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Le triomphe de la vérité

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Edito: Talon et le PRD


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Dès le 21 mars 2016, 24h après le second tour de l’élection de l’année dernière, le PRD s’est fait clair : il soutiendra Patrice Talon. Dans le point de presse destiné à l’époque à clarifier sa position, l’Honorable Augustin Ahouanvoébla, Président du Groupe parlementaire PRD, avait insisté sur le fait qu’il s’agissait pour le parti de rester conforme aux résolutions d’un Conseil national du PRD tenu le 22 février 2014 à Ifangni, conseil qui aurait décidé de sortir le parti de sa posture d’opposant.
Qui se souvient encore des mots élogieux de l’honorable Ahouanvoébla, ce jeudi 22 décembre au sortir du premier discours du Chef de l’Etat sur l’état de la nation ? Il disait entre autres ceci : « Le président Patrice Talon est un leader parce qu’il est doté de l’intelligence, du pouvoir financier et du pouvoir d’Etat. Par conséquent, j’estime qu’avec ses atouts, l’image du Bénin va changer. » Et il avait ajouté ceci : «  Le président Patrice Talon, quand il parle, il a la force de la persuasion. Il est convaincu de ce qu’il veut faire. C’est un homme très ambitieux pour lui-même d’abord et il sait que son ambition doit rejaillir sur son pays. Vous allez vous rendre compte que nous ne nous sommes pas trompés. »
Voilà donc qui a le mérite d’être clair. Si vous doutiez encore de la volonté du Chef de l’Etat à travailler avec le Président du PRD, suivez donc ce que Patrice Talon lui a dit le 16 décembre 2016, en guise de conclusion à la présentation du PAG. Il lui a littéralement demandé d’être son avocat auprès du parlement pour que les réformes annoncées soient accompagnées par les députés. Et les discours tenus ce vendredi 13 janvier lors de la présentation des vœux du PRD n’étonnent plus grand monde. Le parti en a marre de faire l’opposition. Il l’a martelé lors des campagnes électorales passées, et ne se cachera donc pas pour soutenir le pouvoir en place.
Le PRD a probablement raison. Après plus de vingt ans d’opposition, les cadres du parti sont tenus loin des postes de responsabilité. Les opérateurs économiques marqués PRD, et même ceux qui ont commis le péché d’être né dans  l’Ouémé, ont été systématiquement écartés des marchés publics. Sans compter que les localités estampillées PRD ont souvent été ostensiblement écartées des projets de développement, que ce soit sous Boni Yayi ou sous Mathieu Kérékou. C’est du moins la conviction des pontes du parti qui ont désespérément cherché une voie de sortie en s’accrochant au radeau Lionel Zinsou l’année dernière. Désormais, la page Zinsou étant tournée, le parti attend de voir si les promesses de l’ère Talon porteront les fruits escomptés.
Ce soutien affiché vient même à point nommé. Patrice Talon a plus que jamais besoin des dix députés PRD qui devraient s’ajouter aux nombreux transfuges des FCBE ainsi qu’aux six RB. Mais le chemin reste encore long. Sur les 33 députés FCBE, 13 sont presque déjà dans le camp présidentiel, mais une bonne vingtaine restent des inconditionnels de l’ancien régime. Ils seront difficiles à manœuvrer.
Le mal, c’est que pour des raisons économiques compréhensibles, Patrice Talon ne souhaiterait pas se lancer dans une campagne électorale coûteuse en vue d’un quelconque référendum constitutionnel. Faire passer le texte à l’Assemblée nationale est une option que son équipe étudie sérieusement. Et dans tous les cas, le Chef de l’Etat aura besoin de 62 députés pour que le texte soit pris en compte à l’Assemblée nationale et de 66 voix pour passer définitivement, sans avoir besoin du truchement référendaire.  Il doit pour cela frapper à toutes les portes, séduire tout le monde pour que son projet passe.
Si l’on sait que la révision est l’axe majeur des réformes promises, on voit pourquoi Patrice Talon y attache un prix énorme. Ce sera clairement  le symbole le plus éloquent  de sa réussite ou de son échec. Et il sait surtout que les yayistes attendent dans leur coin pour se venger.
La durée du mariage de raison entre le PRD et Patrice Talon est donc tributaire de la première condition : faire passer la révision.  Adrien Houngbédji réussira-t-il à jouer le jeu pour clouer le bec à tous ceux qui pensent que son parti est un ouvrier de la vingt-cinquième heure ? Toute la question est là.

Par Olivier ALLOCHEME

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