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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec le Directeur Général Afrique de la TICAD, monsieur Norio Maruyama: « La TICAD demeure une grande opportunité d’investissements en Afrique »


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Norio TicadInitiée en 1993 par le Japon, la Conférence de Tokyo pour le développement de l’Afrique (TICAD) sera, cette année à sa sixième édition. Une première sera pour l’Afrique, à travers le Kenya, d’abriter cette conférence internationale d’où découleront des opportunités pour assurer le développement des pays africains. Le Directeur Général d’Afrique pour la TICAD, SEM l’Ambassadeur Norio Maruyama revient sur l’importance qu’accorde le Japon à cette conférence ainsi que les perspectives du TICAD VI

L’Evénement Précis : Que cherche le Japon en Afrique à travers le Ticad ?

SEM l’Ambassadeur NorioMaruyama : On a commencé en 1993. C’était après la guerre froide. Nous avons beaucoup parlé de pessimisme en Afrique qui était comme un continent sans avenir. Ceci, suite aux maux dont elle souffrait tels que le génocide, l’apartheid et autres. L’aide japonaise a commencé en Afrique par la coopération technique qu’apportait le JICA à travers le déploiement d’experts dans les pays africains. On connaissait les africains et on a voulu qu’ils prennent leur destin en mains pour évoluer. C’est ainsi que la Ticad a commencé. Nous avons alors joint des partenaires à cette initiative afin qu’ils puissent partager avec nous ce même sentiment. Nous étions très heureux de voir qu’il y avait beaucoup de participants à la première édition du Ticad, pas seulement du côté africain mais aussi des partenaires. A travers cette conférence, le Japon veut que l’Afrique se développe et qu’on ait plus de partenaires pour  attaquer les grands sujets internationaux et nous pencher ensemble sur le développement de l’Afrique. Ce sont des problèmes auxquels le continent africain fait face et sans avoir une coordination de développement, il n’y aura pas de solutions à ces problèmes. C’est notre conviction.

Quels sont les grands points qu’aborde la TICAD pour assurer le développement de l’Afrique ?

Auparavant, la TICAD I et II était centrée sur le développement. Mais à partir de 2003, il y a eu la perspective du développement et de la croissance économique. Les pays africains ont alors choisi que la Ticad soit une opportunité pour parler un peu de l’investissement. C’est pour cette cause que nous avons voulu que les sociétés japonaises prennent part au Ticad VI. Ce sera l’apothéose car il y aura 150 entreprises japonaises qui seront représentées à Nairobi. Nous comptons profiter de cette occasion pour faire venir notre premier ministre et quelques ministres japonais. Aussi, le secteur privé est en première ligne parce que, des trois priorités définies, nous ne pouvons pas faire seuls les armes. Nous avons alors besoin de la participation du secteur privé. Nous voulons montrer de quoi le Japon est capable pour faire avancer les dossiers du développement. Ainsi donc, après laTicad V le Japon a remarqué que l’Afrique fait face à trois défis à savoir, le déclin des prix des communautés, la pandémie Ebola qui a révélé la fragilité du système de santé en Afrique puis enfin, le daesh qui est devenu un véritable problème pour l’Afrique. Pour y arriver, nous avons besoin non seulement des aides des partenaires mais aussi des membres de la société civile. Les représentants de la société civile sont donc invités et ont même le privilège de se prononcer.

Quelle politique le Japon compte mettre en œuvre pour véritablement aborder les défis précités.

Nous avons un devoir de coopération avec les sociétés privées japonaises et ces dernières vont aussi apporter leur part à l’édifice. Quand nous avons par exemple besoin de diversifier l’économie pour que le pays ne soit pas indépendant des ressources naturelles, nous leur proposons une alternative en regardant si le pays a du potentiel pour l’agriculture. C’est le moment de créer non seulement la production mais aussi de créer de la valeur ajoutée pour que ce soient des sociétés privées qui prennent en compte ce projet non seulement en contribuant mais aussi en cherchant comment le transformer en produit commercial. Par exemple, nous avons décidé d’équiper les aéroports de certains pays africains d’une caméra thermique, présente à l’aéroport de Tokyo, et qui permet de savoir si un individu souffre d’une fièvre. Cette technologie de pointe est difficile parce qu’elle a besoin d’une maintenance fiable mais, 14 pays peuvent désormais contrôler chez leurs passagers s’ils ont ou pas la fièvre Ebola. C’est aussi une sorte de combinaison entre le privé et le gouvernement

Pourquoi avoir fait le choix du Kenya vingt-trois ans après la TICAD ?

Nous avons voulu que la TICAD soit d’actualité. Après les trois premières éditions, la TICAD est devenue un grand sommet. Le Japon a vu que cet événement pouvait être possible en Afrique parce que près de 15.000 participants ont pris part au TICAD V qui s’est tenue à Yokohama. La particularité de la TICAD est aussi le business. Tous ces éléments compilés ont donné droit à l’appropriation, et le choix du Kenya ne vient pas de nous mais des pays africains.

Vous êtes l’un des acteurs de la coopération nippon-Afrique. Quel regard portez-vous sur l’économie en Afrique ?

En 2013, tout le monde pensait que la croissance africaine irait avec le plus grand dynamisme. Les trois éléments cités constituent des défis majeurs pour développer un pays. L’Afrique a résisté à ces maux et je pense que c’est résilient. C’est une des raisons pour laquelle les entreprises japonaises regardent vers l’Afrique.

Quel est le bilan de la TICAD du côté du Japon ?

Nous sommes très contents parce qu’on a voulu que les partenaires se joignent à nous pour travailler ensemble sur le développement de l’Afrique. En 1993 ; il n’y avait que la France qui avait une relation avec les pays africains. S’en est suivi l’Union Européenne, la Chine, l’Inde, la Corée et tout récemment les Etats-Unis. L’intérêt qu’ils ont pour l’Afrique est important. C’est important d’avoir de grands partenaires de développement comme le PNUD, la Banque mondiale et autres qui ont un œil particulier sur l’Afrique. Pour nous, c’est une occasion pour que le Japon puisse travailler davantage en Afrique parce que la TICAD s’allie avec les vraies demandes de l’Afrique.

Devons-nous dire que le Japon va profiter du grand boulevard en termes d’investissement en Afrique ?

Le Japon pourrait en profiter et il y aura beaucoup de partenariats. Le fait que les patrons des entreprises japonaises seront en Afrique pour la TICAD va créer beaucoup d’opportunités. Il y aura en tout près de 150 chefs d’entreprises. Le plus important c’est Toyota qui a acheté le CFAO. C’est un grand progrès pour l’Afrique. Ces deux structures ensemble vont non seulement développer le secteur de l’automobile mais aussi le domaine pharmaceutique et autres. Nous aurons aussi à nouer une coopération avec la France pour voir comment intervenir ensemble sur le continent. Un effort a déjà été fait et des piliers ont été trouvés dontentre autres, la santé et la sécurité.

En 2015 plusieurs pays se sont réunis aux Nations Unies pour définir les ODD. Comment le Japon pense, à travers laTICAD, réduire le taux de chômage et éradiquer la pauvreté en Afrique ?

Le troisième pilier de la TICAD est la stabilité sociale qui prend en compte l’aspect important des couches vulnérables que sont les jeunes. Ce sera l’occasion de leur donner espoir et leur montrer cette possibilité de faire des formations. En parlant de l’entreprise Toyota, cela pourrait les aider car elle a déjà formé près de 1500 jeunes au Kenya dans le maintien des voitures. C’est aussi le cas d’une société japonaise qui a formé près de 300 jeunes kenyans pour renforcer leur niveau de formation en Asie et intervenir dans plusieurs domaines.

Le problème de la mauvaise gouvernance se pose en Afrique. Comment pensez-vous résoudre ce problème ?

Je crois qu’il faut d’abord sensibiliser. Il faut aussi former c’est à dire les emmener au Japon et les faire travailler de manière japonaise. Nous avons commencé une initiative qui est l’African Business Education Initiative (ABE Initiative) qui est une combinaison d’éducation et de formation en entreprise. Nous faisons venir les fonctionnaires pour qu’ils puissent comprendre le mode de travail du Japon. C’est quelque chose qu’on apprend en travaillant. Ce faisant, on ne pensera jamais à faire une mauvaise gouvernance.

Réalisé par Rastel DAN (Envoyé spécial à Tokyo)

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