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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le risque de la démocratie


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logo journalCe qui s’est passé aux Etats-Unis il y a une semaine, interpelle toutes les démocraties du monde. Nous entrons en réalité dans un nouvel ordre politique qui sera exploité partout désormais. Les  nationalismes voire les micro-nationalismes sont en train de prendre le pouvoir, surpassant le mouvement transnational qui a prévalu depuis les années 1950.
En réalité, la victoire de Trump est la suite logique de ce qui s’est passé en Grande Bretagne avec le Brexit. Donald Trump, milliardaire fantasque, ouvertement xénophobe et isolationniste,  a pu exploiter l’exacerbation des ressentiments des classes moyennes frappées par les difficultés issues de la mondialisation.  Il a convaincu une grande partie de la classe moyenne dans des Etats où elle domine comme la Floride, mais aussi les populations des régions désindustrialisées de la Rust Belt de Pennsylvanie, du Michigan, de l’Ohio et du Wisconsin. Le 23 juin 2016, le Brexit avait été majoritairement choisi  dans les zones rurales et les petites villes en Grande Bretagne. Il en est de même en France où les classes moyennes, dont les parents et grands parents avaient l’habitude de voter pour le parti communiste ou le parti socialiste, votent de plus en plus pour le Front National, parti d’extrême droite, xénophobe et raciste. Mais le populisme nationaliste va bien au-delà.
Il suffit de remarquer comment Vladimir Poutine reste impopulaire auprès des électeurs les plus instruits des grandes villes comme St Petersburg et Moscou, alors qu’il bénéficie d’un soutien très large  dans le reste du pays.  Il en de même pour  le Président turc Recep Tayyip Erdogan,  qui conserve un très fort soutien dans le rang des classes moyennes. On peut définir aujourd’hui les classes   sociales selon le niveau scolaire. C’est la fracture la plus importante dans nombre de pays industrialisés et des marchés émergents.   En vérité, ceci provient des impacts directs de la globalisation du monde et surtout des progrès récents des outils de communication.
C’est cette mondialisation qui permet à un iPhone d’être assemblé en Chine,  transporté jusqu’aux Etats-Unis ou en Europe, dans un délai très court. Grâce aux nouveaux progrès, des millions de personnes quittent les pays pauvres pour les pays les plus riches. Entre 1970 et la crise financière de  2007, la production mondiale de bien et de services a quadruplé, sortant des centaines de millions de personnes de la pauvreté, partout dans le monde. Les bénéfices de ces progrès ne sont pas allés à tout le monde. Dans les pays développés, des millions de personnes ont perdu leurs emplois, leurs entreprises ayant disparu ou s’étant déplacées ailleurs en réponse à la concurrence.  Tout cela s’est aggravé avec la crise des subprimes qui a frappé les Etats-Unis en 2008, ainsi que la crise de l’Euro en 2010. Les contrecoups de ces chocs, ont été si lourdement ressentis que l’on peut se demander pourquoi c’est seulement maintenant que le populisme connaît du succès.
Tout compte fait, la victoire de Trump aura des conséquences immédiates et profondes sur la démocratie elle-même. Son succès sonne la fin des sermons qui faisaient de la démocratie américaine une référence à travers le monde : on passe du libéralisme au nationalisme  le plus étroit. La « destruction créatrice » chère à Schumpeter  et  aux défenseurs de la mondialisation, n’a pas permis de créer suffisamment d’emplois décents. Les personnes touchées  sont en détresse. Elles connaissent   une immense insécurité et un immense sentiment de déclassement. Ce dernier sentiment s’est naturellement répandu dans une grande part de la classe moyenne pour qui la paupérisation est évidemment le cauchemar absolu. Désormais, pour elles, la mondialisation est à la base de leurs malheurs. Leur nationalisme s’est même internationalisé, avec l’aide des autres populistes  à travers  le monde. Il faut voir comment Moscou a porté main forte à Trump pour le croire. Il y a encore une dizaine d’années, une telle complicité aurait été perçue aux Etats-Unis même comme une grave trahison et une preuve d’apatridie. Aujourd’hui, elle fait figure d’intelligence stratégique.
Au Bénin, les discours similaires à ceux de Trump ne peuvent que surgir sous la forme d’ethnocentrismes rétrogrades, de régionalismes à rebours  ou de communautarismes rébarbatifs. Le jour où un leader voudra aller dans ce sens, il risque d’être vu comme un sauveur par les populations de son ethnie. On voit bien qu’en cultivant ces particularités ou ces micro-nationalismes, tous nos Etats sont désormais menacés.

Par Olivier ALLOCHEME

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