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Le triomphe de la vérité

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Edito: Bienvenue en Trumpland


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logo journalRex Tillerson, patron du groupe pétrolier Exxon Mobil sera le prochain secrétaire d’Etat américain. Ceci ne poserait probablement aucun problème si cet homme, qui travaille dans la deuxième plus grande compagnie pétrolière du monde depuis 44 ans, n’était pas un ami personnel du Président russe Vladimir Poutine.  Non seulement Poutine dirige l’ennemi séculaire des Etats-Unis, mais en plus, il est soupçonné d’avoir  contribué à faire gagner Trump. Comme si cela ne suffisait pas, voilà le Tillerson qui a de sérieux conflits d’intérêts avec le poste qui lui a été octroyé.
En fait, ce qui est en jeu, c’est l’humiliation infligée par Poutine à la fière Amérique qui est désormais à ses pieds. D’abord, la CIA elle-même a admis que les Russes ont aidé Trump à se faire élire. Il n’y a désormais plus de doute à ce propos. Ce qui est curieux, c’est que ce soit seulement maintenant que la superpuissance américaine a pu admettre formellement ce qui relevait pourtant de l’évidence depuis au moins deux mois. Ce n’est pas encore le pire. Car ensuite, le nouveau chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson, dirige une grosse multinationale, qui a des intérêts colossaux en Russie. Ce sont des milliards de dollars qui ont été mis en veilleuse suite aux sanctions américaines infligées  contre la Russie suite à l’annexion de la Crimée il y a seulement deux ans, par l’armée de Poutine. Pensez-vous sincèrement que Rex Tillerson pourra maintenir ces sanctions une fois installé? Rien de plus banal : il trouvera rapidement un compromis pour faire redémarrer les affaires de sa compagnie. Quant à la Crimée, elle peut toujours être rayée de la carte. Businesses are going on.
L’emprise directe de Vladimir Poutine sur la politique américaine et plus globalement occidentale, ne se dément plus. En France, il a de très bons rapports avec Marine Le Pen et François Fillon qui seront très probablement au second tour de l’élection présidentielle de mars 2017. A Berlin, Björn Höcke, le leader du très populiste et néo-nazi AfD qui a remporté les dernières élections en septembre face à la CDU d’Angela Merkel, a un discours très favorable à Poutine.  Moscou pourra s’enorgueillir d’avoir un pied en France et en Allemagne, les deux locomotives de l’Union Européenne. C’est un feu vert à sa stratégie vis-à-vis de l’Ukraine et de tous les Etats Baltes qui comptaient sur la protection de l’OTAN, en cas de coup de force russe sur leur territoire…
Mais qu’est-ce qui a permis à la Russie de ridiculiser la démocratie américaine et d’être sur le point de mettre l’Europe dans sa gibecière ? Il ne faut pas chercher plus loin : c’est l’appareil de propagande de Poutine.  Il est formé d’une armée de hackers et de propagandistes qui ont pris en otage l’Internet. Leur stratégie, qui a fonctionné avec maestria aux Etats-Unis, consiste à inonder la toile de fausses informations assénées avec une telle constance que les masses finissent par y croire.  Trump l’a reprise à son propre compte, en mentant effrontément comme un dentiste, au long de sa campagne. Mais aux Etats-Unis, il y eut la fantasmagorie de Trump, cet art consommé  inspiré du maître à penser de Poutine, Vladislav Surkov. Si Steeve Bannon est le véritable idéologue de la fantasmagorie Trump, Karl Rove celui de Georges Bush Junior, Vladislav Surkov est l’homme qui a construit Poutine. C’est de lui que s’inspire Steeve Bannon dans son acharnement à faire mentir quotidiennement son disciple Trump, soucieux avant tout de créer une réalité parallèle répétée à l’envi par le Président élu.  Le réalisateur de documentaire Adam Curtis a qualifié Surkov, dans un film de 2014, de «héros de notre temps». Et de décrire la méthode surkovienne: «Son objectif est de saper les perceptions que les gens se font du monde, afin qu’ils ne sachent jamais ce qui se passe vraiment. …C’est une stratégie du pouvoir qui entretient toute opposition dans la confusion permanente. »
Dans ces conditions, le futur chef de la Maison Blanche, patron d’une émission de télé-réalité, The Apprentice, qu’il a même promis de ne pas laisser tomber, vit dans un autre monde. Avec lui, l’Amérique est devenue un véritable cauchemar surréaliste. Voilà qu’il a en face de lui un Poutine réputé maître de la stratégie, et qui ne s’amuse sous aucun prétexte. S’il faut de l’ambiance, il y en aura à profusion à Washington à partir du 20 janvier. Mais comptez bien sur Poutine : il va gouverner la Maison Blanche depuis Moscou.

Par Olivier ALLOCHEME

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