des Banques à l’ENA tout en poursuivant sa deuxième année d’étude en Droit des Affaires.

Deux ans plus tard, alors que l’étudiant finissait ses études en Droit à l’Université d’Abomey-Calavi, le gouvernement décide de blanchir l’année académique en 1989. Ne voulant aucunement perdre cette année académique, il se rend en Côte-d’Ivoire où il obtient sa Maîtrise en Droit des Entreprises. Et comme le hasard n’existe pas, il découvre dans ce pays, l’opportunité de faire des études d’Expertise comptable. C’est ainsi qu’il s’inscrit à l’Institut des Technologies Économiques et Comptables (INTEC) pour faire des études d’Expertise Comptable. Au terme de ce cursus, il revient au Bénin pour soutenir son mémoire de Maitrise en Droit des Affaires à l’Université d’Abomey-Calavi avant de partir en France pour continuer ses études d’Expertise comptable. Gérard Gbénonchi est alors nanti du diplôme préparatoire d’études comptables et financières, du diplôme de Comptable et financier et du diplôme d’Expertise comptable. De retour au pays, il s’inscrit pour un Master 2 en Comptabilité Audit et Contrôle et un autre Master en Audit et Contrôle de Gestion. L’actuel Rapporteur général de la Commission des finances et des échanges de l’Assemblée nationale, rentré au pays en 1992, réussit à s’insérer dans le tissu de l’emploi, précisément au Cabinet « Bénin Expertise ». Mais il n’abandonna pas son cursus universitaire, puisque bien qu’étant employé, il s’était inscrit en Droit des Affaires pour l’obtention d’un DESS dans cette spécialité. Après quelques années dans ce premier service, il se fait embaucher au Cabinet d’Expertise « Africa Consultant » où il s’était mis en partenariat. Mais ce partenariat n’ayant pas été fructueux, il décide d’installer sa propre entreprise. Vers fin 2007, son propre Cabinet baptisé « Cabinet d’Audit-comptable et de contrôle de Gestion » « Beraka Consultant » implanté à Vêdokô à Cotonou, voit le jour.

Résolument engagé aux côtés du Parti Social Démocrate (PSD) de Bruno AMOUSSOU depuis son retour au bercail en 1992, il se fera remarquer pour son activisme, ses interventions au cours des réunions et surtout ses actions sur le champ politique dans sa région. Tant et si bien qu’en 2003, il a été positionné suppléant du député Emmanuel Golou sur la liste du PSD pour les élections législatives. Idem  en 2007,  et 2015. Faut-il le souligner, son positionnement sur la liste du PSD à ses différentes élections n’était que le fruit de son efficacité, sa patience et surtout au regard de sa détermination à assurer la relève politique après le décès en 2001 de son feu Père qui fut un leader du PSD.

Intimité 

Vie conjugale exemplaire   

Marié officiellement devant Dieu à une béninoise qu’il a découverte au cours d’une aventure heureuse en 1993, l’honorable Gérard Gbénonchi est aujourd’hui, père de deux enfants. Mais il rejette totalement la polygamie. Il déconseille par ailleurs, toute relation amoureuse ou trop poussée avec les collaboratrices pour éviter de devenir un rival pour les clients de son entreprise. A table, l’honorable Gbénonchi n’a pas un plat spécifique. Toutefois, il a un penchant pour les sauces de légumes accompagnées de pâte. Ne lui offrez surtout pas des boissons alcoolisées. Il s’est attaché aux conseils de son Médecin et ne prend que les jus de fruits tels que les jus d’orange, d’ananas et autres. Pour lui, l’aisance et la santé financière d’un homme ne s’évaluent pas à la longueur de son ventre. En termes de loisirs, l’homme a fait ses armes au sein de l’équipe « Les Scorpions FC du Mono ». Il  pratique désormais le vélo au salon et la marche sur tapis roulant pour maintenir sa forme. Côté religieux, le 101ème invité de « Sous l’Arbre à Palabre » est un chrétien de l’église évangélique « Pentecôte de Dieu ».

La Rédaction

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1 thoughts on “L’Honorable Gérard Gbénonchi, « Sous l’Arbre à Palabre »: « Avec la gouvernance de Talon, les portes des ressources faciles sont fermées »

  1. SEHOUNKO Henri joël

    Grâce soit rendut pour le Bénin d’avoir celui ci au parlement car c’est de ceux là que le pays en ai besoin. Vive la jeunesse vive le Bénin je vous remercie .

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