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Le triomphe de la vérité

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Opération choc contre la vente illicite des produits pharmaceutiques: Talon déclenche la guerre contre les faux médicaments


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Marché international de Dantokpa, samedi 25 février. Nous sommes précisément à Adjégounlè,  cette célèbre pharmacie à ciel ouvert  où des vendeurs proposent des médicaments de toutes les classes pharmacologiques, et à des prix défiant toute concurrence. L’espace tire son nom d’une expression en langue yoruba signifiant « bonne chance » dans le commerce. C’est le deuxième jour de l’opération « PANGEA IX » qu’organise le Gouvernement béninois, en partenariat avec l’Organisation Internationale de Police Criminelle  OIPC-Interpol contre le commerce illicite de médicaments. En ce jour 2, et pour la deuxième journée consécutive, l’accès à Adjégounlè reste interdit. Policiers et gendarmes sont postés dans les allées pour le faire savoir. « La voie ne passe pas, rebroussez chemin. Allez plutôt contourner de l’autre côté », lance un policier, la mine serrée. A quelques mètres de lui, des policiers et gendarmes sont dans une boutique. Ils sont occupés à enlever des étagères des produits qu’ils font disparaître  dans d’immenses sacs. Le tout, sous le regard impuissant, mais réprobateur de la foule tenue à l’écart. Depuis la veille,  ils ont procédé à la saisie de quantités impressionnantes de produits dans cet espace. Hors du périmètre sécurisé, les bouches s’ouvrent. « Ils sont en train de faire ça depuis hier. Ils ont cassé des centaines de boutiques et ont tout ramassé. Ils bougent avec un huissier. C’est beaucoup d’argent qu’on a perdu comme ça ? Qu’allons-nous devenir ?», s’interroge un homme la mine déconfite. Non loin de lui, un autre semble las. Au téléphone, la voix à peine audible, il décrit l’ambiance à son interlocuteur à qui il finit par confesser son impuissance. Après avoir raccroché, il dit regretter le procédé. « Ils devaient nous appeler et nous donner un ultimatum. On ne nous dit rien  et on vient défoncer les boutiques et tout ramasser», fulmine-t-il avant de replonger dans ses pensées.  Partout dans le marché, le « malheur » des infortunés alimente les conversations, et chacun y va de son commentaire. Une vendeuse de denrées alimentaires tient à parler d’une commerçante qui aurait perdu connaissance, vendredi, après avoir été informée par téléphone de la situation. D’autres se disent inquiets du sort qui sera réservé aux personnes arrêtées depuis le début de l’opération. D’autres encore se soucient du devenir de ceux dont les marchandises, évaluées à plusieurs dizaines de millions de francs CFA selon certaines sources, ont été saisies. On retient que l’opération « PANGEA IX » contre la criminalité pharmaceutique ne se déroule pas qu’à Cotonou. A Porto-Novo, Djougou ou Parakou, les vendeurs exerçant dans ce circuit illicite se sont vu, eux aussi,  dépossédés de grosses quantités de produits pharmaceutiques.

Quand le Gouvernement annonçait les couleurs

Annoncée à l’issue du Conseil des ministres du 1er septembre 2016, l’opération «PANGEA IX» contre la criminalité pharmaceutique est entrée dans sa phase opérationnelle, le vendredi 24 février 2017, avec des saisies d’importantes quantités de produits pharmaceutiques. En effet, le relevé du Conseil des ministres du jeudi 1er septembre 2016, annonçait l’autorisation de l’organisation, en partenariat avec l’Organisation Internationale de Police Criminelle  OIPC-Interpol, de la semaine internationale d’action contre le commerce illicite de médicaments, baptisée « Opération PANGEA IX ». Dans son communiqué, le Conseil des ministres justifiait une telle opération par l’ampleur prise, ces dernières années dans les pays en voie de développement, le Bénin et l’Afrique de l’Ouest notamment,  par la criminalité pharmaceutique, encore appelée trafic de faux médicaments. « Cette criminalité est en lien avec le développement d’autres crimes transnationaux, notamment le terrorisme qui sévit en Afrique de l’Ouest. Ce réseau serait alimenté par des produits comme le tramadol et le diazepam qui sont des substances psychotropes illicites frauduleusement débarquées au Port de Cotonou, en transit pour d’autres destinations », ajoutait le communiqué. Et selon le Conseil des ministres, les actions à mener dans le cadre de « PANGEA IX » doivent  consister à : organiser des séances de sensibilisation à travers les mass médias pour montrer aux populations les effets nuisibles de la consommation des médicaments vendus en dehors du circuit réglementaire ; démanteler les réseaux de trafiquants de faux médicaments et engager des poursuites judiciaires contre les personnes  impliquées ; intercepter, saisir et détruire les stocks de médicaments  provenant du commerce ou de ce trafic illicite. L’opération déclenchée depuis le 24 février implique cinq ministères selon des informations relayées en septembre dernier par certains médias. Des pharmaciens seraient aussi impliqués. Contactée par téléphone dans la soirée du dimanche 26 février, une source proche de l’Ordre national des pharmaciens du Bénin (Onpb) dirigé par Dr Toukourou (absente du territoire) a déclaré que l’Onpb n’a pas été associé à cette opération. Selon cette source, il s’agit de l’’affaire du gouvernement et l’Ordre attend son achèvement pour se prononcer.

Flore S. NOBIME

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