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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’emballement du campus


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Hier, tôt le matin, les étudiants de la Faculté des sciences et techniques qui tentaient de braver le mot d’ordre de boycott des syndicats de l’Université d’Abomey-Calavi en ont eu pour leur compte. Ils se sont retrouvés avec des amphis farcis de matières fécales copieusement déversées par leurs camarades désireux de les empêcher de composer. C’est une manière « pacifique » de revendiquer ses droits. Mais, moins pacifiques, de violents  affrontements ont opposé des étudiants aux forces de l’ordre, ce même mardi. L’avenir se dessine en couleur noire sur le campus d’Abomey-Calavi.

Cela d’autant plus que la ministre Marie-Odile Atanasso semble totalement dépassée par les enjeux. A propos des sanctions infligées aux 21 étudiants exclus du campus, comme sur la question de l’invalidation de l’année académique à la FLASH, on ne voit ni n’entend la ministre de l’enseignement supérieur. Comment peut-on expliquer qu’en lieu et place de son ministère, ce soit d’anciens responsables syndicaux étudiants qui aient été envoyés pour comprendre la situation et négocier avec les acteurs ? Il y a comme une insuffisance de leadership, une certaine incompétence qui oblige le Chef de l’Etat à utiliser d’autres voies de recours. « Le Président TALON a –t-il un Ministre de l’enseignement Supérieur ? » , se demandait le bien tonitruant Thierry Dovonou, syndicaliste de l’enseignement secondaire qui pointe d’un doigt accusateur la même ministre qui semble montrer une trop grande distance  vis-à-vis des acteurs sociaux de son département ministériel.

 Tout compte fait,  la situation semble avoir atteint un point de non-retour. Qui donc trouvera la solution à la crise si ce n’est l’autorité de tutelle ? Il est vrai que la crise a atteint un niveau d’enlisement proche du pourrissement. Et ce que j’attends des étudiants, ce n’est pas la vindicte belliqueuse de ces dernières semaines. Leur attitude a conduit à la radicalisation de la position des enseignants. L’écart entre ces deux grandes composantes de la communauté universitaire ne cesse de se creuser depuis la mise en place du système LMD. Les contraintes liées à la massification des effectifs, au manque d’enseignants qualifiés ainsi qu’à la méconnaissance des textes en vigueur sont de nature à perturber davantage l’application du système objet aujourd’hui de toutes les discordes.  Que faire dans ce contexte où les éclats et les explosions ont pris la place du dialogue ? Plus que jamais, l’autorité de la ministre doit se faire sentir pour remettre chacune des parties au dialogue au lieu de faire la sourde oreille comme aujourd’hui.

Mais, même si la ministre reste muette sur les échauffourées sur le campus, elle ne saurait rester indifférente à la clameur qui vient de l’assemblée nationale. La nouvelle carte universitaire, source de toutes les discordes, constitue l’un des héritages les plus difficiles à gérer du régime Yayi. La multiplication irresponsable des centres universitaires et des universités est concrètement une épine dans les pieds de Talon. Tout le monde est conscient des  calculs politiciens ayant été à la source de la création de ces enttités de formation. Il n’aura échappé à personne que les lieux d’implantation ont été trop souvent dictés par des considérations politiques. On a pu voir des centres universitaires comme ceux de Savè et de Tchaourou qui sont dépouillés de tous locaux dignes du nom et sans enseignants. On veut former les futurs économistes et planificateurs par exemple, dans des centres de jeunes et de loisirs, en faisant comme si nous y étions forcés. Mais, face à une manœuvre politique, le gouvernement a opposé une attitude technicienne   en privilégiant la rationalité académique. La ratification in extremis des accords de prêts hier aura permis une première passe d’arme sur la question. On aura retenu le plaidoyer quelque peu désabusé de l’honorable Jean-Michel Abimbola qui s’est enflammé contre la « fermeture » de l’université d’agriculture de Kétou. En termes de « fermeture », tout le monde sait qu’il n’en est rien et que surtout le gouvernement était présent ce mardi au parlement pour, entre autres, construire précisément cette université transformée en centre universitaire depuis le conseil des ministres du 27 juillet. Là aussi, il s’agit d’une posture politique   qu’une rationalité académique ne saurait résoudre.

La ministre doit-elle être plus politique ? C’est aujourd’hui une nécessité. Si elle ne veut pas se noyer dans le flot des contestations qui fusent de toutes parts.

Par Olivier ALLOCHEME

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