.
.

Le triomphe de la vérité

.

Edito: Des engagements encore plus fermes


Visits: 4

On croyait que le conclave d’Abidjan avait accouché de quelques compromis sur le sort de Boni Yayi. Que non. Du moins, le chef de l’Etat n’en laisse rien transparaitre dans l’interview qu’il a donnée au journal français Le Monde, interview qui a été publiée ce vendredi 20 mai. Au total, Patrice Talon n’est pas du tout prêt à concéder à son prédécesseur la moindre indulgence. Lorsqu’on lui demande s’il aura besoin des conseils de l’ancien président, il n’hésite pas à lancer, tranchant : « Je pense qu’il va plutôt se reposer. Il a été président, ses conseils peuvent être utiles, qui sait, nul n’est omniscient. Mais il a laissé le pays dans un état catastrophique. » A nous qui avions pensé que Patrice Talon était allé concéder une certaine amnistie à Boni Yayi, sous les bons auspices de Ouattara, le Chef de l’Etat a eu ces mots qui ne dénotent aucune espèce de compromission : « Il n’y a pas d’amnistie. Le mot amnistie n’a été utilisé qu’une fois au Bénin, au cours de la Conférence nationale [1990]. Et a déjà été oublié. A ma connaissance, il n’y a pas de dossiers ouverts à son encontre sur des détournements ou de la corruption. Mais si la justice le décide, il devra comparaître. » Voilà qui a le mérite d’être clair.

Si la phrase sur la gestion « catastrophique » de Boni Yayi pouvait encore être considérée comme un simple commentaire, celle sur la justice ouvre des perspectives précises. A savoir que Boni Yayi ne sera pas épargné si jamais la justice avait la bonne idée d’entamer une action à son encontre. C’était l’une des doléances principales de l’ancien président qui aspire à passer une retraite paisible, même si, récemment à Malabo, il laissait entendre qu’il avait encore de l’énergie à revendre. Boni Yayi a probablement échoué à convaincre son successeur de lui accorder une certaine amnistie, raison principale de ses élucubrations dans le septentrion, quelques jours seulement après son départ du pouvoir. L’ex-président avait entrepris une tournée dite de « remerciement », tournée au cours de laquelle il tenait des propos régionalistes d’une rare bassesse. Et il était clair que l’objectif de ces provocations était simplement de créer une crise politique devant obliger le Chef de l’Etat à négocier une « paix des braves ». Celle-ci eut lieu à Abidjan et se conclut dans les propos creux de chacune des parties, propos dont on voit aujourd’hui qu’ils cachaient l’échec patent de la réconciliation. Patrice Talon n’a rien lâché.

Abidjan, c’était donc un échec, et il faut s’en réjouir. Le commerce scabreux qui devait être fait sur nos têtes chenues, allait relancer plus que jamais le pays sur la voie de la déliquescence si bien tracée par le régime Yayi.

De toutes les façons, une longue liste d’actes de gouvernance transparente a commencé d’être égrenée, qui dénotent de ce que les pourparlers d’Abidjan n’ont pu être concluants pour l’ancien président. Il suffit de lire le dernier paragraphe de l’interview du chef de l’Etat pour s’en convaincre : « Pour le rail, nous sommes tenus de trouver une solution qui relance le projet et qui respecte le droit de chacun. M. Dossou est dans son droit, il est Béninois et je protège d’abord les Béninois. » On ne peut être plus clair. Autrement dit, les accords putatifs et obscurs signés entre Bolloré et Yayi et qui ont pu engendrer les entorses graves au projet de la boucle ferroviaire, ces accords sont aujourd’hui menacés. Ils succomberont forcément devant la détermination du Chef de l’Etat qui n’entend pas sacrifier un investisseur national de la trempe de Samuel Dossou, au profit de Bolloré. C’est une pilule amère  pour Boni Yayi qui a été à la base du grave contentieux juridique qui plombe aujourd’hui l’achèvement de ce vaste projet.

Comme si tout cela ne suffisait pas, il faut voir dans le ton ferme de cette interview une volonté tenace de ne pas reculer. Parce que le Talon que je vois à travers cet entretien  est tout de feu et de fougue pour marquer son passage à la tête du pays. On assiste sous nos yeux à une espèce de sublimation de la fougue des affaires vers la politique, et surtout pour la création d’un impact indélébile dans la marche du Bénin.

Olivier ALLOCHEME

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page