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Le triomphe de la vérité

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Interview avec le Président de l’ODEM, Guy-Constant EHOUMI: Les éclairages sur le processus de distinction des journalistes


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Ehoumi okAu lendemain de la célébration du 3 mai 2016 où l’institution qu’il dirige a distingué des journalistes et des organes de presse, Guy Constant Ehoumi éclaire davantage sur le processus. Il en a profité pour faire son premier bilan et ce qu’il propose pour les trois années à venir à la tête de l’ODEM.

L’événement précis: Bonjour Monsieur le président, vous aviez distingué des journalistes et organes de presse le mardi 3 mai 2016, jour de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de presse. Pouvons-nous en savoir plus sur le processus ayant abouti à ce résultat ?

Guy Constant Ehoumi: Merci chers confrères d’être venus jusqu’à nous pour nous permettre de préciser à l’attention de tous, comment des journalistes et des organes de presse ont été sélectionnés pour une distinction.
En effet, tout remonte à la veille des élections législatives de 2015. Nous avions sollicité et obtenu un appui financier de la Fondation Open Society initiative for West Africa (OSIWA) pour un projet intitulé « Renforcement de l’autorégulation des médias au Bénin ». Les indicateurs de succès attachés à ce projet sont,  entre autres, que les  documents relatifs à l’autorégulation au sein des organes de médias soient largement diffusés, que l’ODEM soit  mieux connu à travers  son site web dynamique et interactif, qu’un meilleur suivi des médias audiovisuels soit une réalité, que  la  convention collective en matière de presse soit révisée et que les meilleures pratiques de déontologie et d’autorégulation (notamment en période électorale) répertoriées, soient documentées et publiées comme exemples à suivre.
Dans cette optique, le volet renforcement des capacités des professionnels des médias dans la perspective des élections a permis de former 130 journalistes à travers les différents organes dans le pays. En son temps, ce sont les organes de presse saisis qui ont désigné les journalistes que l’ODEM a formés.  Et la suite de ce programme est le suivi des journalistes formés à travers un monitoring pendant les élections. C’est ce que nous avions fait en ajoutant quelques fonds propres à l’appui de OSIWA.  Le monitoring des législatives a permis de sélectionner onze bénéficiaires pour la distinction et le monitoring de la présidentielle en 2016 a permis de retenir douze bénéficiaires.  Le critère d’observation a été  le respect du code de déontologie et pas plus.

Pensez-vous ainsi que les journalistes méritent d’être félicités?
Ah oui ! Et nous le disons sans ambages. Les journalistes béninois, dans leur grande majorité, ont amélioré leurs prestations. Et cela a été très remarquable pendant les élections présidentielles. A part quelques individualités qui se sont illustrées très négativement, la plupart ont travaillé à la garantie de l’unité nationale malgré les contrats de prestation. Plusieurs productions étaient de bonne facture. Il faut s’en féliciter et espérer que les journalistes fassent mieux.

Vous avez été reconduit à la tête de l’ODEM. Pouvez-vous nous parler d’un bref bilan de votre  première mandature ?
Le passé est derrière nous. Et nous réfléchissons actuellement à ce que nous ferons dans l’avenir. Mais comme vous nous en donnez l’occasion, nous allons très rapidement préciser que notre objectif général pour le premier mandat à la tête de l’ODEM a été de contribuer au professionnalisme de la presse béninoise en vue d’un 4ème pouvoir efficace et fort. Et cela a été logé dans le projet de renforcement de l’autorégulation des médias béninois financé par la Fondation OSIWA. Nous passons par votre canal pour la remercier.
Concrètement pendant la mandature dernière, nous avions travaillé à sensibiliser et former les journalistes. Nous avions essayé aussi à mieux faire connaitre l’ODEM en le dotant d’un site Web actuel et dynamique et en réalisant des prospectus qui sont distribués pour faire connaître l’ODEM. Nous avions travaillé à doter l’ODEM d’un centre performant de monitoring qui nous permet désormais de suivre des radiodiffusions et télévisions et de pouvoir enregistrer des émissions afin de mieux instruire les plaintes concernant les organes audiovisuels. Cela ne se faisait pas facilement. Nous avions renoué avec la publication annuelle du rapport sur l’état de liberté de presse. Nous avions programmé de contribuer ensemble avec l’Union des professionnels des Médias du Bénin (Upmb) et le Conseil National du patronat de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa)  à la révision de la Convention collective du personnel de la presse en République du Bénin en vue de l’adapter aux réalités actuelles. Nous voulons ainsi garantir l’indépendance des journalistes et contribuer au développement des entreprises de presse. Ce programme se poursuivra au cours de la présente mandature.
Le Bénin est le Secrétariat Exécutif du Réseau des Instances africaines d’autorégulation des Médias (Riaam). Nous avions travaillé à reprendre langue avec nos collègues de la sous-région afin de dynamiser ce creuset. Voilà brièvement ce que nous avions fait, sans oublier l’observation permanente des médias et plusieurs publications réalisées pour accompagner les acteurs des médias.

Qu’envisagez-vous pour les trois années à venir ?
Merci, comme par le passé, nous allons vite nous atteler à élaborer un plan stratégique qui prendra en compte la durée de notre mandat. Et sur cette base, nous aurons une feuille de route claire. Notre objectif général n’a pas changé. Nous pouvons dire que le renforcement des capacités des acteurs des médias sera au cœur de la mission. Ce sera aussi à travers des ententes avec les médias pour que nous puissions animer régulièrement dans les organes des  formations sur le code de déontologie.  Nous travaillerons aussi à initier ou accompagner des initiatives visant à rendre plus professionnels les journalistes et surtout à garantir leur indépendance. Car, c’est surtout à ce niveau que se trouve le mal des professionnels. Il faut  la garantie d’un salaire décent et des conditions optimales de travail. Cela pourra aussi garantir à l’employeur l’engagement des acteurs des médias pour le développement  de l’entreprise.
Nous ferons aussi en sorte que l’ODEM puisse encourager plus d’acteurs des médias et d’organes de presse qui respectent mieux le code.

Etes-vous sûrs de bénéficier d’appuis pour vos ambitions ?
Evidemment nous travaillerons à nous crédibiliser davantage afin de rassurer les partenaires sur le bien-fondé de nos projets qui visent à garantir une presse efficace et forte pour la nation.
Et nous pensons que nous le pourrons. Car, sur près de 200 millions que faisait le plan stratégique de la mandature écoulée, nous avions mobilisé un peu plus de la moitié. A présent, nous pensons que les Partenaires techniques et financiers, les amis de la presse béninoise et le gouvernement comprendront qu’il y a une nécessité de nous accompagner. Certains nous ont déjà vus à l’œuvre.

L’accès aux sources d’information qui est un droit  a été le thème de la célébration du 3 mai 2016. Pensez-vous qu’on est bien logé au Bénin sur cette voie ?
Nous sommes bien logés au plan légal sur cette voie. Le Code de l’information et de la communication promulgué le 20 mars 2015 par le chef de l’Etat garantit l’accès aux sources d’informations publiques. Il propose même des sanctions pour tous ceux qui refuseraient de fournir des informations aux journalistes. Maintenant il faut bien que dans la réalité, les différents acteurs comprennent la nécessité d’une bonne collaboration. Le journaliste doit aller à la recherche de l’information et ne plus inonder les médias de compte-rendu. Il faut plus d’investigations dans nos médias.

Quel appel lancez-vous aux professionnels qui ne voient l’ODEM que comme un organe qui ne fait que sanctionner ?
Nous voulons rassurer chacun. L’ODEM est investi d’une mission qu’il accomplit. Nous souhaitons simplement que chacun reconnaisse son rôle dans la construction de cette nation commune. Le journaliste a pour rôle de collecter, de traiter et de diffuser l’information. Qu’il s’en tienne à cela et développe tout son talent à le faire. S’il n’y a pas de dérapage, l’ODEM ne sanctionnera pas. Que les pouvoirs publics garantissent un environnement favorable pour le développement des médias. Et que les citoyens,  tout en s’informant travaillent à garantir l’indépendance des acteurs des médias au lieu de menacer leur sécurité parce qu’ils bousculent les mauvaises habitudes.

Le Bénin pourrait –il encore, selon-vous, devenir 1er dans le classement de Reporters Sans frontières au plan africain comme dans les années 2000 ?
Bien sûr. Il suffit que nous soyons professionnels dans les médias. Et l’ODEM s’engage à accompagner les organes de presse pour cela. Que les employeurs accordent les avantages liés au travail à leur personnel. Ensuite, que l’environnement économique des médias soit renforcé et que les pouvoirs publics évitent de restreindre les espaces de liberté.

Que conclure ?
Merci de m’avoir permis de dire aux citoyens et aux acteurs des médias ce que nous faisons pour le bien de tous.
Le respect des droits de chacun est fondamental. Si les journalistes réclament leurs droits, qu’ils respectent ceux des autres.  Et que les citoyens aussi respectent les médias. Le métier est noble et c’est ensemble que nous allons contribuer à construire ce pays.
L’Odem rassure tout le monde de mieux accomplir sa mission et sollicite aussi que les Associations professionnelles des médias, les professionnels, les citoyens et les Partenaires techniques et financiers l’accompagnent pour garantir l’indépendance de la presse et le respect des droits de chacun dans les médias.
Je vous remercie

Entretien réalisé par Alphonse KOUNOUHO

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