.
.

Le triomphe de la vérité

.

Développement du secteur culturel et touristique: Le ministre Ange N’Koué dévoile les ambitions du gouvernement


Visits: 1

ange-nkoue-okObjet d’attaques des acteurs culturels, le ministre du tourisme et de la culture, Ange N’Koué a fait une sortie médiatique ce vendredi 18 novembre 2016. Invité de l’émission  «Actu Matin»de la télévision Canal3, il a dévoilé les grands projets de son département ministériel pour le quinquennat du président Patrice Talon. Saisissant la même occasion, le ministre Ange N’Koué a apporté quelques réponses aux inquiétudes des acteurs culturels. Lisez son interview.

D’environ 7 milliards de Francs CFA, le budget du Ministère du tourisme et de la culture est passé à 35 milliards pour l’année 2017. Qu’est-ce qui est prévu pour que le budget connaisse ce bond ?

Le ministre Ange N’Koué : La vision de l’actuel gouvernement, c’est de faire du secteur de la culture, un secteur de développement.  Qu’il puisse nous aider à promouvoir le tourisme qui viendra en appui aux déductions que nous observons au niveau du Port autonome de Cotonou. Actuellement, la volonté  du Chef de l’Etat, c’est de booster aussi bien la culture et le tourisme. Vous remarquerez que ce n’est pas seulement une affaire de 35 milliards. Il y a aussi des projets phares que nous ne mettons pas en exergue. On peut citer par exemple le Parc de la Penjari, la Cité Lacustre Ganvié qu’il faut assainir pour le rendre disponible au privé pour le partenariat public-privé, il y a les  Forts touristiques d’Abomey et de  Porto-Novo qui sont de grands projets de 145 milliards de Francs CFA pour le quinquennat, il y a le tourisme prémium Tata Somba  qui est près de 30 milliards et il y a la Cité historique de Ouidah, qui est un très gros projet de plus de 200 milliards et les stations balnéaires.

Pourquoi accordez-vous autant d’importance au tourisme ?
Tout simplement parce qu’on a constaté que le tourisme est un levier de développement dans tous les pays du monde. Après les mines, c’est le tourisme qui vient en appoint aux budgets nationaux.

Voudriez-vous dire que les autres secteurs de la culture ne sont pas pourvoyeurs de richesse ?
Non, bien sûr qu’ils sont pourvoyeurs de richesse. La culture vient pour appuyer le tourisme. Et  c’est pour cela que nous avons pensé qu’il faut aussi développer le secteur de la culture.

Ce qu’on a remarqué, malgré ce bond budgétaire, c’est que la cagnotte réservée à la promotion artistique et culturelle et au soutien aux artistes n’a pas bougé d’un iota. Apparemment, la personne des acteurs culturels et l’amélioration de la qualité de leurs productions n’est pas une priorité.
Non, je pense que là, il y a une toute petite mésentente et il faudrait qu’on remette les pendules à l’heure. C’est que tout simplement, le budget lié au fonds des arts et de la culture, l’ancien Fonds d’aide à la culture est un budget de fonctionnement. Et ce budget de fonctionnement, après le correctif budgétaire de 2016, s’est retrouvé à 2 milliards 400 millions de Francs CFA. Et aucun budget de fonctionnement n’a évolué. D’ailleurs, vous verrez que lorsque monsieur Wadagni a présenté son budget aux députés, il a dit que le budget de fonctionnement du Ministère des finances a été réduit de 10%. Aucun budget de fonctionnement n’a donc évolué. Puisqu’on a dit qu’il faut développer aussi bien la culture que le tourisme, tout a été mis en projets. Et lorsque c’est mis en projet, ce n’est pas le ministre qui développe ces projets. C’est toutes les Directions liées au Ministère qui le font. Mieux, il y a, par exemple, un thème lié au secteur de l’éducation formelle. Cela va impliquer les trois ordres de l’enseignement. Ce qui veut dire que ce n’est pas seulement le Ministère du tourisme et de la culture seul qui va exécuter ces projets. Je ne vois donc pas pourquoi on dit qu’on ne s’occupe pas de la performance des acteurs culturels.

C’est justement ces fonds qui leur permettent d’organiser des activités.
Nous avons remarqué à ce niveau, beaucoup de défaillances. Et vous remarquerez que depuis janvier jusqu’au 25 août 2016, nous avons enregistré 3152 demandes pour plus de 36 milliards. Et nous sommes sûrs que d’ici à la fin de l’année, nous aurons plus de 4000 demandes pour plus de 50 milliards. Or, le Fonds est de 2 milliards, 400 millions. Je ne sais pas par quel critère on peut satisfaire tout ce monde.

Ne faudrait-il pas revoir le mode de gestion plutôt que d’opter pour carrément  une suppression ou un report des fonds sur d’autres projets du Ministère ?
Non, il n’y a pas eu de suppression. Nous avons donné d’autres opportunités parce que nous voulons passer de l’économie de consommation à une économie de développement. Parce que nous avons remarqué qu’au niveau du Fonds, l’Etat envoie chaque fois les subventions, et il est dit dans le décret,  que le Conseil d’administration recherche des sources de financements ailleurs. Mais depuis que le Fonds est créé, il n’y a pas eu un seul copeck qui soit rentré en dehors de la cagnotte donnée par le gouvernement. Et cette cagnotte n’est jamais régénérée. C’est-à-dire qu’on prend les fonds et on les consomme tout simplement.

Mais monsieur le ministre, c’est aussi un investissement. D’une manière ou d’une autre, ça a un impact sur l’économie surtout que ce sont les populations qui en bénéficient
Je ne refuse pas que les populations en bénéficient. Mais, quel impact cela a sur le tourisme par exemple ?

On comprend donc que vous optez beaucoup plus pour le tourisme que pour la culture. Désormais, on ne parlera plus de soutiens directs aux artistes, mais des banques devront intervenir pour aider à la promotion des projets. De façon terre à terre, dites-nous,  qu’est-ce que vous voulez faire ?
En fait, nous allons mettre des fonds de bonification au niveau des banques pour permettre aux acteurs culturels et touristiques d’aller vers ces banques pour leurs projets. Parce qu’on ne peut pas financer plus de 4000 individualités. Nous allons regrouper tout ce qu’il y a comme festivals,  manifestations culturelles, à l’instar des grandes nations du monde, afin d’avoir un seul calendrier, afin de permettre à ceux qui sont à l’extérieur, de suivre ce calendrier pour pouvoir venir aux festivités. Ça permettra aussi de booster le tourisme.  Sinon, tel que nous le faisons, c’est très approximatif.

Et c’est ce qui fâche justement les acteurs culturels.  Ils vont devoir rembourser ce qu’ils ont pris pour leurs projets
Bien sûr. C’est ça ce qu’on appelle l’économie de développement. Il faut rembourser. Et nous, nous paierons les taux d’intérêt.

Il y a aussi que dans le projet de budget exercice 2017 que vous avez présenté, le projet de construction du Grand Théâtre national n’y figure plus. Mieux, la saison artistique 2017 semble aussi supprimée. Que se passe-t-il monsieur le ministre ?
Il n’y a rien de si grave. Pour ce qui concerne le Grand Théâtre du Bénin, nous n’avons retrouvé aucun Fonds. Pire, lorsque nous sommes arrivés, nous avons été interpellés. Aujourd’hui, nous sommes au tribunal de première instance de Cotonou, parce que le site sur lequel la première pierre a été posée, a été vendu par le même Etat. La dame, qui a acquis ce terrain, et qui s’attend à y construire une infrastructure internationale, a porté tout simplement plainte contre l’Etat béninois. Et nous sommes au tribunal pour ça. Cela veut dire que ce projet ne peut plus s’exécuter sur ce site, même si les fonds étaient déjà mobilisés.

Mais, ce n’est pas de la place qui manque à l’Etat béninois, monsieur le ministre
Il y a bien sûr une autre place retrouvée. Mais le projet, heureusement ou malheureusement, ne relève plus, pour ce qui est de la construction, de la compétence du Ministère du tourisme et de la culture.

Il s’agit pourtant d’un projet qui relève de la compétence du Ministère du tourisme et de la culture. C’est un autre aspect qu’on ne peut pas comprendre
Le gouvernement est un et indivisible. Et lorsqu’il y a des compétences avérées dans un ministère, il faut lui donner les prérogatives qui lui incombent. C’est donc le Ministère du cadre de vie qui est chargé de la recherche du financement et de l’exécution du projet de construction du Grand Théâtre du Bénin et le Ministère du tourisme et de la culture va tout simplement gérer.

Autrement dit, ce n’est plus possible pour 2017 ?
Non, ce n’est pas possible. Vous connaissez vous-mêmes le Président. Il est très ambitieux et il veut faire de ce projet, un bijou.  Un bijou qui va attirer tout le monde dans la sous-région.

Dans son projet de société, le président de la République a pourtant promis augmenter la cagnotte du Fonds d’aide à la culture et de réorganiser  sa gestion. Il n’a pas promis mettre en avant le tourisme. Toutes ces promesses  n’ont plus aujourd’hui droit de citées ?
Tout à fait. Mais ces promesses sont réorientées au niveau du secteur de l’éducation formelle comme celui de la formation des acteurs culturels. Parce qu’on ne peut améliorer la qualité de nos œuvres tant qu’on n’est pas formé. Le premier objectif du  Chef de l’Etat aujourd’hui, c’est de former.  Et cette formation sera aussi effective dans nos écoles où nos cultures ont disparu à cause de tous les feuilletons que vous connaissez. Le but est de transmettre ce trésor aux générations actuelles et futures.

Monsieur le ministre, que pensez-vous de la culture ?
Je pense qu’aujourd’hui, la culture béninoise, est le socle sur lequel le Bénin doit reposer pour son essor.
Ça, c’est le discours officiel. On ne le voit pas souvent dans les actes. Les gens disent de vous que la chose  culturelle, ce n’est pas tellement votre chose, au point qu’on a l’impression à votre niveau que vous êtes, à la limite ennuyé.
Non, je ne crois pas. Si vous aviez suivi le discours que j’ai fait tout récemment à Bruxelles sur le Vodoun, vous auriez compris que je suis entièrement culturel.

Ça, c’est le discours. Les acteurs culturels attendent peut-être de la passion au niveau de leur ministre de tutelle.
Le problème, comme je vous l’ai dit, il y a 3152 demandes de financement. Sur ces 3152 demandes, il y a eu des centaines qui ont été acceptées et financées. Et du matin au soir, il y a toujours des manifestations culturelles. Et ils veulent me voir à toutes ces manifestations. Cela n’est pas possible. Un ministre n’est pas fait pour aller à toutes les manifestations, mais il est fait pour concevoir, rechercher les financements, poser les digues, poser les soubassements afin que nous puissions avancer. Si je me mets à courir dans toutes les manifestations, qu’est-ce qui va se passer par la suite ? Il n’y aura rien et on dira que je ne fais rien. Moi je crois qu’on sache raison gardée et qu’on se comprenne tout simplement. Ce qui fait un peu peur aux artistes, je crois que ce sont les réformes.

Il va falloir leur expliquer ce que vous faites
Oui, c’est ce que je vais tenter de faire. Il n’y a pas de problème.

Entretien réalisé par
Canal3 et transcrit
par Donatien GBAGUIDI

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page