.
.

Le triomphe de la vérité

.

Dossier Spécial/Regain de la vindicte populaire au Bénin: La loi du feu comme vengeance du peuple


Visits: 19

feuLa vindicte populaire a repris de plus bel au Bénin. Pas un jour où on n’enregistre de cas de lynchages à mort de présumés voleurs. Elle se manifeste de façon toute simple avec une facilité inédite. En réalité, face aux cas de vols, les populations défient désormais la justice et appliquent la loi du feu. La situation a gagné du terrain comme si l’opération était instituée dans les textes de la République. Les motivations conduisant certains citoyens à cet acte se résument au mal que leur fait le voleur. Il s‘agit, selon eux, de la « nonchalance des forces de sécurité et de la justice » à appliquer véritablement la loi avec fermeté. A cela, s’ajoute la peur de voir le mis en cause, une fois libéré, se retourner contre ses détracteurs. C’est pourquoi, une fois le présumé voleur arrêté, les premiers témoins donnent l’alerte et après des bastonnades correctives, la loi 325 fcfa (un litre d’essence+ une boite d’allumettes) est appliquée sous le regard impuissant des parents. Une dizaine de cas sont déjà recensés tant à Abomey-Calavi qu’à Cotonou. Seuls les plus chanceux sont secourus par les forces de sécurité publique.

Un étudiant en Master échappe à la vindicte populaire

De justesse,  un étudiant en année de Master à la Faculté des sciences et techniques (Fast), membre de la police universitaire et responsable d’amphi, a échappé à la vindicte populaire. A l’origine, la disparition d’une moto retrouvée dans un magasin sur le campus et qu’il a reconnu avoir volé. Selon les témoignages, il a été  appréhendé au petit matin du  lundi 27 juin 2016 aux environs de 5 heures vers les résidences universitaires de l’Université d’Abomey-Calavi. Après avoir été bastonné, il a  montré un magasin de stockage où il a été retrouvé la moto volée. Sur lui, une vingtaine de clefs de motos. Dans sa cabine, plusieurs objets ont été découverts. Il y avait des talismans dans son sac. Des sources confirment que plus de 1.000  feuilles d’examen de la Fast, de plusieurs couleurs et déjà cachetées ont été retrouvées dans sa cabine. Il aiderait même certains enseignants dans la correction des copies d’examen. Il a été récupéré par les forces de l’ordre.

Le Parlement exige la prise des sanctions sévères contre les auteurs

Le Bénin est un pays de droit et sa Représentation nationale ne saurait rester muette face à la recrudescence des actes de barbarie qui se produisent dans certaines villes du pays depuis quelques semaines. C’est ce qui justifie l’initiative d’une question d’actualité par le député Jean-Michel Abimbola sur le phénomène de la vindicte populaire qui semble se généraliser au Bénin. Une question adressée ce 29 juin 2016 et à laquelle l’Exécutif s’est empressée d’apporter des réponses. Face aux députés ce jeudi, le ministre de la justice, Me Joseph Djogbénou a expliqué que le gouvernement n’encourage pas ces actes de barbarie et de justice privée. Raison pour laquelle, avant l’interpellation du parlement, il a anticipé en prenant des dispositions qui s’imposent pour faire subir des sanctions sévères aux auteurs de ces actes. « Il n’appartient pas aux citoyens de mettre en danger la vie de leurs semblables quels que soient les actes commis. (…) La réponse judiciaire sera forte tout comme la réponse policière parce que toute personne mise à mort dans ces conditions est un présumé innocent. Des instructions les plus fermes ont été données aux autorités de la police judiciaire… » a-t-il lancé avant de finir par un appel à la sensibilisation des populations. Son collègue de l’intérieur et de la sécurité publique, M. Sacca Lafia a profité de l’occasion pour énumérer les mesures urgentes prises par le gouvernement et les mesures à effet durable et pérenne qu’il compte prendre dans les jours à venir.

Les auteurs de vindicte populaire bientôt devant la justice

Selon le Conseil des ministres du 29 juin 2016, le ministre de la justice et de la législation et le ministre de l’intérieur et de la sécurité publique ont présenté une communication conjointe sur les mesures envisagées pour réprimer les actes de vindicte populaire observés ici et là dans le pays. Le Gouvernement désapprouve fermement ces exactions et la justice expéditive qui viole le principe du respect des droits de l’Homme. « Pour décourager de tels actes ignobles, les deux ministres ont été instruits aux fins de faire procéder avec diligence à des enquêtes sur tous les cas de vindictes populaires survenus et non prescrits, d’appréhender et de poursuivre les auteurs, les co-auteurs et les complices », a laissé entendre le secrétaire général de la présidence de la république, Pascal Irénée Koupaki. Il faut, par ailleurs, noter que le Gouvernement a saisi cette occasion pour appeler au respect de l’article 8 de la Constitution du Bénin qui dispose : « La personne humaine est sacrée et inviolable. L’Etat a l’obligation absolue de la respecter et de la protéger. » Le Gouvernement a également rappelé que le pays doit respecter les engagements internationaux en matière de promotion et de protection des droits humains.

Témoignage accablant d’Irené Dazan sur un acte de vindicte populaire  survenu le samedi 18 juin dernier à Klouékanmey

« Depuis environ trois mois, les vols à main armées et les braquages à la machette sont devenus récurrents sur les axes Klouékanmey-Ahogbéya et Avéganmey. Adjahonmey
Ces braquages pour la plus part ont souvent  lieu tous les jours de marché de Klouékanmè.Le mode opératoire de ces hors la loi consiste à se mettre à l’affût dans la brousse jonchant le long de la voie,à guetter le passage des usagers,et à leur asséner de violents coups de machette de manière à les blesser pour les déposséder par la suite de leur moto.
Ces braqueurs visent souvent les motos communément appelées djènana et les plus convoitées sont celles de marque haojoue ou Honda Wave. Suite à plusieurs plaintes des victimes qui ne cessent d’être enregistrées dans les unités territoriales de brigade, chaque jour que Dieu fait,le capitaine FréjusHOUNSOU,commandant la compagnie de gendarmerie d’Aplahoué a initié des  patrouilles de jour comme de nuit auxquelles il a  lui-même souvent participé.Le mal dans le Couffo est que les populations par solidarité, ne dénoncent jamais leurs frères,et ne coopèrent non plus en matière de renseignements.Les forces de sécurité n’étant pas des magiciens, il leur est difficile d’avoir des informations, choses indispensables dans l’accomplissement de leur mission républicaine,sans une complicité avec cette population.
Comme une fumée qui ne peut indéfiniment se cacher,ces braquages ont pris ces dernières semaines, une tournure qui ne dit pas son nom,donnant du coup de l’insomnie  à cette même population qui entre temps émettait des réserves dans la fourniture des informations.Décidé à en finir une fois pour toute avec eux,le commandant de la compagnie de gendarmerie d’Aplahoué, le capitaine Fréjus Hounsou  a parallèlement mis sur pied un réseau puissant d’informations et de renseignements.C’est d’ailleurs l’exploitation des résultats de ce nouveau dispositif qui a permis de localiser ces hors la loi dans leur cachette à Hêvié,un arrondissement de la commune d’Abomey Calavi. Une descente planifiée et exécutée de main de maître par le capitaine Hounsou Fréjus a permis de mettre la main sur les sieurs ESSE Norbert alias GOUDA Le plus redoutable de la bande,et TCHIKLA Midjiko.Il est à noter que cette prise d’Abomey Calavi a été rendue possible grâce à la collaboration des habitants de Hêvié.Une fois ramené à Klouékanmey, lieu où les crimes ont pour la plupart été commis,les deux malfrats n’ont pas hésité à citer le sieur KOUESSI Elie,un autre acolyte de la bande qui a lui-même été interpellé à Tchikpé après une chasse poursuite parce qu’il avait pris la clé des champs.Il a lui aussi conduit à la brigade territoriale de Klouékanmey où étaient détenus les deux premiers.Ayant été informé de ce qu’un groupe de jeunes composé essentiellement des victimes et proches des victimes s’apprêtait à  attaquer la brigade pour régler leur compte avec ces divorcés sociaux,le commandant compagnie a décidé  de les conduire à  sa base sise à Aplahoué pour  la suite des investigations.C’est au cours de ce transport le même jour aux environs de 14 heures,que des individus armés ont barré la voie et encerclé le véhicule de commandement qui les transportait,et menaçaient de lui mettre feu avec tous ces occupants,y compris les gendarmes,si ceux-ci ne leur livraient pas les bandits.Vu le nombre très réduit de ces gendarmes,le capitaine HOUNSOU Fréjus a immédiatement appelé la hiérarchie pour demander  du renfort aux autres compagnies du groupement centre.Avant l’arrivée des éléments sur les lieux,la population surexcitée s’était ruée sur le véhicule, avec des bidons remplis d’essence et avait commencé par l’asperger,quand un autre groupe leur jetait des pierres.Une première fois,et dans son intention de protéger ses gardés à vue,le capitaine HOUNSOU Fréjus a ordonné à ses gendarmes de se tenir prêts à des tirs de sommation afin de disperser la foule et de se frayer un passage.
Toutes tentatives malgré les tirs de sommation pour sauver ces trois gardés à vue ont été vaines.Un repli a alors été organisé dans la foulée par Le capitaine   afin de mettre hors danger ces hommes et le matériel militaire.C’est ainsi que de justesse, les gendarmes ont eu la vie sauve, et ce qui devrait arriver, arriva »

Appréciations des citoyens sur la vindicte populaire

Bienvenu Towanou, maintenancier en informatique réseau social et médecin en Tianshi : « J’invite les populations à alerter la police dès qu’elles arrêtent un voleur »

«  Je déplore la vindicte populaire, même-si certains se plaisent à le faire. Des innocents peuvent banalement perdre leur vie. Ce qui n’est pas bien. La meilleure chose à faire, c’est d’arrêter ces hors-la-loi et de les confier à la police. Mais, il y a aussi des situations où les forces de l’ordre  laissent sortir les voleurs. Je n’accuse pas les forces de l’ordre, mais il faut qu’elles revoient leur copie. J’invite les populations à prendre leur mal en patience en les alertant dès qu’elles arrêtent un voleur ».

Bob Ramsès, comptable : « Le ministre de l’intérieur doit agir »

« C’est un couteau à double tranchant. D’une part, ce n’est pas très bien d’exécuter les hors-la-loi parce que non seulement c’est un crime qui est puni mais aussi parce que des innocents peuvent se retrouver dans cette situation sans qu’on ne le sache. D’autre part, il peut s’agir d’un règlement de compte où une personne innocente est lynchée parce qu’elle est déjà visée par certains, même par des hommes en uniforme qui en profitent pour lui ôter la vie. C’est un acte à déplorer et il faut sensibiliser les populations. Je trouve que les forces de l’ordre ne jouent pas leur rôle et j’interpelle le ministre de l’intérieur au sujet de cette situation ».

Akinocho Gafari, commerçant : « Les forces de l’ordre doivent prendre leurs responsabilités »

« C’est une très mauvaise réaction qu’ont les populations. D’abord sur le plan juridique et sur le plan moral. Sur le plan juridique, nul n’a le droit de se faire justice. Toute personne qui se fait justice doit être arrêtée et poursuivie. Mais sur le plan moral, la vindicte populaire est perçue comme un moyen dissuasif pour les populations afin d’emmener les voleurs à avoir une idée du sort qui leur est réservé. Il y a aussi que certains voleurs sont automatiquement relâchés par les forces de l’ordre mais il faut voir la procédure qui a conduit à la libération. On peut donc comprendre la réaction des populations, mais l’expansion de cette pratique montre une faiblesse de l’Etat. Je crois que les forces de l’ordre doivent prendre leurs responsabilités pour que de tels actes ne se reproduisent ».

 Gafari Oké, revendeur : « Oter la vie à un homme est un crime et un péché »

« Oter la vie à un homme est un crime et un péché. Je crois que les populations ont tort de se faire justice. Ce serait souhaitable que les voleurs, braqueurs et hors-la-loi soient remis en toute sérénité dans les mains de la justice afin qu’elle puisse faire son travail. C’est à la justice de trancher, et non aux populations ».

La Rédaction

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page