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Le triomphe de la vérité

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Rencontre avec les dignitaires musulmans sur l’interdiction des prières religieuses dans les rues: Talon apaise et convainc les musulmans


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Rencontre de convivialité et de vérité entre Patrice Talon et les dignitaires musulmans samedi dernier au palais de la République à Cotonou. Entouré des ministres  en charge du développement, Abdoulaye Bio Tchané, de l’intérieur Sacca Lafia et de la  justice, Joseph Djogbénou,  le Chef de l’Etat a expliqué dans un franc parlé le bien fondé de la mesure d’interdiction des manifestations religieuses dans les rues. «Je ne suis pas quelqu’un qui n’est pas sensible à la douleur des gens. Non,  j’en suis très sensible. Mais je sais aussi que tout ce qui est religieux, qui prend une interprétation religieuse, il ne faut pas dire, on s’en fout, parce qu’il y en a qui manipulent cela. C’est pourquoi, tout ce qui touche à la foi, il faut en parler avec calme. C’est pourquoi, j’ai décidé de vous rencontrer» a déclaré le chef de l’Etat. S’il dit qu’il  est animé de la volonté farouche de trouver une voie de sortie,  il précisera toutefois qu’il ne peut consacrer l’occupation de l’espace public jouxtant les mosquées même s’il s’agit du vendredi. « Si on le fait, on aurait péché contre le Bénin, on n’aurait pas fait du bien à l’Islam  » a –t-il dit. « Une telle autorisation peut relever d’une contrainte circonstancielle, mais on ne peut consacrer cette pratique. Ainsi, s’il y a des manifestations de grande envergure par exemple, on peut tolérer l’occupation momentanée de l’espace public. Oui, l’occupation momentanée de l’espace public ne doit pas être considérée comme un droit. Mais ce que nous devons faire  c’est trouver les moyens, les lieux qu’il faut pour prier en toute sécurité. » a aussi indiqué Patrice Talon.
Dans un ton empreint d’humilité, le Chef de l’Etat  reconnaîtra toutefois que    la mise en œuvre des mesures de libération du domaine public illégalement occupé, et d’interdiction de manifestations civiles sur les voies publiques, a généré quelques déviances. Aussi a-t-il sollicité l’indulgence de ses hôtes par rapport à cet état de chose.  Il a promis aussi l’accompagnement de l’Etat à la communauté musulmane. Ainsi, les fêtes communautaires à caractère national (Ramadan, Tabaski, Pâques, Noël…) peuvent se passer dans la rue, encadrées par l’Etat),  persuadé que dans dix ans, par exemple il y aura des mosquées un peu partout.
Réagissant par ailleurs, à propos des activités de protestation, contrairement aux idées avancées par certaines chapelles politiques ou syndicales, le président Talon a tenu à préciser que personne ne les interdit. Au contraire, dès lors que les formalités subséquentes seront accomplies, elles seront encadrées.  Pour le chef de l’Etat, certaines décisions sont difficiles à prendre. « Mais c’est précisément la responsabilité des élus de les prendre sans craindre d’être impopulaire, parce que c’est bon pour l’avenir commun » a-t-il souligné.
Sur le cas spécifique des prières du vendredi, la communauté musulmane, par la voix de son porte-parole l’Imam Ibrahim Ousmane, a plaidé pour une dérogation parce que le vendredi, pour les musulmans, n’est pas un jour ordinaire. Mais sur  question,  le  chef de l’Etat fera cet appel : «  ensemble, forçons la marche pour réaliser de grandes choses pour notre pays… Ce sera comme un pacte. Et il faut apaiser ceux qui ne comprennent pas. »

L’intégralité du message de Patrice Talon à la rencontre avec la communauté musulmane

« J’ai été assez marqué et attristé par l’amalgame  qui a été volontairement montée et a servi d’intoxication pour remettre en cause l’esprit de l’embellissement des villes de  Cotonou, de Porto-Novo, de Parakou et autres. La volonté d’embellissement, la volonté d’investissement, la volonté de marquer notre pays  mais aussi la génération par nos actions et nos comportements, parce que le Bénin est appelé aussi à grandir comme les autres grands pays du monde, voilà notre leitmotiv. Et cette génération construit  à petits coups notre pays, apporte sa petite pierre à l’édification du développement, de l’embellissement, du changement des méthodes de mentalité. Ce que nous voyons comme grands pays, il y a deux cents ans, n’étaient pas ainsi.

« Les grands changements ne sont jamais  des actions collectives et consensuelles »
Malheureusement, les grands changements ne sont jamais  des actions collectives et consensuelles. Jamais. Il n’y a aucune  communauté au monde, quelque soit la période de l’histoire où les grands changements ont été l’effet d’un mouvement spontané et collectif. Moi,  je mesure la responsabilité qui est la mienne, la responsabilité du mandat que vous m’avez confié et je mesure la portée des décisions qui peuvent impacter vos vies, parfois difficilement aujourd’hui, mais qui seront bénéfiques à notre pays dans le temps. Je n’ai jamais été animé de mauvaise intention pour prendre une décision qui concerne tout le pays. On ne peut pas délibérément et volontairement choisir de faire mal à ses concitoyens. A la limite, la nature humaine peut décider de faire du mal à quelqu’un, nous ne sommes pas des saints. Nous avons nos colères, des vengeances. Nous pouvons jalouser sur le sentiment. C’est pour cela que d’ailleurs, nous demandons pardon à Dieu  pour nos péchés. Nous sommes donc des pécheurs, mais en général, on ne pêche pas contre l’inconnu, contre un peuple.
Il y a des pays qui sont très ordonnés comme ceux de l’Europe du nord. Moi, je ne pense pas que Dieu ait créé les hommes, pour que certains soient disciplinés et d’autres pagailleurs, parce que c’est l’histoire des peuples qui instaure l’ordre et la discipline. Dans les tropiques, il y a  des pays également très ordonnés. Moi, je vois le Rwanda avec admiration. Tout le monde en parle, de même que des pays comme le Botswana, le Malawi. Mais il y a des pays autour d’eux qui sombrent dans la pagaille. Et si la génération actuelle a un fils qui à un moment donné, veut forcer un peu les choses, ça peut être difficile, mais on peut accompagner la difficulté.

Le Bénin est un pays de pagaille
Le Bénin est un pays de pagaille. Nous sommes un véritable pays de pagaille. Mais si nous en sommes conscients, nous pouvons commencer par changer un peu les choses. Voilà un pays dans lequel, les rues sont encombrées, il y a des étalages  partout. Parfois, les weekends, les  jeudi, les vendredi, on fait des veillées de prière. Les vendredi, on occupe les rues et les trottoirs pour prier sans gène. On fait même des fêtes dans les rues, parfois avec ou sans autorisation des maires. Je ne voudrais pas donner d’exemple, mais récemment à Cotonou, pour une messe, les gens ont barré une rue et y ont érigé des bâches pendant 3 jours.

Il faut nous critiquer parce qu’on veut aller trop vite
Nous avons décidé de transformer un peu nos grandes villes et nous sommes engagés à mettre en place un programme   d’investissements importants pour agir et bitumer la plupart de nos grandes villes, paver nos rues et mettre des lampadaires. Ce programme sera mis en place avec vos impôts. Quand j’étais petit  à Cotonou, il y a avait plein d’arbres. Dans les grands pays ordonnés, l’arbre participe à la vie de la ville. Ici, on coupe les arbres comme on veut. Bientôt, nous allons instaurer une loi pour dire que si quelqu’un veut couper un arbre dans sa propre maison, il doit prendre l’autorisation du maire.  Ce sera difficile, mais on va l’instaurer. Si quelqu’un plante un arbre qui grandit, il n’a plus le droit de le couper, parce que cela devient un patrimoine commun. Il n’ya plus d’arbre à Cotonou, plus de poubelles, plus de bancs pour se reposer. C’est vrai que parfois, on peut manquer de méthode et chercher à faire les choses vite. Il faut nous critiquer parce qu’on veut aller trop vite. Là je suis d’accord. Mais il  ne faut pas nous critiquer en disant que nous n’aimons pas notre pays, nous n’aimons pas les musulmans, les catholiques parce qu’on veut interdire les chemins de croix, les prières dans les rues. Ce n’est pas pour ça, c’est parce qu’il y a un ensemble global que nous voulons commencer  à construire, que nous voulons instaurer. Quand vous allez en Algérie, on ne prie pas sur les trottoirs. Il est même interdit de prier sur les espaces qui jouxtent les mosquées, pourtant c’est un pays musulman à 80%. Dans les pays du Golfe, en dehors des jours exceptionnels, les activités de culte se déroulent dans un cadre adéquat et confortable.
Moi, je n’aime pas le mot déguerpissement
Moi, je n’aime pas le mot déguerpissement et je ne l’emploie pas, parce que ça sonne mal. Nous avons entrepris de mieux ranger la ville de Cotonou, et nous avons dit que les bâches qu’on érige  dans les rues n’existeront plus. Autant on interdit des veillées de prière dans les rues, autant on ne va plus faire des bâches les vendredis dans les rues pour les prières musulmanes. C’est vrai que toutes les mosquées ne sont pas à taille suffisante pour accueillir tout le monde, mais si on ne force pas un peu, nous allons avoir les moyens de construire les mosquées mais on ne va pas le faire, parce que la nature humaine aime se laisser aller à la facilité. La communauté musulmane est riche. Elle a les moyens de construire des mosquées partout.

Quand je regarde la mosquée de Cadjèhoun,  j’ai mal au cœur
Moi quand je regarde la mosquée de Cadjèhoun,  j’ai mal au cœur.  On a cassé cette mosquée depuis des années. Or, si on décide de la reconstruire, une année suffit. Mais comme c’est devenu confortable et spectaculaire,  on préfère  prier dans les rues.
Je ne suis pas quelqu’un qui n’est pas sensible à la douleur des gens. Non,  j’en suis très sensible. Mais je sais aussi que tout ce qui est religieux, qui prend une interprétation religieuse, il ne faut pas dire, on s’en fout, parce qu’il y en a qui manipulent cela. C’est pourquoi, tout ce qui touche à la foi, il faut en parler avec calme. C’est pourquoi, j’ai décidé de vous rencontrer. Je vais finir mon propos en vous rappelant que ce qui est ordinaire et qui relève de l’espace commun, ce sont des activités quotidiennes qui ne sont pas des activités privées. Prier les vendredis, n’est pas une activité quotidienne, ça relève de notre foi. Nous allons construire les mosquées autant qu’il faut dans notre pays et c’est comme ça que nous allons montrer à Dieu que nous participons à l’épanouissement de la parole divine, que nous participons par nos efforts, nos cotisations à la propagation de la bonne nouvelle et du comportement religieux.

Je crois fondamentalement que ce que nous faisons est bien
L’Etat peut accompagner la restauration de la mosquée de Cadjehoun. Je crois fondamentalement que ce que nous faisons est bien. Je voudrais vous prier d’excuser les dérapages et parfois la précipitation, parce qu’on va démarrer les travaux bientôt. Je voudrais également vous prier d’être le relai  de la communication nécessaire. Je vous demande d’être le relai de l’Etat, d’être nos conseillers et nos complices.  Dans quelques années, nous serons tous fiers de ce que nous avons pu bâtir ensemble. Dans 20 ans et dans 30 ans, c’est vous qui dans l’histoire, auriez le mérite d’avoir permis cela.
Je vous remercie pour votre écoute et je voudrais remercier le ciel de nous accorder la mesure,   la patience, la clairvoyance et surtout la convivialité pour que nous puissions chaque fois que c’est nécessaire d’échanger et de parler en amis,  en frères, en parents, en  père et fils, pour que ce qui est bien puisse se faire sans beaucoup de mal. Merci. »

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