.
.

Le triomphe de la vérité

.

Entretien avec Emmanuel Sheyi Adebayor: «Nous voulons marquer cette CAN 2017 »


Visits: 3

adebayor-sheyi-adeRencontré en son domicile, sis à Totsi (Lomé), Emmanuel Sheyi Adébayor, très relaxe, s’est prêté sans détour, à nos questions. S’il s’est montré compréhensif vis-à-vis des Eperviers locaux défaits en trois sorties, lors du tournoi de l’Uemoa, il ne veut pas voir les Eperviers A faire piètre figure à la prochaine CAN. Une CAN pour laquelle il a décidé de se consacrer entièrement. Lisez plutôt.

L’Evénement Précis: Le Togo, votre pays, abrite le tournoi de l’intégration de l’Uemoa.  Nous sommes à la dernière journée des matches de poules. Quelle est votre appréciation sur la performance des Éperviers locaux?

Emmanuel Sheyi Adebayor: J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt, tous les matches du Togo. Et je peux vous dire qu’on est tous un peu déçu par rapport aux résultats. Trois matches, trois défaites, c’est un peu difficile. Mais, on ne peut pas leur en vouloir non plus. Parce que, pendant deux ans et demi, ces jeunes étaient sans championnat. Et dans ces conditions, c’est toujours difficile. L’entraineur a fait son travail. Les jeunes ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Mais bon, c’est arrivé. Je pense qu’il faut corriger les lacunes et essayer d’aller vers l’avant.

Parlant de la Coupe d’Afrique des nations, dites-nous d’abord, comment vous avez vécu cette qualification à domicile ?

C’était difficile, compliqué ! Mais au finish, ça a été une grande joie. Après notre match contre la Tunisie à Lomé, on s’est retrouvé troisième. On avait dos au mur.  On se disait entre joueurs qu’on pouvait encore se qualifier. Ce qui nous a motivés à aller faire un résultat au Libéria (2-2) alors qu’on était mené au score (2-0). C’est là où j’ai rassemblé tout le monde et je leur ai dit qu’on a plus droit à l’erreur puisqu’on savait que notre dernier match serait contre Djibouti à Lomé et que nos confrères béninois avaient un match très délicat et important face au Mali à Bamako. Nous avions la conviction qu’en gagnant au-delà de trois ou quatre buts de différence, on aura la chance de finir 2e de notre groupe. Ce qui peut nous placer parmi les meilleurs deuxièmes. Et c’est ce qu’on a fait. On a joué à fond et on a gagné. A la fin, il y a eu la qualification. C’était extraordinaire. Malheureusement pour les frères Béninois.

Mais on dit que le Togo, c’est le Bénin et vice-versa. Comment le Togo compte-t-il aborder sa préparation ?

Tous les joueurs sont dans leurs clubs respectifs et sont en train de se préparer. On s’envoie de temps en temps de message via le groupe whatsapp de la sélection. Nous nous échangeons les idées pour pouvoir aborder la Can avec une bonne sérénité. Pour l’instant, nous travaillons dur, tous les jours, afin d’avoir la forme nécessaire pour pouvoir livrer de bons matches. Aussi, en ce moment, il y a la confiance entre nous et notre staff technique. Nous nous entendons maintenant bien avec les dirigeants. C’est ce qui avait manqué et qui a causé beaucoup de tort à notre football. Il faudrait que ça continue jusqu’à la Can. Car notre ambition, c’est de marquer cette CAN. Vous savez, comme moi, il y a 3 ou 4 joueurs dont la carrière n’est plus devant eux. Et nous voulons biens finir. Moi particulièrement. Puisque par rapport à ce que j’ai fait durant ces dix dernières années, en Afrique et sur le plan mondial où, j’ai joué pratiquement avec tous les grands entraineurs du monde (José Maurinho, Arsène Wenger, Didier Deschamps, Stéphene Kesshi, Claude Leroy, sauf Fergurson), j’aimerais bien que les gens parlent de moi en disant «il y a eu la Can 2017 au Gabon et il a été bon ». Donc, je me prépare en conséquence. Je sais que cela demande beaucoup de sacrifice et je fais tout pour pouvoir amener le groupe à la Can et espérer quelque chose.

Le Togo a-t-il les moyens de cette ambition que vous vous donnez ?

C’est vrai que quand on regarde les pays qualifiés, on fait partie des tous petits. Il ne faut pas se voiler la face. Quand je vois l’équipe d’Algérie, du Sénégal, du Ghana, de la Côte-d’Ivoire, j’ai bien envie de dire que sur papier, on n’est pas les meilleurs. Mais, il y aura peut-être 11, 18 ou 23 chiens enragés à la Can et ce sera les Togolais. Car, l’année où la Zambie a gagné la Can, elle n’avait pas une équipe pour. En 2013, le Nigéria, à part Victor Moses qui est, en ce moment, l’un des meilleurs joueurs africains et Mikel Obi, dont vous connaissez l’histoire, n’avait pas l’équipe pour. Mais ils l’ont fait. Et pourquoi pas les Togolais. Donc, ça veut dire que, si on se motive, si on croit à notre destin, on peut le faire.

Vous avez eu un dernier mois un peu compliqué dans le mercato, en ce qui concerne votre destination. Vous avez décidé de tout miser sur la Can. Mais après la Can, que deviendra Emmanuel Sheyi Adébayor ?

Je resterai Emmanuel Sheyi Adébayor. Je suis un jeune homme qui est toujours fier de lui-même, toujours content de ce que j’ai pu réaliser pendant ma carrière. Il y a de cela 15ans, je me promenais à la frontière entre le Togo et le Ghana, je n’avais pas de chaussure de football. Aujourd’hui, je me retrouve à être connu sur le plan mondial. Il n’y a rien de mieux que ça. Je suis à la maison et je n’ai pas de club puis tout le Togo me fait confiance. Cela veut dire que je suis obligé d’être le capitaine de la sélection. Et je travaille pour  jouer ce coup avec l’équipe nationale de Togo à fonds. Car, nous donnerons le meilleur de nous-mêmes et on verra ce que ça va donner. Et après, Sheyi Adébayor restera toujours Sheyi Adébayor, avec club ou sans club, il y aura toujours le sourire sur mon visage. Et c’est ça, la clé de la réussite pour moi.

Ce sourire, les Togolais veulent aussi l’avoir à la Can. Mais dites-nous, on ne va pas trahir les secrets. On parle d’une fondation, d’un centre de formation de football au nom de Sheyi Adébayor. C’est une vérité ?

A l’heure actuelle, oui ! J’ai ma fondation « Sheyi Adébayor Fundation » qui marche très bien d’ailleurs. Mais ces temps-ci, comme je me suis focalisé plus sur la préparation de la Can, j’ai pris une petite pause. Je suis en train de parler avec les autorités de ce pays pour pouvoir construire un centre de formation. Je pense que c’est très important pour les jeunes. Car, si on veut que de jeunes Togolais jouent à Madrid, à Barcelone, à l’Inter de Milan, il faudra les préparer le plus tôt possible. Et aujourd’hui, ça fait partie de mon métier de préparer les jeunes de demain.

La fondation, elle sera dans le social… 

Bien sûr… Moi aussi, je suis dans le social, donc c’est une obligation que ma fondation soit dans le social.

Un pays a également envie de rentrer dans l’histoire, c’est le Bénin. Vous connaissez un peu le football béninois. Quel regard vous avez sur ce football ?

Le Bénin, c’est un pays frontalier comme le Togo et le Ghana. J’ai beaucoup d’amis dont  Marcel Noumon qui est venu ici. J’ai eu la chance de le côtoyer et de discuter un peu avec lui. Sessegnon aussi est un ami à moi, un frère. Mais, je ne connais pas trop l’équipe du Bénin. Je sais que j’ai eu le ministre des Sports au téléphone. On a parlé et je vais essayer de voir dans quelle mesure je peux toutefois venir au Bénin pour rassembler les jeunes, les motiver et les encourager.

Un appel à lancer à ces jeunes qui ont envie de rêver et faire une carrière de football

Le plus important, c’est de travailler dur. Mais, il faut écouter les parents, aller à l’école. C’est très important. Parce qu’en son temps, vous serez amené à lire vos contrats et faire des interviews et autres. Vous ne serez pas comme ce joueur qui, on a appris, est parti en stage et a signé un document sans le lire. Ce qui a consacré la fin de sa carrière.

Entretien réalisé par Anselme HOUENOUKPO

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page