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Le triomphe de la vérité

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Bernardin Akitoby, cadre béninois au Fmi: « Je suis optimiste pour l’économie béninoise»


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Bernardin Akitoby okInvité spécial  du ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané pour participer au Caucus Africain des gouverneurs du FMI et de la Banque Mondiale, Bernardin Akitoby revient ici sur les chocs auxquels sont confrontés les pays africains ainsi que sur leurs problèmes de gouvernance et de financement. Ce Béninois, cadre dirigeant au département des finances publiques au Fonds Monétaire International (FMI) où il travaille depuis près d’une vingtaine d’années, Bernardin Akitoby  estime qu’il n’y a pas   de mal majeur à recourir à l’endettement pour autant que l’endettement est maitrisé. En visite privée dans son pays, il souligne qu’une fois le problème de gouvernance résolu, l’Afrique et le Bénin en particulier, peuvent espérer un développement harmonieux.

L’Evénement Précis : Quelles sont vos impressions par rapport au Caucus Africain 2016

Bernardin Akitoby : Le Caucus a porté sur trois thèmes, il y a d’abord la résilience des économies africaines au choc, ensuite  le renforcement de la croissance, enfin  la promotion de la transformation structurelle de nos économies. Si je prends le premier point, la résilience au choc, nous avons noté que l’Afrique est confrontée à trois chocs majeurs. Il y a d’abord la baisse du prix des matières premières, notamment la baisse du prix du pétrole, qui nous affecte ici au Bénin. Il y a aussi le choc du terrorisme. J’étais la dernière fois à Possotomé, il n’y avait pratiquement pas de touriste alors qu’à pareil moment, les années antérieures, les hôtels étaient bondés là-bas. Cela fait encore moins de  recettes pour l’Etat. Il y a aussi le choc climatique qui peut entrainer la sècheresse, les problèmes de famine et autres, cela aussi affecte le budget de l’Etat. Enfin pour renforcer la croissance, il nous faut mobiliser les ressources. Là, nous avons deux voies. Nous avons d’abord les ressources domestiques, en élargissant l’assiette fiscale. Tout le monde doit payer les impôts et que ce soit de façon juste ; il faut aussi faire en sorte que les multinationales qui érodent la base économiques de nos pays,   soient enfin responsables.    Il y a aussi des domaines nouveaux qu’on peut explorer. Un changement fondamental que j’ai noté dans beaucoup de pays, c’est la croissance des immeubles. Partout, les immeubles ont poussé mais pour autant, on ne reçoit rien sur ces immeubles. Il faut alors réformer la taxation immobilière qui peut redonner plus de ressources à la caisse de l’Etat. En ce qui concerne la transformation structurelle, là aussi, il y a deux problèmes fondamentaux. Un problème de ressources parce qu’il faut par exemple investir dans l’énergie électrique, qui nécessite plus d’investissement. Les institutions internationales peuvent nous y aider. Il faut aussi la capacité des hommes qui gèrent ces transformations et il faut former ces hommes à l’université, dans les écoles de formation.

Les pays africains font de plus en plus  recours aux emprunts obligataires, n’y a-t-il pas de risque dans cette option ?

Il n’y a pas en fait de mal majeur à recourir à l’endettement, pour autant que l’endettement est maitrisé. Donc, les pays ont leur cadre, ils ont des seuils, et à l’intérieur de ces seuils-là, ils peuvent manœuvrer pour avoir accès au financement du privé. Ce qui est important, c’est ce à quoi vous utilisez l’argent. Ici, on parle de la qualité des dépenses, de la qualité des investissements. Je vous dis que nos études ont montré que dans les pays africains, l’efficacité est à peine à 70%. Donc il faut revoir les infrastructures dans lesquelles on investit, revoir la qualité des dépenses et je crois que l’endettement dans les seuils n’a pas trop d’inconvénients.

L’économie béninoise fait face à des chocs et à l’endettement, croyez-vous qu’elle peut s’en sortir ?

 Moi je suis optimiste pour l’économie béninoise parce qu’actuellement, une dynamique politique nouvelle et positive s’enclenche et il faudrait  que nous nous inscrivions dans cette dynamique pour pouvoir aider le pays. D’abord, je me réjouis des progrès que nous avons réalisés sur le plan de la gouvernance. La lutte contre la corruption par exemple, les concours truqués qui ont été annulés.Cela a lancé un signal fort que désormais, c’est l’égalité des chances. Je crois que, où que nous soyons, nous devons mettre la main à la pâte et savoir que seul le travail libère l’homme. Savoir que seul le travail crée la richesse.

Le Bénin doit compter sur les investisseurs privés mais la question de l’énergie reste primordiale, comment venir à bout de ce problème selon vous ?

Je crois que le gouvernement a pris les bonnes mesures et a un plan d’ici octobre, voire décembre je crois, pour mettre fin au délestage. Il y a ensuite de grands projets qui sont dans le pipeline et qui vont nous permettre d’atteindre l’autosuffisance énergétique dans un moyen terme. Donc, je crois que les projets sont là, financés et il s’agira maintenant de les mettre en œuvre pour que ce problème soit dépassé.

Nous remontons une fois encore en Afrique qui a ce problème de la qualité des hommes qui la dirigent. La question de la qualité des hommes arrive- t-elle souvent dans les fora internationaux ?

Naturellement oui, cela arrive souvent et on vient tout à l’heure au cours du Caucus, de parler du renforcement des capacités des hommes. On a vu que la Fondation africaine pour le renforcement des capacités a fait un plaidoyer pour qu’on puisse mettre assez de moyens au profit de notre démographie. Il faut former les hommes, il faut que nous tirions profit de notre gouvernance. Il faut réformer aussi l’environnement des affaires puisque lorsqu’on parle de la corruption, cela n’attire pas les investissements et le président Patrice Talon a dit quelque chose d’important,que ce ne sont pas les ressources du sous-sol qui amènent la croissance mais plutôt, l’organisation, l’efficience sociale et le sérieux. Et je crois qu’il a raison.

Vous voulez alors dire que la gouvernance est un défi majeur pour le développement du pays ?

C’est un défi vraiment fondamental. Notons quand même qu’au cours des dernières années, il y a eu des progrès mais beaucoup reste à faire notamment dans le domaine de la corruption. On peut faire beaucoup de choses en termes de transparence, en termes de réforme pour que nous puissions faire avancer la gouvernance.

Au cours des discussions, beaucoup de responsables africains ont estimé que les institutions de Breton Woods doivent revoir leur financement à l’endroit  des pays africains.

C’est bien ça le problème et au niveau de la Banque mondiale et du FMI, nous en sommes conscients. Les politiques adéquates seront mises en œuvre pour cela mais il faut d’abord résoudre le problème de la gouvernance ainsi que celui de la qualité des ressources humaines. On vient de dire tout à l’heure que dans nos universités, la majorité des étudiants sont dans les sciences humaines. Il faut renverser la tendance et cela est une réforme majeure que nous devons faire afin que ce nombre aille vers les secteurs scientifiques et c’est ça qui fait le développement.

L’Afrique peut-elle espérer ? Le Bénin aussi ?

Le Bénin peut espérer et l’Afrique peut aussi espérer car, lorsque la gouvernance change et que les hommes aussi sont là pour travailler, il y a toujours de l’espoir. C’est pourquoi, je dis que nous devons nous mettre au travail. Pour ce qui me concerne, de la place qui est la mienne  à Washington, je continue de faire ce que je peux pour aider notre pays.

Entretien réalisé par Yannick SOMALON

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1 thoughts on “Bernardin Akitoby, cadre béninois au Fmi: « Je suis optimiste pour l’économie béninoise»

  1. AKITOBY

    OUI BERNARDIN AKITOBY MON FRÈRE GERMAIN EST UN CADRE INTERNATIONAL QUE LE BÉNIN PEUT VAILLAMMENT EXPLOITER POUR SON ESSOR ECONOMIQUE .

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