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Le triomphe de la vérité

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Fallilou Olaonikpèkoun, Secrétaire Général de la FAAB: « Il y a beaucoup d’auto-écoles clandestines au Bénin »


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Les réformes du régime du Nouveau départ n’ont pas épargné le domaine de l’enseignement de l’éducation routière. Les auto-écoles qui, durant plusieurs années végètent dans une concurrence déloyale avec à la clé une mauvaise organisation dans l’obtention des permis de conduire, sont désormais face à de nouvelles mesures prêtes à redonner une nouvelle image au secteur. Le Secrétaire général de la Fédération des auto-écoles agréées au Bénin (FAAB), vice-président de l’Association départementale des promoteurs professionnels d’auto-école de l’Atlantique-Littoral (ADEPA) et promoteur d’auto-école « La Solution plus », Fallilou Olaonikpèkoun, revient sur les efforts déjà consentis grâce au leadership du nouveau Ministre des Infrastructures et des transports, Hervé Hèhomeyet du Directeur de l’Agence nationale des transports terrestres (ANaTT), Thomas Agbéva. Il n’a pas manqué d’exiger à ce qu’un travail soit fait dans la lutte contre les auto-écoles illégalement réparties sur l’étendue du territoire. Lisez……………

L’Evénement Précis : Comment se porte aujourd’hui le secteur de l’auto-école au Bénin ?

SG/FallilouOlaonikpèkoun : Aujourd’hui, l’auto-école se porte bien par rapport aux réformes en cours. Mais, il faut souligner qu’elle souffre assez face à la concurrence déloyale qu’on observe dans le secteur.

A quoi est due cette concurrence ?
Vous savez, avant d’entamer une activité dans notre domaine, vous êtes obligé de constituer un dossier, le déposer pour avoir l’autorisation du Ministre des travaux publics. Mais, il y a des auto-écoles qui ouvrent leurs portes sans avoir cette autorisation et qui exercent leurs activités en toute liberté. Ce phénomène ne peut pas permettre que le secteur aille mieux, parce que ces derniers qui opèrent dans l’illégalité ne peuvent pas pratiquer les prix qu’il faut pour que nos populations aient une bonne éducation routière. Le nombre d’auto-école qui opère dans la clandestinité dépasse le nombre qui respecte les normes aujourd’hui. Nous avons ainsi des difficultés sur ce plan et nous demandons vivement aux autorités d’y réfléchir.

Quel est l’impact de cette floraison des auto-écoles sur l’éducation routière, vu que tout le monde ne conduit bien à Cotonou ?
Cette réalité n’assure pas une bonne éducation routière. Après l’étude de dossiers, la direction des études, de  la réglementation et du contrôle (DERC) de l’ANaTT fait des descentes dans les auto-écoles pour constater le matériel et le personnel de chaque structure. A partir du moment où ce travail n’a pas été fait au niveau de ces auto-écoles, on ne peut pas attester de la qualité de l’enseignement qui est donné dans ces écoles. Puisque l’auto-école n’est pas régulièrement enregistrée et on ne sait pas qui fait quoi. Mais, il faut aussi souligner que ces auto-écoles continuent d’évoluer de façon illégale parce qu’elles sont soutenues par des auto-écoles régulièrement inscrites. Les auto-écoles ne délivrent pas de permis de conduire mais elles sont là pour former. Une fois au terme de la formation, ces candidats sont présentés aux examens d’Etat via l’Agence nationale des transports terrestres. C’est au bout de ces examens théoriques que sont déclarés admissibles les candidats qui doivent aller faire la phase pratique. Il peut arriver qu’une tentative de fraudes puisse intervenir et les auteurs en répondront.

Face à cette situation, quel est l’état des lieux du domaine de l’auto-école de ces dix dernières années ?
Nous sommes mécontents de la manière dont les choses se sont passées, ces dix dernières années. L’état des lieux est sombre, le tableau est mauvais. Le système d’organisation du permis de conduire était dans un état de déconfiture total. Il y a eu tout un problème autour de l’organisation et de la délivrance des permis de conduire, au long de ces dix dernières années.  Nous ne savions pas comment les choses se passaient. C’est alors en 2014 que nous nous sommes constitués  en fédération, avec des associations qui essayaient de régler leurs problèmes avec les services décentralisés et l’ANATT. Nous avons ainsi mis sur pied une organisation dans le but de défendre nos intérêts. C’était en 2014 sous la houlette de l’ancien ministre Aké Natondé, qui nous a soutenus et permis de nous mettre en corporation pour défendre nos intérêts. Depuis 2014, nous avons commencé par demander à ce que les choses s’améliorent et que les textes en vigueur dans la corporation soient sortis et mis en application. Beaucoup de textes avaient été mis sous le paillasson puisque leur application allait gêner les intérêts.

Qu’est-ce qui a été fait ?
Après la mise sur pied de la Fédération des Auto-écoles Agréées du Benin(FAAB), nous avons commencé par demander à la Direction générale  des transports terrestres qui est aujourd’hui l’ANaTT, qu’un certain nombre de choses soit corrigées. Les choses n’ont pas été aussi facilitées par la politique qui existait au sommet de l’Etat. Rien ne bougeait. Nous étions confrontés aux agents puisque c’est nous qui étions là pour déranger les intérêts. Notre objectif était de sécuriser le secteur d’activités que nous avons embrassé qui est un secteur clé parce qu’il n’y a pas d’erreurs en circulation. Les erreurs, c’est les accidents et nous savons ce que cela engendre. Depuis que notre organisation a été mise sur pied, nous avons échangé  avec les directeurs qui se succédaient à l’agence pour que les choses puissent aller au meilleur des cas. Mais cela n’a pas été facile. Pendant les dix dernières années, nous n’avons rien obtenu pour améliorer le système de permis au contraire, ça s’est dégradé au jour le jour. Mais, il faut souligner que les directeurs n’avaient pas la volonté de changer le système.

Nous sommes à l’ère de la rupture et au regard des réformes qui interviennent dans les autres domaines dont celui de la santé, le secteur de l’auto-école n’est sûrement pas épargné. Parlez-nous-en
Je ne sais pas si des réformes ont été annoncées dans le Programme d’actions du gouvernement et qui touchent le secteur mais, il y a eu du concret au-delà des annonces. Le 13 mai 2016 dernier, nous avions rencontré le ministre  après sa prise de service et nous lui avions fait part de nos doléances dans le but d’avoir des améliorations et des solutions aux problèmes que nous avons dans notre domaine d’activité. C’est le moment de remercier le ministre car, lors de cette rencontre, il a affirmé que plus rien ne sera comme avant dans le système d’organisation et de délivrance de permis de conduire. Ce qui a été constaté aujourd’hui. Et depuis août 2016, le permis de conduire est délivré aux méritants. Plus personne ne peut avoir un permis parce qu’il a un parent dans une institution donnée. C’est terminé. Aujourd’hui, les permis de conduire sont disponibles. Je suppose que vous avez fait un examen dans le mois de novembre. Ces permis sont disponibles avant l’examen du mois de décembre. Or par le passé, il faut attendre plus de 8 mois avant d’avoir son permis. Aussi, l’examen est simultané. Il est organisé le même jour sur toute l’étendue du territoire ce qui fait qu’une fois terminé, tous les agents rejoignent leur poste pour le traitement. C’est énorme.

C’est donc pour cette raison que les prix ont connu une hausse
Les réformes doivent amener à une augmentation des prix. Aujourd’hui dans la sous-région, le permis béninois est côté malgré les tares qu’on rencontrait. Il faut aussi dire que le permis était donné. Aujourd’hui, par rapport aux réformes en cours à l’ANaTT, il fallait cadrer le prix vu que le format du permis doit changer et être en conformité avec ce qui se fait dans la sous-région. Les auto-écoles sont obligées de s’appliquer pour exiger le prix qu’il faut. Il n’y a plus de fantaisie. Si les populations se laissent berner par la réduction du prix à cause de la promotion dans une auto-école, c’est à leur risque et péril. Aujourd’hui, le minimum qu’on peut prendre pour former quelqu’un et s’assurer qu’il passera le temps qu’il faut, c’est-à-dire les 20 heures de conduite, c’est à 125.000FCFA. Il y a des auto-écoles qui sont bien équipées et qui peuvent revoir leur prix à la hausse. Les réformes annoncées n’ont rien à voir avec l’augmentation du prix. Ces réformes sont d’ordre technique par rapport à l’organisation du permis. Il fallait, à ce niveau, faire un état des lieux, faire un diagnostic pour trouver des solutions et régler les problèmes. Nous savons ce que tous les ministres qui sont passés à la tête de ce ministère ont fait mais lorsque le ministre actuel s’est installé, il a dit que nous allons souffrir au regard des réformes qui seront engagées puisque nous le demandons. Et nous le constatons au niveau des textes, des arrêtés. Le comité de suivi de l’organisation des permis de conduire a été mis sur pied et s’est mis au travail alors que l’arrêté a été signé depuis 2008. Nous avons analysé les maux dont souffrait l’organisation et nous apportons les solutions de façon collégiale avec l’administration. Aujourd’hui, en temps que responsables d’auto-écoles, nous sommes au cœur de l’organisation des permis de conduire et je peux vous dire que les plaintes que nous recevions au niveau de nos secrétariats rependus sur toute l’étendue du territoire ont considérablement baissé. Aujourd’hui, il y a eu un état des lieux qui a été fait à l’ANaTT suivi d’un redéploiement du personnel. Nous pouvons dire qu’à la date d’aujourd’hui, le secteur du permis de conduire se porte mieux et il est délivré aux méritants.  Lorsque vous travaillez, vous réunissez les notes qu’il faut, vous aurez votre permis de conduire. C’est le lieu de féliciter le Directeur général Thomas Agbéva ainsi que ses directeurs techniques qui font un travail formidable sur le terrain. Si le permis de conduire est délivré aujourd’hui aux plus méritants, cela bloquera la voix à ceux qui pensent que c’est une activité à pratiquer quand on n’a rien à faire. Si au niveau de l’ANaTT, les examens sont bien organisés, nous, promoteurs d’auto-écoles, nous allons nous mettre au travail. Mais si le premier responsable ferme les oreilles, les mêmes choses vont revenir. Aujourd’hui, le secteur se porte mieux et cela est à mettre à l’actif du Ministre et du Directeur de l’ANaTT.

L’une des réformes du nouveau départ est la création d’une flotte de taxi dans la ville de Cotonou. Ce qui nécessite le recrutement de conducteurs ayant une bonne notion de l’éducation routière. Comment votre association compte jouer sa partition dans ce projet ?
Si ceux qui sont en charge de cette réforme nous sollicite, nous apporterons notre expertise à ce projet. Nous l’avons appris et si déjà l’Etat central a un tel projet, il voudra passer au recrutement des chauffeurs. Nous serons obligés d’être tatillon sur le professionnalisme que le candidat aurait reçu. Mais il y a un problème. Si les gens ont le permis et ne maîtrisent aucun code de la route, le taxi que l’Etat mettra à leur disposition va vite s’amortir, les passagers qui sont censés être transportés seront en insécurité. Aussi, l’investissement qui sera fait doit être pérennisé parce que si j’utilise mon taxi au mieux sans qu’il n’entre en collision avec un autre, ça serait remboursable et je permets aussi à d’autres jeunes d’en bénéficier. Cela part de la formation que ces derniers vont recevoir par rapport au code de la route. Leur  lieu de travail sera la route qui a des règles et si elles ne sont pas respectées, si les permis sont distribués de façon amicale, le projet de l’Etat n’ira pas à son terme.

Cela relève encore de la responsabilité de l’ANaTT. Quelles sont vos relations avec  les agents des transports terrestres ?
Il n’y a pas de guéguerre entre les promoteurs d’auto-école et les agents des transports terrestres, pour deux raisons. La première est que nous ne sommes pas dans le même domaine d’activité. Ces agents représentent l’administration et organisent le permis de conduire. A notre niveau, nous formons les candidats, déposons les dossiers qu’ils se chargent d’examiner. La seconde raison est que nous sommes des partenaires parce que si nous ne présentons pas de candidats, aucun permis ne pourra être délivré. A partir de ce moment, nous sommes obligés de nous entendre. Par rapport aux réformes, c’est normal qu’il puisse avoir des problèmes parce que chacun a sa vision. La nôtre est que tout change au sein du secteur, que ceux qui veulent travailler dans la corporation restent et que les autres aillent faire autre chose. Il y a des responsables d’auto-écoles qui ont des parents dans l’administration et que les réformes n’arrangent pas. C’est normal que cette contradiction entraine des guéguerres mais tout ceci ne peut pas freiner la vision et les ambitions que nous avons pour l’ensemble de la corporation. Nous avons l’habitude de dire à l’ANaTT que nos rôles sont différents mais qu’il faudrait tout de même travailler ensemble pour que les choses s’améliorent. Le Directeur général de l’ANaTT a très tôt compris qu’un secteur d’activité ne peut pas marcher si les acteurs ne sont pas impliqués. Tout n’est pas rose mais nous arrivons à nous entendre. Nous apportons des approches de solutions à l’organisation du permis de conduire et on réfléchit sur comment améliorer cela. Chacun n’est pas de trop quand il s’agit de mieux faire et de bien faire. Comme le dit Thomas Agbéva, « il y a plus dans deux têtes qu’une tête ». Il faudrait qu’ils comprennent que nous sommes des acteurs en qui ils ont fait confiance et nous essaierons d’apporter notre toute petite expérience pour que les choses aillent mieux.

Nous pouvons alors dire que l’auto-école a de beaux jours devant elle ?
Je peux vous dire que l’auto-école a de beaux jours devant elle, si les choses continuent à être ainsi et si les réformes sont exécutées. Cela dépendra du travail de chacun. Aujourd’hui, vous ne pouvez plus entendre quelqu’un dire qu’il a eu son permis de conduire grâce à l’intervention de telle personne. Cela peut revenir mais nous sommes encore là et nous allons veiller à ce que cela ne revienne pas. Tant qu’il y a à faire, rien n’est encore fait. Je demande au Ministre et aux responsables de l’ANaTT de commencer par réfléchir pour trouver une solution pour arrêter la saignée. Les auto-écoles installées illégalement sur l’ensemble du territoire national n’honorent pas le ministère.

Que faut-il faire, selon vous ?
Pour remédier à ce problème, il faut recenser ces auto-écoles, les identifier, les fermer, retrouver et sanctionner ceux qui les aidaient à présenter leurs dossiers aux examens de permis de conduire. Il faut punir et le voleur, et le receleur. Ce n’est que de cette manière qu’on peut sauver des vies parce qu’une erreur en circulation se paie et les dégâts sont constatés sur le terrain. Il faut aussi essayer de sauver et de sauvegarder l’emploi de ceux qui ont régulièrement été enregistrés. Notre association avait mené cette lutte sous l’ancien régime mais, nous avions été déçus. On nous a même dit que la lutte contre les auto-écoles illégalement installées n’était pas l’apanage d’une association mais l’administration. Nous avions compris qu’ils étaient conscients du fléau mais personne ne voulait lever le doigt pour le combattre. Un Directeur général  a même dit que s’il avait un bâton magique, ce ne serait pas pour aider les auto-écoles. Chacun trouvait son intérêt dans le système mafieux qui était autour du permis de conduire. Dans le temps, nous avions écrit au Président de la République, au Préfet et autres, mais personne n’était allé à notre secours. Nous nous sommes sacrifiés sans le regretter puisque nous voyons aujourd’hui, une lueur d’espoir. Nous avons remarqué que les réformes du régime de la rupture ont apporté une rupture des mauvaises pratiques du secteur et nous ne pouvons souhaiter que cela continue ainsi pour que, non seulement les promoteurs d’auto-écoles puissent se remettre au travail, mais aussi pour sauver des vies. Aujourd’hui, on n’enverra sur les routes que ceux qui ont le bagage qu’il faut pour conduire. Le tout ne suffit pas de voir les avantages autour mais penser à la population. Conduire, c’est garantir la sécurité des autres et la vôtre.

Quel est votre mot de fin ?
C’est de dire aux populations et à ceux qui désirent avoir le permis de demander à avoir l’autorisation de l’auto-école. Je dis merci à Agbéva qui concrétise nos rêves. Merci à ses directeurs techniques qui nous ont joints à eux dans l’organisation en toute transparence du permis de conduire. Nous sommes là pour accompagner non seulement l’ANaTT mais le gouvernement en vue d’atteindre son objectif.

Interview réalisée par Rastel DAN

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