.
.

Le triomphe de la vérité

.

Edito: Le Nigeria et nous


Visits: 20

Lorsqu’il a été investi le 06 avril 2006, l’ancien président Boni Yayi avait couru pour faire son premier voyage vers le Nigeria. C’était le même jour, dans une fièvre quasi pathétique où se mêlaient précipitation volontariste et espérance d’un jour nouveau. Nous venions de voter pour le régime dit du changement et le nouvel homme était pressé de montrer de quoi il était capable. Et surtout qu’il pouvait mettre un terme au délestage sauvage qui sévissait dans le pays. Dix ans de relations plus tard, où est le bilan ?
En termes de bilan, il est marqué par la création en 2007 de la Zone d’alliance de coprospérité (ZACOP) regroupant, outre le Bénin et le Nigeria, le Togo et le Ghana.  Il dispose d’un secrétariat exécutif dirigé par Dr – M. FataïAdéyèmi. Mais il n’a pas tenu un sommet depuis juillet 2009, le quatrième ayant été annoncé en 2014, a été reporté en octobre 2015 sans succès. L’institution a été mise en place pour promouvoir le développement basé sur la solidarité entre les pays membres.  Elle  vise, entre autres, la promotion de la bonne gouvernance au sein des quatre Etats,  l’intégration des marchés, des biens, des capitaux, de l’énergie et des infrastructures dans les sous-secteurs des routes, des autoroutes, des voies ferrées, des ports, des aéroports, des barrages et interconnexions des réseaux électriques. Elle travaille également au renforcement des relations commerciales entre les quatre pays ; et à l’amélioration de la sécurité transfrontalière.  Mais la ZACOP est en état de léthargie et les deux présidents qui en ont été les initiateurs, Boni Yayi et Jonathan Goodluck, ne sont plus au pouvoir. Sa mort n’est plus loin.
Certes, Abuja nous vend généreusement son énergie électrique. 200 mégawatts de la TCN, la compagnie nigériane en charge de l’électricité, sont mis à la disposition de notre pays, malgré les nombreuses fluctuations que cette fourniture enregistre. Certes aussi les relations commerciales entre les deux pays sont bonnes, voire très bonnes. Mais lorsque le Bénin doit exporter ses produits manufacturés sur le marché nigérian, c’est une toute autre affaire. Même si théoriquement les hautes autorités d’Abuja délivrent toutes les autorisations, ce qui est difficile et compliqué, il y a les différentes polices nigérianes dont la capacité de blocage est presque illimitée.  Chaque agent y fait sa loi. Résultat, les produits industriels béninois, notamment les huiles, les tissus, le ciment et les boissons proposés aux 150 millions de consommateurs nigérians, tout comme les produits agricoles, tels que l’ananas, accèdent au territoire nigérian rarement par des voies légales. Inversement, d’importants produits made in Nigeria sont chaque jour déversés dans la consommation au Bénin, notamment les produits pétroliers.
Le premier de ces produits reste le carburant de contrebande qui inonde le marché et fait une concurrence déloyale aux stations-services régulières. Mais il y a de plus de plus les produits alimentaires qui, depuis quelques semaines, ont commencé à inonder nos marchés, à des prix défiant toute concurrence. Ce jeudi 12 mai 2016 encore, il a suffi d’une rumeur d’arrêt des subventions au Nigeria pour que les prix pratiqués en contrebande s’emballent  automatiquement. Et avec la baisse du naïra, les produits manufacturés nigérians sont plus que jamais sur nos marchés. Boissons de toutes sortes à bas prix, bijoux et autres accessoires d’habillements, l’industrie nigériane a plus que jamais sa main au Bénin.  Les industriels béninois,quant à eux, du moins ceux du secteur de la boisson, ont du souci à se faire : la concurrence est rude.
L’avènement du Tarif extérieur humain (TEC) pourrait encore accroitre la capacité d’exportation de l’industrie nigériane vers le Bénin. Et voici la question : qu’en sera-t-il de l’industrie béninoise ?
La visite du chef de l’Etat à Abuja ce samedi devrait permettre d’évoquer le problème crucial des facilités d’exportation offertes à notre industrie sur le sol nigérian.  En clair, avec la baisse du naïra et le TEC-CEDEAO, le Bénin doit se préparer à cette nouvelle dynamique s’il tient à la survie de son industrie.

Par Olivier ALLOCHEME

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page