.
.

Le triomphe de la vérité

.

Edito: Un médiateur né


Visits: 2

logo journalLe Chef de l’Etat a réussi un gros coup. La réunification des différentes chapelles de l’Eglise protestante méthodiste au Bénin est une victoire majeure de son régime, surtout en ce début de mandat. C’est une médaille de plus à accrocher à la poitrine de celui qui avance dans la plus grande discrétion au sommet de l’Etat.

Loin des hagiographies lénifiantes, on peut reconnaitre  que la crise au sein de cette église, pourrait enfin  connaitre son épilogue, grâce à la médiation du gouvernement. En effet, l’application des  nouveaux textes adoptés  à Dassa en 1997, a propulsé l’Eglise Protestante Méthodiste du Bénin (EPMB) dans une profonde crise. Le 09 avril 1998,  le tribunal est saisi du dossier et le  forum du 26 au 29 novembre 1998 tenu à Bohicon consacre la division de l’Eglise en deux branches : l’EPMB et l’EPMB-Conférence. Au total, six jugements et arrêts des Cours et tribunaux du Bénin sont intervenus pour obliger L’EPMB-Conférence à libérer les temples et presbytères de l’EPMB, sans succès.     Moïse SAGBOHAN réussit dans un premier temps à faire enregistrer son église, l’EPMB-Conférence en 2000. Mais le 13 juillet 2006, la Chambre Administrative de la Cour Suprême annule le récépissé portant enregistrement de l’EPMB-C. « Nous voulons reprendre nos temples et presbytères », crient les responsables de l’EPMB qui réclament depuis lors l’exécution des décisions de justice qui ordonnent le déguerpissement pur et simple des temples occupés par les responsables et fidèles de l’EPMB-Conférence. Et comme on peut l’imaginer, cette situation donne lieu à des affrontements qui interpellent l’autorité.

    Plusieurs institutions sont intervenues depuis lors pour résorber la crise. Il s’agit de la Communauté des Eglises de Toute l’Afrique (CETA), de la Communauté des Eglises en mission (CEEVA), de l’église Méthodiste de Grande Bretagne et de l’Eglise Méthodiste du Nigéria. A la Pentecôte 2016, des affrontements ont encore éclaté entre les deux ailes.

L’implication du gouvernement aura consacré le rôle de l’Etat dans une institution purement religieuse. Mais cette intervention constitue presque une hérésie, au regard de l’article 2 de la constitution qui indique clairement que le Bénin est une République laïque. C’est à tort que Mathieu Kérékou et Boni Yayi, durant leurs mandats respectifs, ne cessaient pas d’invoquer Dieu à tout propos et de citer des pans entiers de la Bible, comme s’ils ne dirigeaient que des chrétiens.  Pour dire vrai, Mathieu Kérékou a cessé ce cinéma le jour où il a décroché son second mandat. Quant à Boni Yayi, on sait que ces invocations répétitives servaient avant tout à endormir les foules qui mettent leurs cerveaux en vacances dès qu’elles entendent quelques versets bibliques. L’intelligence du politique avisé, c’est d’avoir perçu très tôt cette faiblesse du peuple des croyants et de l’exploiter, parfois même à un degré insoupçonnable.

On en a vu les conséquences, avec le règne des pasteurs, le déversement des fidèles évangélistes dans les arcanes de l’Etat et dans les sociétés et offices publics. Pire, les religieux sont devenus des acteurs importants de l’activité politique et économique, en créant des distorsions profondes au sein de la société. L’imposture aura été exploitée à fond lors de la dernière présidentielle. A la manœuvre, quelques cadres évangélistes munis de sacs de billets de banque, sillonnent temples et églises où ils parviennent à se faire entendre. Pourvu que les hauts responsables aient leurs comptes dans ces pratiques nauséabondes…

A naviguer dans ces eaux troubles, la laïcité de l’Etat a fini par être oubliée. A tort. Dans un pays laïc, le Président de la République ne devrait jamais se mêler des affaires religieuses, sauf à se  fourvoyer. Mais l’intervention du gouvernement dans le cas de l’EPMB ressemble à une action visant à maintenir l’ordre public et à garantir la paix sociale.

Il faut se demander si le Chef de l’Etat pourra rester dans la même logique d’intervention dans d’autres crises. On connait les cas de l’Eglise catholique qui assiste à l’hérésie de Banamè. Mais là où tous les citoyens l’attendent, c’est la résolution de la crise de la Fédération béninoise de football ou encore celle des Unions régionales des coopératives agricoles rurales (URCAR). S’il peut réussir dans ces deux dernières médiations, il pourra ouvrir la voie à l’épanouissement de milliers de Béninois qui tirent leurs revenus de ces deux secteurs.

Par Olivier ALLOCHEME

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page