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Le triomphe de la vérité

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Edito: Ça commence à m’énerver


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Dites-moi : vous comprenez encore quelque chose au silence du gouvernement ? Personnellement, j’y perds totalement mon latin. Totalement.
Comment un gouvernement peut-il faire le mort après la mise aux arrêts de son allié le plus important ? Comment peut-il continuer à se taire lorsque celui-là est au surplus le président du patronat ? Cette stratégie de communication consistant à ne pas communiquer me semble sortie de nulle part. Elle ne vaut pas grand-chose. Aux premiers jours de l’arrestation suivie de la garde-à-vue du PDG de Cajaf-Comon, cela pouvait encore s’expliquer. On pouvait encore penser que le Chef de l’exécutif ne voulait pas s’immiscer dans les affaires judiciaires. Et on pouvait encore supputer sur l’indépendance de la justice. Mais lorsque les pneus ont commencé à flamber dans les rues de Cotonou, lorsque des militants de l’opérateur économique ont barricadé des voies publiques, lorsque les médias dans un bel ensemble ont précisément mis à nu les cafouillages dans le dossier, se taire est une forfaiture. Qu’on m’en excuse, mais je ne comprends plus ce mutisme. Messieurs, dites donc quelque chose à ce peuple qui est mécontent !
Le peuple qui se rue avec des pancartes dans les rues de Cotonou, celui qui se met en branle à Comè où Lokossa, le peuple qui sort les branchages à Djeffa, pense précisément que le président du patronat est victime d’un complot. Il croit foncièrement que ce complot est cousu de fil blanc par Patrice Talon en personne qui cherche à éliminer un adversaire potentiel pour 2021. Il pense vraiment que Patrice Talon  trahit son allié le plus important d’il y a à peine sept mois, celui sans qui il n’aurait jamais pu s’asseoir aujourd’hui dans le fauteuil de la Marina. Ce peuple pense qu’il s’agit d’une injustice intolérable qu’il faut réparer au plus vite.
Le mal, c’est que nous sommes en démocratie. Cette démocratie se préoccupe autant des caprices du milliardaire satisfait que de l’ignorance du paysan pauvre. L’adage ne dit-il pas clairement : un homme une voix ? par conséquent, il est pour le moins incompréhensible de s’abriter derrière une certaine indépendance de la justice pour justifier un mutisme coupable. Parlons précisément de l’indépendance de la justice elle-même. Y croyez-vous ? Quand est-ce que la justice est indépendante lorsqu’un procureur peut maintenir un prévenu dans les liens de la garde-à-vue pendant une semaine entière, sans jamais l’avoir écouté une seule fois ?  De quelle indépendance parlez-vous lorsque la procédure croule sous le poids de vices aussi nombreux qu’inquiétants ? A supposer même que l’affaire aille effectivement au procès, ces vices seuls suffisent à entrainer l’annulation de la poursuite et à disculper le prévenu.  Et l’on me parle d’indépendance…
Non, le Chef de l’Etat a peut-être de bonnes intentions en contraignant toute son équipe à garder le silence. Mais le niveau de pourrissement du dossier recommande que le gouvernement parle à son peuple. C’est d’autant plus impératif que les grandes réformes prévues par le régime sont tributaires des relations entre le président du patronat et le Chef de l’Etat. En faisant des projections sur le futur, on est même tenté de dire que toutes ces réformes sont mortes avant même d’avoir démarré. Comment le référendum pourra-t-il se tenir si les députés proches de Sébastien Ajavon ne votent pas pour sa tenue, étant entendu qu’une majorité parlementaire significative ne se dégage pas actuellement en faveur du pouvoir ? Dites-moi comment le projet de loi des finances gestion 2017 pourra obtenir l’accord des députés dans les conditions actuelles. Il est parti pour échouer.
En réalité, c’est toutes les promesses du Chef de l’Etat qui sont en péril. Elles toutes. Sans accord du parlement, il n’y aura pas de référendum, sans vote du budget, les projets prévus au titre de 2017 vont souffrir. Et le régime passera le reste de son temps à colmater une crise politique dont il aurait dû faire économie.
La politisation du problème ne laisse aucun autre choix au gouvernement : il doit parler. S’il ne le fait pas, il  aurait volontairement choisi de saborder les promesses qu’il a miroitées au peuple. Il aurait choisi de gaspiller l’immense espoir qui a donné naissance au Nouveau Départ.

Par Olivier ALLOCHEME

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