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Le triomphe de la vérité

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Edito: Comment massacrer des enfants en paix


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logo journalIl ne s’est donc rien passé. Le directeur des examens et concours (DEC) n’a fait qu’appliquer des règles fixées par arrêté ministériel mais que les acteurs ont évité soigneusement de mettre en œuvre depuis quatre ans. Les candidats, sacrifiés une fois de plus, par les inconduites de leurs parents censées les protéger et leur assurer un avenir radieux. Pris au piège.

A vrai dire, il y a longtemps que les autorités à tous les niveaux du système éducatif ont oublié qu’elles tiennent en main l’avenir de tout le pays. Du temps de Kérékou II, et sous prétexte de faire plaisir aux bailleurs de fonds ayant financé l’avènement de l’approche par compétence, le CEP avait été distribué par tohoungodo aux enfants : ce fut la vague des 100% délirants qui donnèrent depuis lors à tout le système le sombre visage de la médiocrité. Aujourd’hui, il est loisible de voir les mêmes ministres et leurs différents collaborateurs pavaner dans la ville, affublés de leurs anciens titres. Lorsqu’il sera un jour questions liées aux réformes dans le secteur, on les tiendra pour experts ou personnes ressources et ils iront enseigner leur science sombre dans les esprits peu avisés. Au nom de l’expérience. Au nom de la même « expérience », tous ceux qui sont dans les classes tous les jours, mais qui ont la malchance de n’avoir aucune position politique, seront écartés. On fera fi de leurs constats sur le terrain réel et on évoquera des réformes qui, pour l’essentiel, sont des cosmétiques de surface. Tout le monde a choisi de se taire pour sauver sa position sociale. Les journalistes peuvent toujours continuer de gloser.

Et au fil des années, la dégradation du système a été masquée par des mensonges institutionnels savamment orchestrés. Si le DEC Kakpo Mahougnon ne l’avait pas révélé au détour des interviews qu’il a dû donner ces derniers jours, tout le monde savait que les résultats du CEP et du BEPC étaient sciemment « arrangés », soit pour faire plaisir aux prétendus bailleurs de fonds, soit pour maintenir les ministres concernés en place. Personne ne pense au Bénin qui sortira de terre dans 20 ans, quand ces enfants, mal formés seront placés aux postes névralgiques de la vie du pays.

Quand les autorités elles-mêmes trichent, elles donnent l’impression aux plus jeunes  que le pays est si désordonné que chacun peut y faire ce qu’il désire. Qui sanctionnera tous ces crimes ? Personne.

Mais il est clair, malgré tout, que pour avoir fermé les yeux pendant si longtemps, toute la communauté en paiera le prix. Les vrais auteurs non. Ce ne sont pas les erreurs qui tuent un pays, mais l’impunité. Et dans le secteur éducatif, la multiplication des erreurs et l’ampleur de l’impunité aura sacrifié des générations entières. « On est en droit de constater la faillite d’un système de mensonge orchestré par divers intérêts au détriment de l’avenir », me confiait hier un chercheur béninois qui n’a cessé de montrer ces dernières années les iniquités indigestes qui structurent l’école béninoise.

Que faire ?

Selon les accords de Mascate auxquels le Bénin est partie, il faudra  « assurer une éducation équitable, inclusive et de qualité et un apprentissage tout au long de la vie pour tous d’ici 2030 ». On en est loin. Le premier problème à résoudre est celui de l’impunité de ceux qui trichent et notamment des autorités politiques dénuées de tout scrupule.

Mais le drame de l’école, c’est aussi que la majorité des parents ne parviennent pas à doter leurs propres enfants de fournitures scolaires suffisantes. Tous les acteurs de terrain peuvent témoigner que même en plein cœur de Cotonou, la moitié des enfants n’ont pas de livres et manquent du simple cahier pour prendre les cours. Beaucoup ne prennent même pas l’argent du petit déjeuner et en sont perturbés pendant les cours.

  Qui faut-il alors condamner ? L’Etat qui aurait pu trouver des mécanismes pour alléger la tâche aux parents en subventionnant l’achat de ces fournitures basiques ? Les parents qui multiplient femmes et enfants alors même qu’ils n’ont pas les moyens de les  prendre en charge ?

Tout compte fait, les victimes de tout ceci, ce sont les enfants. Ils doivent évoluer dans ces conditions inhumaines avec des résultats trafiqués pendant des années.

Par Olivier ALLOCHEME

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