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Le triomphe de la vérité

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Edito: Les fêtes communautaires


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logoElles se multiplient. Hier dimanche, c’était le tour des « Tolinous » de célébrer la troisième édition de « Tolikoukan », la fête des « Tolinous ». Avant eux, il y eut la 95ème édition de Nonvitcha, qui est, pour ainsi dire, l’ancêtre de toutes les fêtes communautaires et qui réunit depuis près d’un siècle les peules Xla et Popo de tout le Bénin. Il y eut aussi le Festival des Arts et de la Culture Tammari (FACTAM) créé depuis 2000 pour célébrer la culture Tammari. Parlons du Festival Danxomè et dont la treizième édition a eu lieu en décembre 2015 sous le thème : « Emergence d’une capitalepolitiqueAgbomè : atouts pour le développement d’Abomey et du Bénin ». L’événement avait mobilisé les populations du plateau d’Abomey et environs autour des valeurs
ancestrales cultuelles et culturelles.  Parlons également de Wémèxhoué dont la septième édition s’est déroulée en janvier 2016 à Affamè, commune de Bonou. Elle entend être le lieu de retrouvailles des enfants de la vallée autour de leurs valeurs culturelles et cultuelles. On n’oubliera pas Gléhouéhoué, Agonlihoué, Maxihouendo, la Gani ou encore Zèxwé. Ce sont autant de fêtes identitaires qui fleurissent de-ci de-là, comme si chaque communauté s’est senti le besoin d’exprimer ses valeurs à la face du monde.

 Les fêtes communautaires peuvent bien être perçues comme  des manifestations ethnocentriques. Elles sont une forme de démonstration grandeur nature des valeurs culturelles des communautés. Curieusement, ce réveil des désirs d’affirmation communautaire se généralise à tout le pays. Toutes les communautés créent leur événement culturel, comme dans un mouvement d’ensemble qui imite forcément Nonvitcha, soit pour le copier, soit pour le mitiger. Chaque édition de Wèmèxwé donne l’occasion aux responsables d’inaugurer des infrastructures sociocommunautairesqui immortalisent l’événement. C’est tout à fait différent du FACTAM ou même de Nonvitcha restés dans une dynamique purement culturelle voire cultuelle. Salles de classes, laboratoires scolaires, bibliothèques ou centres de santé sont offerts sur la base des recettes enregistrées d’une année à l’autre, avec une intelligente harmonie entre les membres pour construire une communauté de destin. Peut-on dire que ces communautarismes  manifestent une certaine frustration identitaire qui s’épanche en fête ? C’est bien possible. Avec l’accroissement des centres urbains, l’individu béninois se sent comme noyé dans un cosmopolitisme réducteur qui le submerge. Il tente alors d’être  lui-même, de se montrer à lui-même à travers ses semblables. Le Tolli veut se sentir Tollien exhibant à tous sa fierté et sa dignité.

Mais il y a des fêtes déjà inscrites dans le moule des traditions. Le cas typique est celui de la Gani qui ne doit rien à un quelconque désir d’affirmation des Baatonous d’aujourd’hui. Il s’agit simplement d’une célébration rituelle qui  doit son existence aux exigences des ancêtres. Les résurgences actuelles sont une récupération de ces rituels ancrés, en vue de les tourner vers des préoccupations plus actuelles.

Ce qui aura retenu les attentions lors du tout dernier Wémèhoué, c’est la volonté ostentatoire du comité d’organisation d’écarter l’événement de toute récupération politique, surtout à la veille des chaudes empoignades de mars. Aucune affiche, aucune pancarte à caractère politique n’avait été  admise sur les lieux de la célébration. Cette volonté affichée n’aura pas été respectée ailleurs, avec les conséquences que l’on sait. Mais, d’une façon générale, ces manifestations identitaires s’emploient, sans y réussir toujours, à s’éloigner des manœuvres de récupération politique qui fleurissent (ou ont fleuri) au Bénin.

C’est la preuve qu’il s’agit dans la plupart des cas d’irrédentismes positifs de gens qui se sentent une communauté de langues et de destins et entendent l’exprimer ensemble avec leurs amis et leurs parents. Car, c’est en ces moments que l’on invite ses amis de la ville à venir découvrir les valeurs culturelles qui font notre fierté. Démonstration, affirmation de soi mais aussi communauté. A Nonvitcha, frères et sœurs partagent  les nourritures et les boissons, mais se parlent également pour enterrer les querelles d’antan.

Que peut tirer l’Etat de ces fêtes communautaires ? Il y a dans chacune de ces démonstrations culturelles des ressources touristiques exploitables. Exploitables non pas seulement pour des touristes étrangers qui s’en vont au détour de quelques flashes ou de quelques cliquetis de leurs appareils photo et de leurs caméras derniers cris. Mais ils sont destinés aussi à communquer aux enfants qui naissent hors du pays ou deleur milieu culturel d’origine. C’est dire que les fêtes identitaires devraient permettre à chacun de nous, de nous replonger dans nos cultures, pour ne pas être étrangers à nous-mêmes.

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