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Le triomphe de la vérité

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Interdiction des manifestations religieuses dans les rues à Cotonou: Vives réactions du Père Pénoukou, François Abiola, Sacca Saley et autres


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Albert TévoédjrèLa décision d’interdiction de toute manifestation religieuse sur la voie publique fait monter la tension au sein des différentes couches de la population béninoise. Pendant que le père Julien Pénoukoun, aumônier national des cadres et des personnalités politiques, président de l’observatoire chrétien catholique de la gouvernance invite le gouvernement à revoir sa façon de gouverner, le frère Melchior, le professeur Albert Tévoédjrè estime que la Cour constitutionnelle est mieux placée pour faire parler la loi fondamentale. Le juriste Nourou Dine Saka Saley et bien d’autres béninois ont porté leur regard sur le  même sujet. 

La décision d’interdiction de toute manifestation religieuse sur la voie publique semble ne pas rencontrer l’adhésion des autorités religieuses de notre pays. Si les musulmans les plus visés sont montés très tôt au créneau pour manifester leur désaccord, l’Eglise catholique conformément à la tempérance et la modération qui la caractérisent ne semble pas non plus adhérer à la décision gouvernementale. C’est du moins ce que l’on peut comprendre de l’entretien accordé à un organe de la place par l’aumônier national des cadres et des personnalités politiques, président de l’observatoire chrétien catholique de la gouvernance, le père Julien Pénoukou. En effet, interrogé sur l’interdiction de manifestation religieuse sur la voie publique, le père Pénoukou affirme que la décision du gouvernement est «  vraiment inquiétante ». A en croire l’homme d’église, les autorités de notre pays doivent revoir la manière dont elles nous gèrent. «Je crois qu’il faudrait qu’on revoie la manière d’intervenir et de gérer les hommes», ajoute-t-il pour exprimer son désaccord vis-à-vis de la manière dont la décision d’interdiction a été prise. «Si c’est pour révéler le Bénin et réaliser un nouveau Bénin, nous sommes tous d’accord mais il y a une manière de faire », se désole-t-il. Mais au-delà de la forme, l’aumônier national des cadres et des personnalités politiques s’interroge également sur le fond de la décision gouvernementale. « En ce qui concerne le chemin de croix, j’ai plusieurs observations à faire. Le chemin de croix ou d’autres manifestations religieuses, puisqu’on a parlé des frères et sœurs musulmans qui ont été déguerpis manu militari ; c’est ce qu’on a dit. Quand on veut poser des actes de ce genre, on doit avoir la délicatesse de s’approcher des autorités concernées pour échanger avec elles et aussi les mettre à contribution parce qu’elles sont mieux situées pour expliquer à leurs fidèles et le ministre de la Justice fait partie aussi des fidèles pour leur expliquer les nouveaux jets de reformes qu’on a. On ne peut pas se lever et puis prendre des décisions et nous dire désormais qu’il n’y a pas ceci, il n’y a pas cela, mais on veut bien.», martèle le prélat. Pour le père Julien Pénoukou, l’église ou la mosquée ne s’approprie pas du domaine public. Nous, on ne fait que passer. «Pour aller au cimetière avec les cercueils, il ne faut plus passer parce que nous on ne fait que passer. On ne s’installe pas ; on ne s’approprie pas. On ne peut plus passer pour enterrer ces morts ; on ne peut plus passer pour faire des manifestations de soutien au gouvernement et puis rien dans les rues ? Non ! Non ! Je crois qu’il y a un problème de fond », a souligné le prélat avant d’inviter les autorités du pays à privilégier le dialogue. «Asseyons-nous parce qu’il ne faut pas créer des tensions inutiles. Je veux que nous nous respections et que nous prenions le temps parce que tout ce qui est fait sans le temps n’est pas respecté par le temps», a conclu le père Julien Pénoukou.

Albert Tévoédjrè  invite la  Cour à se prononcer
 
La question d’interdiction des manifestations religieuses sur les voies publiques  fait couler beaucoup de salive depuis la semaine dernière. Après la réaction de la communauté musulmane sur la forme et le fond de la mise en application de cette décision, l’aumônier national des cadres et des personnalités politiques, président de l’observatoire chrétien catholique de la gouvernance, le père Julien Pénoukoun a,  dans un entretien, montré la position de l’église catholique qui n’adhère pas à cette décision du gouvernement. Alors, la tension monte, les réunions et les rencontres d’échanges s’intensifient afin de trouver la bonne manière de faire appliquer ou non cette décision.  Face à cette situation qui mobilise les différentes parties prenantes, le professeur  Albert Tévoédjrè appelle à la clairvoyance des Sages de la Cour constitutionnelle. Pour  le frère Melchior,  ancien médiateur de la République et fervent chrétien, la haute juridiction détient sans doute la formule qui rassure. « La Cour constitutionnelle saisie par des personnes compétentes est parfaitement en mesure de rassurer les citoyens sur les droits reconnus en ce domaine par notre loi fondamentale et la bonne manière de les exercer », a-t-il déclaré. La loi fondamentale, en toute matière reste et demeure le socle et pose le fondement en termes d’organisation de la vie sociale, de respect et de collaboration entre les institutions. Les questions de la laïcité de l’Etat et de la collaboration entre les religions trouvent sans doute leurs réponses dans cette loi fondamentale, a expliqué le renard de Djrègbé.
 
Nourou-Dine SAKA SALEY, Juriste  
« À cette allure, nous finirons par nous voir interdire la célébration et le défilé du 1er Août »

« Le chemin de croix n’est pas une occupation du domaine public, mais la matérialisation de la liberté constitutionnelle de culte, et la liberté d’association et de circulation, et à ce titre le concours de la force publique pour le maintien de l’ordre public est un droit des fidèles. Ce n’est donc pas une occupation du domaine public, mais une circulation sur le domaine public. La prière musulmane du vendredi n’est pas une occupation du domaine public puisqu’elle n’est pas durable, fixe ou définitive, mais une occupation temporaire. Les fidèles musulmans marcheraient pour exercer ce culte du vendredi qu’on parlerait comme dans le cas du chemin de croix, d’utilisation du ou de circulation sur le domaine public. Le concours de la force publique est ici aussi une attente et un droit légitimes des fidèles, afin d’exercer temporairement leurs libertés de culte.
Il n’y a pas d’interdiction absolue d’occupation du domaine public.
Comme c’est le cas pour le stationnement des voitures sur des aires de parking publiques, l’occupation précaire ou temporaire est soumise à autorisation et cette occupation est tarifée ou non. Le kayikayi peulh que je suis se verrait donc interdit de conduire mes bœufs au pâturage si je devais passer sur le domaine public, aux motifs d’une occupation du domaine public, comme si je faisais un pique-nique avec mon bétail sur la voie publique ? Sachons mieux lire nos textes de lois, et différencier occupation durable et utilisation temporaire du domaine public, et les décisions seront mieux éclairées et leur exécution sans risques.
Sinon, nous apparaîtrions comme un peuple intolérant. »

Claude Djankaki, Expert en décentralisation
« Les réformes auront du mal à avoir une adhésion populaire »

« Le peuple attend plutôt ses dirigeants sur les questions de corruption, de malversations, de prévarication, de concussion, de justice sociale, d’équité et que sais-je encore. Mais là –dessus, c’est à croire qu’il faut d’abord des réformes. Mais sur les sujets qui n’ont jamais préoccupé les béninois, on en fait une priorité, une question de vie ou de mort qu’il faille régler tous travaux cessants. Franchement, les bras m’en tombent. Où sommes-nous? Où allons-nous? Pourquoi toutes ces questions absurdes ? Qui les zangbéto de Porto- Novo,les Egoungoun de Ouidah ou Cotonou, les Sakpata,les Hèbiosso,les Tohossou d’Allada,d’Abomey, de Dassa etc ont dérangé dans ce pays pour se voir infliger une interdiction de manifestation sur les places publiques…..Koooï, même au Brésil, il y a le rite de la samba, au Canada des processions.Quel est ce débat que l’on sort pour nous occuper? Le Bénin mérite mieux. Arrêtons ce débat qui pourrait entacher la cohésion nationale. A cette allure, les nobles ambitions de réformes auront du mal à avoir une adhésion populaire ».

Wandji A.

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