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Le triomphe de la vérité

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Edito: La fin d’une époque


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logo journalIl y a une petite révolution qui s’opère dans le choix des directeurs généraux des sociétés publiques. Le gouvernement a choisi de le faire en suivant les directives de l’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires). Conformément aux fameux articles 485 et 491 des textes de l’OHADA, les DG des sociétés à caractère commercial doivent être nommés par les conseils d’administration,  fussent-elles publiques ou non. Voilà qui vient bouleverser les promesses électorales et surtout les accords signés entre le candidat Talon et ses principaux lieutenants et surtout ses principaux alliés au second tour.
Ne faisons pas de la politique-fiction. Le candidat Patrice Talon n’aurait jamais pu se faire élire s’il n’avait fait des promesses de postes au personnel politique. Postes ministériels ou de direction de société d’Etat, les positions promises sont liées  non pas à la connaissance des secteurs ni à des expertises techniques quelconques, mais aux dividendes espérés des joutes  électorales. La politique ici, c’est un business, seul les imbéciles croient le contraire. Et c’est dans ce sens que les partages de postes (entendez aussi partages du butin) ont lieu aussi bien au sein du gouvernement que dans les autres sphères juteuses de la République. C’est immoral ? Oui, assurément. Mais ces pratiques sont si profondément ancrées dans notre sociologie politique que les électeurs eux-mêmes trouvent qu’il est indécent voire absolument inhumain de ne pas récompenser les ouvriers de la victoire à la mesure de leurs divers sacrifices.
Seulement, à l’allure où vont les choses sous la Rupture, les ouvriers, fussent-ils de la première heure, risquent d’être déçus. Le mode actuel de nomination des directeurs généraux des sociétés d’Etat, fait l’impasse sur les considérations politiques et privilégie la force des textes. J’ose croire qu’il va durer et surtout qu’il sera entièrement respecté.
Parce que dans les rangs, la colère gronde contre le chef de l’exécutif. Il lui est reproché de ne pas favoriser la nomination de tous ces cadres ayant œuvré pour sa victoire. Et Dieu sait qu’ils furent nombreux, et de toutes les obédiences politiques.  Ils piaffent tous d’impatience, après avoir envoyé et envoyé leurs curriculums vitae sans succès. Plus l’attente dure, plus elle est cruelle. Surtout lorsqu’ils voient la promotion de quelques-uns, les acteurs politiques ne manquent pas de fulminer contre le Nouveau Départ et son chef. Ils n’ont pas tort, mais Patrice Talon non plus : il ne peut satisfaire tous les appétits. Plus précisément, il ne peut le faire que dans la mesure des textes et règlements favorisant la bonne gouvernance qu’il a promise au peuple et à laquelle l’immense majorité des citoyens aspirent aujourd’hui après dix ans de gabegie. Et le passage par les conseils d’administration constitue à cet égard une voie royale.
Quels pourraient donc en être les avantages ? D’abord, il est clair que, ainsi nommés, les hommes et femmes qui vont diriger nos entreprises publiques ne se sentiront plus directement redevables de leurs ministres de tutelle. Ils se sentiront plutôt un devoir de résultat, résultat surveillé par un conseil d’administration revitalisé. On voit, dès lors, que les valises de billets, les cadeaux de grand luxe, les voyages, villas et autres joailleries gracieusement offerts aux ministres pour conserver les postes de direction, vont diminuer. Ces pratiques ne sauraient disparaitre par les grâces de la Rupture… L’obsession du résultat sera inscrite au fronton de ces directions dont le mangement pourrait radicalement basculer pour être orienté client.
Rêvons plus grand. Les directeurs généraux ne feront pas de messe de remerciement ni de marches de soutien, et n’auront plus de compte à rendre à leur parti de provenance. De la même manière, ils pourraient échapper aux pressions de leurs chefs de parti qui ont des appétits de baleine dès qu’ils hissent l’un des leurs à des postes de responsabilité dans l’appareil d’Etat.
Rêvons encore plus grand. Si le Chef de l’Etat décide de suivre coûte que coûte ce mode de désignation des managers des grandes entreprises d’Etat, il n’aura aucun mal à se créer une opposition constituée de la masse houleuse de tous ceux qui n’auront pas pu trouver de place. Et c’est ici qu’on saura s’il pourra résister aux pressions des impatients ou des insatisfaits.

Par Olivier ALLOCHEME

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