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Le triomphe de la vérité

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Edito:Le chaos de Libreville


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Si Ali Bongo Ondimba (ABO) perd le soutien de l’armée, il ne survivra pas à la crise post-électorale actuellement en cours au Gabon. Tout le monde suit avec anxiété l’évolution d’une crise post-électorale qui risque de dégénérer en affrontements violents dans le pays. Déjà, certaines rumeurs évoquent des milices pro-Ping tandis que d’autres tablent sur une possible intervention de l’armée française sous des prétextes divers.
Il est clair que ces rumeurs font partie de la guerre de l’information, ce succédané à la vraie guerre qui hante les esprits à Libreville. Il suffirait que des intérêts français soient attaqués par des individus non-identifiés pour fournir suffisamment d’arguments à l’ancienne métropole qu’est la France pour intervenir dans une crise dont le pays n’a vraiment pas besoin aujourd’hui.
Comme on le voit si bien, la situation sur place est très volatile. Il suffirait d’une étincelle pour que l’embrasement ait lieu. Et pour cause, la différence de voix entre les deux challengers est très faible : Bongo ne l’a emporté qu’avec 5.594 voix d’avance. Et là encore, il faut se demander ce qui s’est passé dans le Haut-Ogooué, l’une des neuf provinces du pays et surtout fief du président sortant où la commission électorale a donné Bongo gagnant à plus de 95% pour un taux de participation hypothétique de 99,93%. 49,80% contre 48,23% pour son rival Jean Ping auraient voté pour Ali Bongo ce 27 août 2016 sur les quelque 628 000 électeurs inscrits. Mais l’Union Européenne, tout comme le candidat perdant, pointe le fait que les résultats du Haut Ogooué n’aient pas fait l’objet de transparence. D’où la demande formulée par la France de procéder au décompte des voix,  procès verbal par procès verbal, bureau de vote par bureau de vote. Jean Ping réclame lui, le décompte des voix bulletin par bulletin. Mais la véritable question est de savoir si la loi électorale gabonaise a prévu ces cas de figure pour les rendre plausibles. Jean Ping, qui se déclare « président élu », a demandé lundi aux Gabonais de « résister par le blocage économique du pays ». Il a lancé un appel à une « grève générale » pour « faire tomber le tyran ». Cet appel a peu de chance de se faire entendre puisque le pays vit à l’heure de la coupure d’internet et des réseaux sociaux. C’est dans ce contexte qu’a démissionné,  hier mardi le ministre de la Justice et deuxième vice-Premier ministre, Séraphin Moundounga. Il a demandé le « recomptage des voix,  bureau de vote par bureau de vote et procès-verbal par procès-verbal. »
L’attitude de la France dans ces conditions peut paraître pour le moins partisane. Elle semble avoir pris fait et cause pour Jean Ping. Paris a visiblement du mal à cacher sa volonté de voir un changement de régime dans ce pays qui a enregistré un demi-siècle de règne des Bongo, de père en fils.  Pour légitime que puisse paraître cette volonté, elle risque pourtant de déboucher sur un bain de sang à l’ivoirienne. Le camp Bongo a bon dos de signifier que la position française est due à l’indépendance d’Ali Bongo vis-à-vis des réseaux françafricains, contrairement à son père. Par contre, l’Union Africaine a appelé à l’apaisement. L’institution panafricaine par la voix de son président en exercice Idriss Deby Itno demande à Jean Ping de respecter les dispositions constitutionnelles et se propose d’envoyer une délégation à Libreville.
Pour le Président tchadien, président en exercice de l’UA, ce qui compte, c’est « le respect strict des dispositions constitutionnelles et légales ». Le communiqué rendu public mentionne par ailleurs qu’ « une délégation de haut niveau composée de Chefs d’Etat africains, accompagnés de hauts responsables de la Commission de l’Union africaine et des Nations unies » est, au besoin, prête pour se rendre à Libreville.
Jean Ping utilisera-t-il les leviers légaux que lui recommande l’UA avec insistance ? Nul ne peut le dire pour le moment. Le candidat malheureux semble avoir pris la mesure de ses propres turpitudes en appelant hier à l’apaisement, alors qu’il a jusqu’à demain jeudi pour former un recours devant la Cour Constitutionnelle de son pays.
Si la France reste en dehors de cette guéguerre et ne s’immisce pas dans la crise, en encourageant une partie contre une autre, elle pourrait jouer un rôle dans la solution à venir. Autrement, elle irait allumer une guerre civile dans un pays épargné jusqu’ici par les conflits sans fin du continent.

Par Olivier ALLOCHEME

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