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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le réveil des vieux démons


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 Théopile Yarou avait signé la semaine dernière, une violente admonestation en direction des syndicats. Ses mots furent directs, percutants puisqu’il parlait de « véritable campagne de règlement de comptes expéditif soigneusement préméditée et orchestrée avec finesse et cynisme par une partie du pays sur une autre sous le fallacieux prétexte de promotion de la compétence. »

Ces mots doux sont lancés dans le jardin des syndicats et de la société civile en général, accusés de laisser faire sans réagir. Ils  ont eu l’heur de réveiller Laurent Mètongnon. Il lui a répondu dans le plus pur style des accrochages communistes : sans langue de bois. Oui, dit-il en substance, il y a régionalisme actuellement, comme naguère sous Yayi. « Ce n’est pas la politique régionaliste et ses pratiques divisionnistes en général – que vous condamnez – mais celle tournée contre « le Nord ». Celle tournée contre le Sud a votre entière bénédiction », a-t-il écrit.  On parle bien du ministre Théophile Yarou, ponte du yayisme qui fit la pluie et le beau temps dans « son » Bembèrèkè du temps où Boni Yayi faisait régner un régionalisme primaire dans le pays. A écouter Jean-Baptiste Elias, il n’en est rien. 90% des cadres nommés sous l’ancien régime sont toujours en poste, et donc l’on ne saurait parler de régionalisme à ce stade.

Mais en fait, de quoi parle-t-on ? On parle de ce phénomène de repli identitaire qui constitue LA ligne de faille à chaque élection. Mais que personne ne s’y trompe. Le régionalisme est le fonds de commerce des cadres qui ont besoin de faire prévaloir leurs régions d’origine pour se faire nommer.  On se tourne vers la variable identitaire à des fins essentiellement politiques. Le paysan de Comè ne connaît pas le taximan de Parakou ou l’éleveur de Kalalé au point même de le haïr. D’autant d’ailleurs qu’historiquement, aucune guerre n’a opposé ces peuples par le passé. S’il faut reconnaître que les frustrations historiques stratifiées durant des générations ont été secrétées entre Abomey et les peuples alentour, du fait des guerres de razzias esclavagiste, il n’en est pas de même pour les autres régions du pays. Le régionalisme, s’il devait exister ne peut s’appesantir que sur des identités qui se repoussent  en raison des chocs induits par les cohabitations violentes ou les affrontements sociologiquement explicables. La vérité est que le régionalisme Nord-Sud cultivé par un certain Hubert Maga, s’est renforcé d’année en année, porté par la compétition électorale. C’est elle qui a ramené  la promotion des cadres dans l’administration et dans l’armée, la police et toute la sphère administrative sous un prisme politique. La politique des quotas de recrutement n’en est qu’un avatar.

On doit , à la vérité, reconnaître que cette politique dite des quotas aura permis de sauvegarder une unité relative au sein de notre armée. Dans  un pays au destin lié comme le Togo, 70 à 80% des effectifs militaires sont fournis par une seule partie du pays, hypothéquant pour longtemps encore toute démocratie véritable. Par contre, le Bénin peut jouir d’une relative stabilité et contempler des perspectives apaisantes, du fait de cette politique des quotas appliquée au sein de l’armée. Peut-être… Mais dans les autres corps de la nation, la politique des quotas a provoqué une véritable catastrophe faite de médiocrité, d’indiscipline et de promotion des antivaleurs.

C’est pourquoi, il faut surtout la combattre, tout en créant partout sur le territoire, les conditions d’excellence permettant à chacun d’être jugé sur la base de ses efforts et non sur celle de son lieu de naissance, sa langue maternelle, de ses danses ou de sa façon de s’asseoir.  Toute nation se détruit, lorsqu’elle tourne dos à la promotion de ses citoyens par la seule valeur de leurs efforts. Construire un pays sur l’idée que les enfants de tel village ou de telle région ont tel droit parce qu’ils sont nés précisément là, est le plus sûr moyen de détruire le vivre-ensemble et surtout le réussir-ensemble. Et c’est en cela que les idées de Théophile Yarou et de son mentor Boni Yayi sont une régression. Elles occultent le fait que chaque enfant de ce pays, chaque femme, chaque personne a droit, partout sur le territoire, à un bon médecin, de bons enseignants, de bons policiers, de bons inspecteurs de douanes, de bons préfets, quelles que puissent être leurs origines. C’est le combat qui doit être celui des générations actuelles, si nous ne voulons pas détruire la fragile stabilité dont nous jouissons encore.

 Par Olivier ALLOCHEME

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