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Le triomphe de la vérité

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Edito: Les illusions de Guangzhou


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logo journalL’Afrique a été invitée au récent sommet du G20. Cette onzième édition tenue du 4 au 5 septembre à Guangzhou en Chine, a connu la participation de quatre Chefs d’Etats africains : Idriss Deby Itno du Tchad (président de l’Union africaine), Jacob Zuma d’Afrique du Sud, Macky Sall du Sénégal et Abdel Fattah al-Sissi d’Egypte. Cette année, la Chine, organisatrice de cette grand-messe internationale, a voulu impliquer l’Afrique  dans les échanges entre les 20 pays les plus riches de la planète.
Les membres du G-20 se sont engagés en effet à pousser l’industrialisation du continent  à travers des politiques volontaristes, politiques devant inclure une agriculture respectueuse du développement durable, ainsi que l’agro-industrie, l’approfondissement des bases productives locales et la promotion des investissements dans les énergies renouvelables. Malgré les mots qui pullulent dans les déclarations et communiqués officiels, on sait que ces engagements s’arrêteront aux portes de Guangzhou.  Tandis que les pays riches  ont « réaffirmé leur opposition à toute forme de protectionnisme en matière de commerce et d’investissement », selon le communiqué final, ils savent très bien qu’ils n’ont jamais adopté autant de nouvelles mesures pour restreindre les échanges qu’en 2016, alors que la progression du commerce mondial stagne sous 3 % annuels.  L’implémentation réelle des mesures de Guangzhou est donc une autre histoire. Bâti autour du thème «Construire une économie mondiale innovante, revigorée, interconnectée et inclusive», le sommet voulait pourtant donner l’illusion d’être différents des autres. Il appartient aux Africains, et à eux seuls, de ne pas se laisser berner par les civilités hypocrites des grandes puissances.
Car, les membres du G20 représentent 85% de l’économie mondiale, 75% du commerce international, et abritent les deux tiers de la population de la planète. Dans un article publié en marge du sommet, l’ancien président du Nigeria, Olusegun Obasanjo demande aux Etats membres du  G-20 d’aider l’Afrique à combler le gap du financement dont elle a besoin pour son énergie, soit 55 milliards de dollars par an jusqu’en  2030, en vue de soutenir la production africaine d’énergie renouvelable. Il n’a pas manqué non plus de demander que les Etats combattent plus férocement l’évasion fiscale dont nos pays sont victimes du fait des multinationales étrangères,  une pratique qui fait perdre annuellement au continent 50 milliards de dollars dans les flux financiers illicites.
Ce sont de grands mots. Vus d’un pays comme le Bénin, les engagements du G-20 n’ont pratiquement aucun écho. Economie assistée, le Bénin reste  largement écrasé par le poids du commerce informel. Les grandes puissances ont beau faire leur grand-messe, certaines réalités fendent le cœur à tout observateur averti.
Aujourd’hui, le monde entier regarde les exportations dynamiques de la Chine en Afrique qui ont atteint cette année environ 200 milliards de dollars, concernant notamment les produits manufacturés et les infrastructures. Curieusement, en entendant ces chiffres, les Africains se posent rarement la question de savoir pourquoi un si grand pays mène une lutte à mort pour doper ses exportations, y compris même en vendant ses propres productions à vil prix à travers une politique commerciale d’incitation appelée dumping. Car le fait est qu’un pays qui ne gagne pas de l’argent à l’extérieur, est condamné à tendre la main.  La Chine ne voulant pas mendier, s’est dotée de sa propre politique de sortie de la pauvreté et de croissance économique. Cette politique fait aussi que le pays utilise largement des mécanismes intelligents pour décourager tous ceux qui voudraient profiter localement de la manne constituée par sa démographie et ses classes moyennes. Les grandes multinationales qui avaient accouru sur le sol chinois l’ont appris à leurs dépends. Presque toutes se sont cassées la figure et ont laissé la Chine aux Chinois.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce protectionnisme est aussi en cours au Nigeria voisin. Le pays s’apprête à lancer une grande campagne de promotion des produits nigérians afin de doper l’industrie locale et d’inciter la population à consommer local. Or, depuis quelques années, une liste de produits est interdite d’importation dans le pays, ce qui plombe d’office l’économie de réexportation en vogue au Bénin.
Quelle est la moralité de tout ceci ? La moralité, c’est qu’en réalité, les grandes puissances incitent les petites économies comme les nôtres à s’ouvrir, tout en fermant les leurs. Il n’appartient qu’à nous autres à en prendre conscience pour ne pas être les dindons de la farce et végéter continuellement dans la pauvreté.

Par Olivier ALLOCHEME

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