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Le triomphe de la vérité

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Edito: Commission de quoi déjà ?


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Il faut repenser la composition de la commission en charge des réformes politiques. Installée ce vendredi par le Chef de l’Etat, elle ne reflète pas du tout les aspirations du pays à un nouveau départ. Regardez vous-même la composition de cette commission.
Ce qui frappe à l’œil, c’est que le secteur privé n’y est pas représenté. On n’y voit personne représentant le patronat, encore moins la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCIB). C’est une erreur antinomique de toutes les déclarations récentes du Chef de l’Etat qui sait, plus que quiconque, que la démocratie  issue de la conférence nationale a été le fait des fonctionnaires et des hommes politiques, c’est-à-dire, de ceux qui savent comment dépenser l’argent, le planifier ou le gaspiller au besoin, mais qui n’ont pas appris à en produire. C’est une erreur fondamentale que la Conférence nationale de 1990 a commise, de n’avoir pas pensé à l’économie. La conférence économique nationale a tenté d’y remédier sans succès. Ses résolutions sont restées lettres mortes depuis longtemps. Ceci explique pour une bonne part les errements des différents régimes qui ne sont pas obligés de suivre des résolutions fermes en matière de lutte contre la corruption et la prévarication, des normes inscrites dans le marbre de la  constitution. Ceci explique aussi, pour une bonne part, l’incurie de nos gouvernements quant à la gestion des biens publics, incurie qui durera des siècles tant que les élites dirigeantes n’auront pas conscience que le bien   public est sacré. Ceci explique enfin la mauvaise orientation de notre économie. Elle fait des efforts colossaux pour absorber les importations, en ouvrant grandes les portes du pays aux produits et services venant d’ailleurs, pendant que la production locale est asphyxiée.
Nous voulons une démocratie    prospère dont tout le monde parle, mais nous   faisons   peu d’efforts pour encourager l’innovation, la production, la transformation, l’exportation et la culture. Le pire c’est lorsque nous nous étonnons d’être encore sous-développés. Comment peut-on faire fi de l’économie et en même temps s’étonner que le pays demeure pauvre? Comment peut-on s’habiller quotidiennement de la tête au pied avec des produits venant d’ailleurs, et s’étonner d’être dans un pays sous-développé ? Comment a-t-on fait pour ne pas se rendre compte que le développement commence le jour où le pays se mobilise tout entier pour satisfaire les besoins de ses citoyens  à partir de leurs propres productions, et ceci dans tous les domaines ? Comment nos élites ont-elles fait depuis si longtemps pour ne pas comprendre qu’un pays qui n’encourage pas l’innovation et la production de masse est condamné à subir la colonisation ? Comment ?
Ce sont ceux qui n’ont jamais compris ces éléments basiques de l’économie qui ont été regroupés dans la commission dite de réformes. Ceux qui ont la double nationalité et qui courent se soigner pour une toux, un rhume ou quelques courbatures en France ou aux Etats-Unis, voilà ceux qui penseront pour notre indépendance économique…  Bien entendu, une fois encore, ils parleront politique, discuteront élection, parleront institution, exécutif, législatif et tutti quanti. De l’économie, point. On en parlera dans 100 ans.
A cet oubli incroyable, vient s’ajouter un autre, autrement plus curieux: celui des syndicats, de la société civile, des médias, des hommes et femmes de culture, des députés… Pendant ce temps, qu’y trouvons-nous : une flopée de juristes et de retraités forts en thèmes, quelques rares jeunes loups ainsi que des politiciens, qu’ils soient de l’ancienne ou de la nouvelle mouvance.
Je veux comprendre : le rôle de la commission n’est-il pas de proposer des réformes pouvant faire l’objet de révision constitutionnelle ? Si tel est le cas, pourquoi avons-nous le sentiment qu’il s’agit de trouver de place à quelques retraités, à quelques amis impossibles   à caser autrement ? Pourquoi avons-nous l’impression qu’il y a dans ce groupe des gens éclaboussés par des affaires de haute prévarication et qui gagneraient sûrement à rester à l’écart plutôt qu’à se construire une nouvelle virginité usurpée au sein de la commission ?
Beaucoup de Béninois se posent toutes ces questions, sans y trouver malheureusement de réponses convaincantes. Parce que la faille est énorme. Vraiment énorme.

Par Olivier ALLOCHEME

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