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Le triomphe de la vérité

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Edito: Vous avez bien dit 2010 milliards ?


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Pour son premier budget, Patrice Talon a fait fort. Il a dépassé la barre des 2000 milliards de FCFA, surpassant le budget 2016 de 587,099 milliards de FCFA, soit un taux d’accroissement de 41,24%. Ce taux d’accroissement en lui-même constitue un record sur les dix dernières années. C’est bien la première fois que sur deux exercices consécutifs, il est prévu un accroissement de cette ampleur.
Ainsi, après avoir réduit le budget 2016 initial d’environ 130 milliards à travers le collectif budgétaire de juin dernier, le gouvernement a choisi d’opérer un coup de barre plus ample que l’ancien régime. Mais la question que tout le monde se pose est bien celle-ci : aurons-nous les moyens d’atteindre ce seuil de mobilisation de ressources ?
Les ressources projetées s’établissent à 1007,725 milliards de FCFA contre 948,519 milliards de FCFA en 2016, soit une augmentation de 59,206 milliards de FCFA, correspondant à un taux d’augmentation de 6,24%. Difficile de comprendre cette augmentation quand on sait que les recettes fiscales au second semestre 2016, sont en chute libre. Et pour cause, la situation économique dans la sous-région est des plus instables aujourd’hui. Le Nigeria, notre principal partenaire commercial à la réexportation, est plongé dans une crise qui ne risque pas de s’achever de si tôt. Il est vrai que la lente remontée des prix du pétrole depuis la semaine dernière, a pu redonner espoir. Mais il est impossible de savoir s’il s’agit d’une dynamique durable ou d’un simple jeu des principaux majors du secteur pour doper les prix, de façon provisoire. A court terme, seul le pétrole à bon prix pourrait avoir d’effet d’entrainement sur l’économie béninoise. Si nous ne prenons que les recettes fiscales, elles ont de fortes chances d’être en-deçà des prévisions gouvernementales.
Selon les prévisions de la banque Mondiale, le taux de croissance du PIB réel devrait baisser en 2016 pour atteindre 4,6 %. Cette baisse tient principalement au ralentissement des activités de réexportation vers le Nigéria et à une production agricole plus faible. Elle provient également de la dévaluation du Naïra dont les effets sur l’économie béninoise sont de notoriété publique.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le déficit budgétaire pour 2017 a été établi à 12,3%. Pour le gouvernement, cette situation est essentiellement due à l’importance des dépenses en capital par suite des investissements productifs qui ont été programmés. L’ampleur de ce chiffre me rappelle encore les mots d’une mission du Fonds Monétaire International, en juin dernier : « le déficit budgétaire s’est creusé à environ 8½ pour cent du PIB en 2015, avec la continuation des dépassements de dépenses au premier trimestre de l’année 2016. Cette accentuation du déficit budgétaire a été financée par de fortes émissions d’obligations sur le marché financier régional, augmentant considérablement le service futur de la dette. » A l’époque, nous avions mis l’accent sur les pratiques peu orthodoxes ayant abouti à ce résultat. Il n’est donc pas exagéré d’affirmer que le déficit 2017 projeté constitue, là encore, un record sur les dix dernières années. Il n’est que de lire les différents budgets adoptés depuis 2006 pour s’en apercevoir.
Concrètement, pour combler le gap, le gouvernement devra recourir à la dette dont on sait qu’elle est solidement encadrée par le FMI. Pour 2016, le FMI a autorisé un plafond d’endettement extérieur de 590,12milliards de FCFA soit 11,8% du PIB. Ce plafond s’élève à 406,83milliards de FCFA soit 8,1% du PIB, pour ce qui est de l’endettement intérieur. C’est donc la capacité de négociation du gouvernement qui est ici interpellée. Capacité de négociation d’abord en face des institutions de Bretton Woods qui observent avec anxiété le recours effréné des Etats africains à la finance de marché. Là encore, les taux concessionnels de 1% qui sont recherchés, ne sont pas fréquents. C’est un gros challenge : trouver de l’argent sur le marché à un taux acceptable.
Dans ces conditions, pouvons-nous éviter le risque de surendettement ? Ce n’est déjà pas facile pour une économie comme la nôtre d’attirer les investisseurs. L’adoption ce mardi de la loi sur le partenariat public-privé sera le signe annonciateur de grands changements pour tous ceux qui désirent placer leurs ressources dans ce pays. Mais, ne nous leurrons pas, nos capacités de mobilisation de ressources ne sont pas formidables.
En projetant un budget de 2010 milliards de FCFA, le gouvernement s’est montré ambitieux, malgré une conjoncture morose. Il sera jugé sur ses propres projections. Et ses véritables réalisations.

Par Olivier ALLOCHEME

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