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Le triomphe de la vérité

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Edito: Les amoureux du pourri


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logo journalAprès avoir compati à la douleur des brûlés,  et déploré les morts de Tori-Avamè, il faut reconnaître ce qui est. C’est une tragédie, mais il ne faut pas se cacher la vérité, même si elle doit faire mal.

1-      Le site de Tori-Avamè était bien interdit d’accès. Tous ceux qui connaissent le site savent bien que huit panneaux bien visibles  en interdisent l’accès au public avec l’inscription «  Danger » avec une tête de mort pour signifier qu’il ne s’agit pas d’un canular. Normalement, personne ne doit oser aller sur un site réputé dangereux.

2-      Les produits sont avariés. La seule évocation qu’un produit alimentaire est périmé ou proche de l’être est suffisante pour que l’on évite d’y toucher. Rien ne peut excuser une personne qui consomme ou tente de consommer ce produit, bien que sachant qu’il est avarié et impropre à la consommation humaine. Le faire, c’est faire preuve de bêtise et de stupidité. Au demeurant, le drame de Tori-Avamè montre que les victimes tentaient de s’accaparer les produits pour les écouler plus tard sur le marché. Mal leur en a pris, sinon, ils les auraient refilés sur les marchés alentour pour intoxiquer les consommateurs. Tel est pris qui croyait prendre.

3-      Les produits ont été enfouis dans une fosse. S’il était possible de douter de leur péremption réelle, il est impossible de penser qu’on peut encore les consommer une fois qu’ils ont été jetés dans une fosse. Les produits n’ont même pas été laissés en surface, mais bien jetés dans un grand trou creusé à cet effet.

4-      Les produits ont été aspergés d’essence et de pétrole. Qu’est-ce qui peut amener une personne normalement constituée à vouloir se procurer une farine contenant de l’essence et du pétrole. Avant même d’être incinérés, les produits ont été copieusement arrosés d’essence au vu et au su des victimes restées dans les buissons alentour pour surveiller l’opération. Que pensaient-elles donc ? Qu’elles pouvaient réussir après à débarrasser la farine de blé de son odeur d’hydrocarbure afin de la vendre sur le marché ?  Je peine à comprendre la logique des populations de ce village dans ce qui apparaît comme une ruée stupéfiante.

5-      Les produits ont été incendiés. La mise à feu pourrait être insuffisante à dissuader des individus décidés à s’emparer d’un produit alimentaire avarié. Mais l’essence et le pétrole employés à cet effet sont tout de même irréversibles sur la qualité du produit si, par extraordinaire, le produit venait à être vraiment récupéré.

Il ne faut cependant pas se méprendre. La société AMA-Sarl, propriétaire du site d’incinération, n’a pas clôturé les lieux, favorisant l’entrée, même illégale, des riverains. Mais cette situation n’a jamais empêché les autorités, y compris les autorités judiciaires, d’y venir incinérer différents produits avariés ou saisis. Au demeurant, on pourrait se demander combien de sites, notamment de décharges d’ordures, sont clôturés au Bénin. Avant de condamner un privé se trouvant aujourd’hui en difficulté, on pourrait utilement se demander si la mairie de Cotonou, qui dispose d’une décharge d’ordures à Ouèssè dans la commune d’Ouidah, a pu clôturer cette infrastructure. Mieux, rien n’indique que la seule clôture pourra dissuader les populations de tenter d’escalader les murs ou prendre à partie les agents de sécurité, comme cela s’est vu jeudi dernier, pour assouvir leur dessein.  Les profanateurs de tombe n’ont jamais eu peur, ni des clôtures de cimetière , ni des pierres tombales en béton armé. Il y a encore deux ans, sur le même site de Tori-Avamè, certains individus avaient trouvé le moyen d’entrer dans la fosse contenant de la chaux vive, dans le but de récupérer de la viande avariée. Ils en ont eu pour leur compte, ayant été sauvagement blessés et défigurés.

L’absence de mur n’est donc qu’un facteur résiduel parmi le faisceau de causes ayant conduit à la tragédie. Nous ne pouvons pas non plus exclure la pauvreté. Ces gens sont des paysans pauvres pour la plupart. Avec leurs revenus modestes, ils doivent être dans le besoin permanent de ressources pour faire face à leurs besoins. On ne saurait dire toutefois que ce sont des populations affamées. Elles ne sont pas les plus affamées du Bénin et mangeaient bien à leur faim avant l’avènement des déchets.

Qu’est-ce qui peut alors expliquer que toute une population se rue aussi massivement sur des aliments pourris ? C’est la culture du gratuit, celle du pillage en bande qui est déjà bien présente dans les milieux politiques. Pillage insensé, cupide et stupide, pillage volontaire… Tori-Avamè montre que chacun pille ce qui est à sa portée.

Par Olivier ALLOCHEME

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