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Le triomphe de la vérité

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Michel Gohou, artiste comédien humoriste ivoirien: «On ne m’a pas écarté de Ma Famille »


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Michel Gohou est l’invité de votre rubrique hebdomadaire, « INVITE DU LUNDI ». L’humoriste ivoirien qu’on ne présente plus, parle de son actualité, son aventure dans la série ivoirienne « Ma famille » dont la suite est en train d’être tournée. Bel et bien dans le casting de « Ma grande famille », la nouvelle  formule de la série qui s’élargit à tout le continent africain et dont le tournage est déjà bien entamé, Michel Gohou en profite pour répondre à certaines rumeurs colportées sur sa personne. Il parle aussi du différend qui l’a opposé à Akissi Delta, la productrice de la série. Meurtri par la mort de sa collègue et Marie-Louise Asseu, la célèbre Malou de « Ma famille », Gohou lui rend un vibrant hommage. Il évoque aussi ses liens avec certains artistes  béninois avant d’appeler tous les africains à l’union.

L’Evénement précis : Que devient Michel Gohou ?

Michel Gohou : Gohou n’a pas changé, Gohou est resté tel qu’il est. Gohou est resté Gohou, voilà. C’est mon métier, je l’ai choisi depuis ma tendre enfance. Je reste moi-même, la tête sur les épaules. Je me suis fixé des objectifs et je suis en train de  constater que je suis peut-être à mi-parcours. Mais on y va, c’est devant qui est intéressant. Allons-y seulement, comme le dirait l’autre.

 

Quel bilan faites-vous de  « Ma famille », la célèbre série ivoirienne qui a accru votre célébrité et dans laquelle vous teniez l’un des principaux rôles ?

Ce qu’on peut retenir de « Ma famille », c’est tout ce que vous avez vu. Et c’est à vous que je dois poser la question, moi je n’ai été qu’un simple acteur de « Ma famille ». L’élément révélateur de Michel Gohou, c’est les Guignols d’Abidjan. Les Guignols d’Abidjan était déjà connu longtemps avant « Ma famille ». Peut-être que la série « Ma famille » est venue ajouter un petit grain de sel. « Ma Famille » a été lancée, a fait son petit bonhomme de chemin et je crois que les gens l’ont apprécié à sa juste valeur. Nous sommes arrivés à un moment où on constatait des répétitions. Ça fait des années maintenant qu’on a arrêté « Ma famille ». La productrice a décidé d’arrêter pour se faire une peau neuve. Ce qui a été fait. La reprise avait été annoncée, elle est effective. Les tournages ont commencé depuis mais, pour le moment, je ne suis pas entré en lice.

 

Il paraît que cela est dû à une brouille entre la productrice, Akissi Delta et vous.

Il n’y a pas de brouille. C’est comme dans un foyer où l’homme et sa femme  s’engueulent, mais vivent ensemble. Akissi Delta et moi sommes des collègues avant de nous retrouver dans « Ma famille ». C’est donc tout à fait normal que de temps en temps, il  y ait des prises de bec.  Si la vision n’est pas la même, à un moment ça suscite des supputations, mais on finit par se mettre autour d’une table pour discuter. On arrive toujours à s’entendre sur notre désaccord et on continue notre bonhomme de chemin. Ce qui s’est passé entre temps a été un malentendu entre la productrice et quelques acteurs, mais tout est rentré dans l’ordre et depuis, on a tous donné notre accord pour participer à la suite de « Ma famille ». On ne m’a pas écarté, je fais partie du casting. Je devais tourner déjà le mois passé. Le programme avait été fait quand j’ai perdu ma mère. Il fallait organiser les funérailles et du coup, ma participation a été reportée automatiquement. Ceux qui disent que j’ai été écarté de « Ma famille » ne sont pas dans la vérité. C’est moi qui vous dis que je suis dans le casting. Si je n’en fais pas partie, rien ne m’empêche de vous le dire. Je suis bel et bien dans le casting, le scénario est là mais je n’ai pas encore commencé le tournage. Et comme ça se tourne compartiment par compartiment, j’arriverai à tourner mes partitions, il n’y a pas de souci.

 

La série a suscité des polémiques en raison du décès de plusieurs acteurs. Certaines personnes y ont vu une main invisible. Qu’en dites-vous ?

Malheureusement, nous sommes en Afrique où on voit toujours les choses d’un mauvais œil. Vous savez, chez les Occidentaux, on a connu des super stars qui ont disparu, fauchées par la mort, mais personne n’a parlé de mysticisme. C’est dommage qu’en Afrique, dès qu’il y a un décès, on voit une main lugubre derrière. La mort prend qui elle veut. C’est Dieu qui donne la vie, c’est Dieu qui la reprend. S’il décide d’arrêter ta vie aujourd’hui, Il l’arrête. Il n’a pas demandé ta permission avant de te la donner. Donc, ce qui se passe dans Ma famille, est naturel. C’est parce que ce sont des personnes déjà connues que ça fait du bruit. Quand vous rentrez dans des hôpitaux, il y a des malades qui ne sont pas des artistes ; si vous allez dans les morgues, vous verrez plein de corps, et ce n’est pas que des artistes. Donc, qu’on arrête de dire que dans tel ou tel groupe, s’il y a des décès, c’est parce qu’il y a des mains lugubres, il y a la sorcellerie. Je pense qu’on doit voir mieux, on doit voir plus loin que ça.

Parlons maintenant de votre aventure avec le Groupe Canal + à travers « Le Parlement du rire ».

(Rires). Il faut reconnaître que celui qui tire la tête de cette émission, c’est Mamane. (Parlant de l’émission) Mamane, c’est vrai qu’il est malhonnête, mais on est dedans, comme dirait ma sorcière bien-aimée, on est dedans, on avance. Mais c’est vraiment une association de malhonnêtes. Mamane est le premier, Digbeu Cravate suit, et c’est dommage que Charlotte Ntamack soit parmi les malhonnêtes. Franchement, je suis le seul honnête parmi eux et on avance. (Il reprend son sérieux). On a connu Mamane en 2010 à travers ses rubriques à la radio. On s’est croisés à Paris lors de son émission + d’Afrique. Il nous a reçus sur le plateau avec Robert Brazza. On a vraiment communié, on a partagé de bons moments et c’est là que l’idée est venue de travailler ensemble. Il nous a dit « Je viendrai à Abidjan pour vous croiser et puis je vais vous présenter un projet. Si ça vous sied, j’aimerais travailler avec vous ». Après notre tournée, nous sommes revenus sur Abidjan et, effectivement il est venu. Il a étalé ses projets. Il fallait essayer quelque chose. C’était un challenge. J’étais dedans et voilà. C’est ce qui donne Le Parlement du rire, Abidjan capitale du rire, et bientôt Gondwana Tv.

 

II paraît que l’aventure avec Canal + se poursuit sur le grand écran avec le tournage d’un film. Vous confirmez ?

Cette information est vraie. Effectivement, nous avons un projet de tournage de film avec Mamane. Ça s’appelle Bienvenue au Gondwana. Bienvenue au Gondwana est effectivement tourné, bouclé et nous avons eu la grande première au cinéma Majestic à Abidjan. Ça sort à Paris dans près de 200 salles de cinéma déjà programmées. Bienvenue au Gondwana est une production française. C’est un melting-pot d’acteurs français, africains. Parlant d’acteurs africains, il y a eu des congolais, des camerounais, de gabonais, des burkinabè, des nigériens, des togolais… Le tournage s’est passé dans de très bonnes conditions et le résultat, vous allez le voir bientôt, parce que le film va arriver ici aussi en promotion.

L’aventure avec  Canal + vous aurait donné  la grosse tête, au point où vous ne voulez plus travailler avec vos collègues d’Abidjan que vous auriez même nargué…  

(Rires). Est-ce que ça me ressemble, cette information ? Ça ne me ressemble pas du tout. Moi je suis un homme, je respecte tous ceux qui sont en face de moi. Je n’ai de mépris pour personne. En toute chose, il y a un début. Moi, j’ai commencé difficilement. Je sais d’où je viens et quand je vois les gens qui se lancent dans ce métier et qui  ont tous les problèmes, si je n’ai pas de possibilités pour les tirer vers le haut, je n’ai pas le droit de me moquer d’eux. Parce que c’est Dieu qui donne la gloire. Il te donne la gloire aujourd’hui et demain Il peut te l’enlever. Quand Il te donne la gloire, il faut savoir la saisir et partager avec les autres. Tu es au sommet, tu te moques de ceux qui sont en bas. Mais si Dieu te lâche demain, tu peux dégringoler plus bas que ceux que tu as laissés. Franchement, cela ne me ressemble pas du tout. J’ai reçu une éducation qui ne me permet pas de me comporter de cette manière-là.

Vous êtes au Bénin où votre côte de popularité est au beau fixe. Connaissez-vous les artistes béninois, et quelles relations avez-vous avec eux ?

Bien sûr ! J’ai déjà tourné des films ici avec Laha Productions. J’ai tourné dans un film avec Eric Dèdèwanou du Groupe H2O, même s’il vit en Hollande maintenant. On est resté de bons amis, et lors de mon mariage, il est venu me soutenir jusqu’à Abidjan avec son ami Assomption. Je connais Zeynab, on s’est rencontré plusieurs fois sur des plateaux de spectacles, je connais « As de Pique ». Je me suis quand-même fait pas mal d’amis ici. Il y a encore un frère, le président KPG, je ne sais pas si vous le connaissez. Voilà. Il y a de bons rapports entre nous.

 

L’actualité, c’est aussi le décès de Marie-Louise Asseu. Une grande dame de la comédie africaine avec qui vous avez beaucoup travaillé. S’il vous était demandé de lui rendre hommage, que diriez-vous ?

C’est lourd quand-même. C’est lourd et compliqué à la fois de rendre hommage à Marie-Louise. Marie-Louise, je l’ai connue quand on se cherchait dans ce métier. On avait quand-même des objectifs à atteindre. On s’est fixé ces objectifs, on s’était dit qu’il fallait se donner les moyens d’y arriver. Avant même Les Guignols d’Abidjan, on se pratiquait sur les planches. On a vécu les difficultés des planches ensemble depuis les années 80. Nous avons monté des pièces de théâtre ensemble. Nous avons voyagé ensemble à travers les pays africains, même si à l’époque le théâtre ne payait pas beaucoup. Nous sommes même venus jouer ici au Bénin, à Porto-Novo. Nous avons été au Burkina-Faso, au Niger, au Mali avec les pièces que nous avions montées avec Marie-Louise Asseu. Bonne comédienne,  c’est une boule de scène aussi, qui sait ce qu’elle veut. Avec les téléfilms, comme c’est une battante, elle a pu se faire de la place dans ce métier assez difficile. Aujourd’hui, nous perdons une actrice de renom, une actrice extraordinaire. Mais, malgré ton talent, quand la mort arrive, elle arrive. C’est Dieu qui est au contrôle de tout ça. Il s’en fout de ce que tu es. Quand Il décide de te reprendre son souffle, Il le reprend. Nous restons dans la tristesse, nous restons vraiment les mains baissées, parce qu’on n’a pas d’autres possibilités, d’autres moyens. Si on pouvait la ressusciter, on le ferait mais on n’en n’a pas les moyens. Ce qu’on peut faire, c’est prier pour le repos de son âme, partout où on se trouve. Avant de monter sur scène, il faut avoir une pensée pieuse pour tous ceux qui ne sont plus de ce monde et qui ont vraiment lutté pour relever ce métier qui est assez compliqué, mais qui n’ont pas pu arriver jusqu’au bout.

Beaucoup d’artistes meurent parce qu’ils sont abandonnés à leur sort une fois malades. La santé des artistes ne devrait-t-elle pas préoccuper, étant donné le rôle qu’ils jouent  au sein de la société?

L’appel a été lancé. L’appel est lancé. Chaque jour que Dieu fait, nous lançons cet appel. Mais vous savez, c’est compliqué. C’est compliqué en Afrique. Quand on sait que l’art est assez compliqué, l’artiste c’est quelqu’un qui n’a pas sa langue dans la poche. C’est quelqu’un qui parle beaucoup. Il est capable de tirer à boulets rouges sur son bienfaiteur si ce dernier dévie. Et les politiques n’aiment pas beaucoup collaborer avec les artistes. Aujourd’hui c’est dommage, nous sommes  effectivement laissés à nous-mêmes. A force de crier, il y a le Bureau ivoirien des droits d’auteurs qui a mis une assurance à la disposition des artistes, mais là encore il faut se donner les moyens pour pouvoir s’assurer, parce que ce n’est pas gratuit. C’est vrai que le coût est revu à moitié. Ceux qui arrivent à joindre les deux bouts peuvent se l’offrir. Il y a des artistes qui n’arrivent vraiment pas à trouver le quotidien, pour qui payer le loyer est toute une histoire. On ne va pas demander à celui-là d’aller prendre une assurance, même si elle est de 50.000.  Ce n’est pas facile. Nous leur demandons de faire encore plus d’efforts pour pouvoir amener tous les artistes à s’assurer. Ça ne coûte rien à l’Etat d’assurer les artistes, à leur donner un statut d’artiste, et s’occuper vraiment d’eux. Parce que quand les politiques ont des problèmes, c’est les artistes qu’on appelle pour pouvoir les égayer. Et puis, quelque part, les artistes sont les ambassadeurs du pays. Quel que soit x, quand l’artiste sort, il sort avec le nom du pays. A ce titre-là, on lui doit respect et considération.

Michel Gohou, vous avez la parole pour clore cet entretien

Je salue tous les lecteurs de ce journal. Je leur souhaite une bonne année 2017. Que cette année vienne avec tout le bonheur qu’on avait l’intention d’avoir, les années précédentes. Que 2017 balaie toutes les calamités. Beaucoup de bonheur, c’est-à-dire la santé, les moyens et tout ce dont on a besoin de positif pour pouvoir avancer. La volonté seule ne suffit pas. Tant que Dieu n’accepte pas, c’est difficile. On prie Dieu pour que cette année 2017 soit l’une des meilleures pour tout le monde, pour tous vos lecteurs, pour tous les africains. Serrons-nous les coudes, regardons dans la même direction, prions pour que nos gouvernants, nos politiques aient pitié de nous, pitié du peuple et se mettent autour d’une même table pour constituer l’Union africaine. Avec l’union on pourra construire une autre Afrique, mais si on part en rangs dispersés, on restera toujours sous l’emprise des autres qui viendront toujours pomper nos richesses au détriment de la population. Il faut que nos politiques se réveillent et qu’on regarde dans la même direction pour construire une nouvelle Afrique. Et que surtout, les frontières soient levées entre pays africains. Que l’africain ne soit pas obligé de payer le visa pour rentrer dans un pays africain. Merci.

Réalisé par Flore S. NOBIME

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