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Le triomphe de la vérité

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Opinion de Jérôme BIBILARY: PORTO-NOVO, REVEILLE TOI !


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« L’histoire nous enseigne qu’à l’époque coloniale, tous les ministères étaient à Porto-Novo. Cette ville était donc prédisposée à être une ville politiquement, économiquement, culturellement et socialement rayonnante. »

« Ce n’est, hélas ! pas le cas. Que s’est il alors passé ? Pourquoi Porto-Novo est aujourd’hui une ville politiquement sclérosée, économiquement marginalisée, culturellement terne, malgré ses atouts, socialement dépréciée, divisée entre ses diverses communautés. »

En faisant ces constats, le 23 juillet 2016, lors de la cérémonie de lancement du Front des Républicains pour le Développement (FRD) de Porto-Novo, Maître Jacques Migan ne s’attendait nullement à jouer les arbitres, parfois les censeurs dans un vieux débat qui a rapidement pris les allures d’un mea culpa.

C’est un réquisitoire comme on les aime, profond et triste à la fois, plein de rappels et d’enseignements. Le bâtonnier Jacques Migan s’est attaché à décrire Porto-Novo, tel qu’il était et tel qu’il est demeuré : une capitale triste et pitoyable. Son état d’abandon absolu fait pitié et impose aujourd’hui l’urgence. Pas question pour le Président Talon de faire semblant comme ses prédécesseurs. Aujourd’hui, pour enfin donner à Porto-Novo ses attributs de capitale d’un pays qui évolue quand même, le Chef de l’Etat ne doit plus promettre : il doit agir. Pour cela, il a cinq ans pour transformer la capitale pitoyable d’un pays particulier. Enfin …….. cinq ans moins quatre mois. Comme on le voit, le temps presse. Et le chantier est immense.

Mais, si Porto-Novo refuse le développement, ce n’est pas seulement du fait de nos dirigeants. Les porto-noviens ont aussi leur part de responsabilité.

Natif moi-même de Porto-Novo, j’ai toujours été très sensible à l’image que nous, porto-noviens, donnons de nous-mêmes au Bénin. Je l’ai déjà dit et écrit. Je l’écris encore aujourd’hui, avec la même émotion qu’il y a quelques années. D’ailleurs, beaucoup  de ceux qui nous critiquent  avec intelligence ou amitié expriment, quelquefois avec désarroi, leur regret de voir que Porto-Novo n’a plus cette influence politique, économique et même intellectuelle qui en faisait, dans un passé pas si lointain, sinon une ville moderne, du moins la capitale du Dahomey.

Qu’arrive-t-il alors à Porto-Novo et aux porto-noviens ? C’est la question que l’on peut effectivement se poser et qui, d’ailleurs, se réflète, depuis, à travers les courageux propos tenus par le bâtonnier Migan devant un impressionnant parterre de dignitaires et de hautes personnalités. Car, il est inimaginable d’entendre ce que j’ai entendu ce jour-là. Il est inimaginable, en effet, que Porto-Novo soit divisé entre ses diverses communautés, entre ceux prétendus pauvres et ceux prétendus riches, entre les natifs et ceux prétendus étrangers, entre gouns et yoroubas, entres “gbétanous” et “citadins“. Mais, il est aussi inimaginable que nos querelles intestines et égoïstes nous empêchent de loger l’hôtel de ville  dans des infrastructures  dignes d’une capitale sinon moderne, du moins en voie de modernisation.

Il faut néanmoins reconnaître que c’est un problème global. Et personne, s’il est vraiment sincère, ne peut prétendre détenir une sorte de vérité absolue sur un sujet aussi complexe et à polémique. Et s’il est vrai que le débat est toujours resté ouvert, il est tout aussi vrai que cela est devenu un débat de clientèle  face à des chefs de clans. Certes, le clanisme n’est pas seulement un phénomène porto-novien, (c’est un mal béninois) mais à Porto-Novo, sa particularité est qu’il contribue à l’accentuation du sous-développement de la ville. Et, pendant ce temps, l’image de ce Porto-Novo pris en otage se détériore. A cela, il faut ajouter  que les porto-noviens se sont, peut être malgré eux,  soumis aux impératifs de fonctionnement d’une ville décentralisée où une certaine démocratie veut que ce soit la majorité qui décide du sort de l’ensemble.

Je ne fais que constater cet état de choses. Et je veux tenter d’introduire un rectificatif qui interpelle directement le Président de la République qui est, Dieu merci, porto-novien de cœur.

Car, avant et après tout, Porto-Novo est la capitale de la République du Bénin. Non pas la capitale politique, mais la capitale tout court.  Dans une république, il n’y a jamais eu plusieurs capitales. Il n’y en a qu’une seule, et celle du Bénin s’appelle Porto-Novo. Qu’on cesse alors de nous distraire et d’amuser la galerie avec ces rajouts de capitale ……. politique, capitale ….  économique, capitale……. historique, et patati…..et patata.

Le Président de la République du Bénin peut-il intervenir dans le débat de la modernisation de la capitale de la République sans être soupçonné  ou accusé d’interventionnisme ? Voilà, désormais, le vrai débat. C’est aux natifs de Porto-Novo de constater, d’observer, de juger, de choisir et de trancher. Veulent-ils à la tête de l’Etat un homme qui ait  assez d’autorité pour imposer ses vues pour le développement de la capitale ou préfèrent-ils que le débat se limite à un problème porto – porto-novien ? Pour ma part, il n’y a même pas débat. Je vois un  Président jouant un rôle de multiplicateur, de coordinateur, de développeur, délégant ses pouvoirs à son représentant régional, c’est-à-dire  le Préfet qui, à son tour, joue le rôle de surveillant et de contrôleur. En tout cas, si la capitale d’un pays n’a pas le rayonnement qu’elle devrait avoir, c’est d’abord au Chef du pays que tous les observateurs s’en prendront.

Au total, j’ai l’impression qu’aujourd’hui, les porto-noviens se sont renfermés sur eux-mêmes. Or, ils devraient ouvrir les yeux, se dire plus souvent la vérité, rompre avec le nombrilisme et trouver quelque chose  de nouveau qui crée et mobilise l’intérêt général.

Si Porto-Novo traverse en ce moment une période de glaciation sur le plan des ambitions et du désintéressement, il faudrait que les vrais porto-noviens, pour ne pas être perçus d’une façon ridicule, épousent mieux leur place réelle au Bénin. Il faudrait aussi que les porto-noviens soient moins agressifs sur le plan verbal. Discuter d’autre chose, condamner toujours les autres, s’insulter, se soupçonner, se jalouser sont peut-être d’un certain intérêt, mais ne résout pas le problème primordial qui est le développement de notre ville. Malheureusement, aujourd’hui, les réactions politiques des porto-noviens sont plus proches de la régression infantile que des préoccupations réelles des populations de Hogbonou ou d’Adjatchè.

Je ne terminerai pas mon analyse sans faire observer que, dans le concert de toutes les nations du monde, Porto-Novo est la seule capitale, oui……..la seule au monde à n’avoir pas  une université pluridisciplinaire ; Anachronique non ? Oui, anachronique et…….révoltant./.

 

Jérôme BIBILARY.-

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