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Le triomphe de la vérité

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Inspection du nouvel aéronef acquis par l’ex-chef d’Etat: Toute la vérité sur le Boeing 727


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Avion okLe ministre des infrastructures et des transports, Hervé Hèhomey, était ce vendredi 29 avril 2016 à l’aéroport international Cardinal Bernardin Gantin de Cotonou pour, entre autres, apprécier l’état de l’aéronef présidentiel acquis par Boni Yayi à la fin de son dernier mandat constitutionnel. Après ses constats et sur la base des explications des techniciens de l’Anac, il va faire le point au gouvernement avant toute décision.
La sortie du ministre des infrastructures et des transports ce vendredi a démarré par une séance de travail avec le personnel de l’Agence Nationale de l’Aviation civile du Bénin (Anac). Après, il s’est rendu sur le tarmac de l’aéroport international Cardinal Bernardin Gantin. A ce niveau, les explications du commandant Hervé Allotchénou, chef division air du cabinet militaire du chef de l’Etat, ont permis au ministre d’avoir une idée du processus d’acquisition de l’aéronef. Il s’agit, selon l’homme en uniforme, d’un ‘’yruc’’ entre l’Etat béninois et une société sud-africaine qui devait prendre l’ancien avion présidentiel et un montant de trois millions de dollars; un montant dont le sud- africain n’est pas encore entré en possession avant de  retourner ce nouvel aéronef VIP. La visite guidée à l’intérieur de l’appareil a permis au ministre de se rendre compte que l’aéronef n’a rien d’un appareil neuf, malgré  le confort présidentiel. Dans le même temps, le directeur du contrôle    et de la sécurité de l’Anac Bénin, Prudencio Béhanzin, a précisé que « le super aéronef 727 n’a pas de papier informant sur sa provenance et ses caractéristiques ». L’autre constat qui inquiète le plus est l’absence de la plaque d’identification que le constructeur place dans l’avion et qui, même en cas d’incendie ou de crash, est l’élément qui renseigne sur l’état de l’avion ». Ainsi, le technicien de l’Anac, avec ces remarques, refuse de se prononcer sur l’état de cet aéronef et de sa navigabilité. Mais pour le  directeur du cabinet militaire du chef de l’Etat, Abou Issa,    le processus d’acquisition de l’appareil n’est pas encore à son terme compte tenu du non payement de la somme de plus de 3 milliards par le  trésor béninois au propriétaire du Boeing 727. Ce qui justifie d’ailleurs l’inexistence dans l’avion de tout document pouvant attester qu’il appartient désormais à l’Etat béninois.

De fermes instructions
Face à cette situation de non disponibilité des papiers de l’aéronef et de la plaque d’identification, le ministre a demandé qu’un rapport soit fait sur les observations afin que le gouvernement décide en toute souveraineté de l’opportunité d’un audit plus approfondi avant  toute utilisation ou non du
Boeing Super 727. Cap a été mis ensuite par la délégation ministérielle sur la piste d’atterrissage de l’aéroport, toujours en chantier. Selon les constats faits sur chacun des sites ainsi que dans le hall d’arrivée, le ministre a décidé de prendre des mesures urgentes afin de mettre fin à la pagaille qui s’observe sur la vitrine du Bénin. « Les actes principaux que nous allons prendre vont nous permettre d’effacer l’aéroport de Cotonou de la liste noire de l’Union Européenne depuis 2009. Il s’agira de permettre à l’Anac de rentrer pleinement dans ses prérogatives et être l’organe technique par excellence sur la plate-forme aéroportuaire béninoise », a expliqué le ministre. Il a, pour finir, souhaité rencontrer les prestataires installés dans les environs de l’aéroport afin de repréciser à nouveau les  objectifs du gouvernement pour l’aéroport Cardinal Bernardin Gantin de Cotonou.

Les élus du peuple s’en préoccupent  
Le sort réservé à l’avion présidentiel par le régime du président Boni Yayi préoccupe les députés de la 7ème législature. A la faveur de la séance plénière de ce mardi 26 avril 2016, l’honorable Dakpè Sossou a profité de la présence du ministre des Travaux publics et des transports pour évoquer les dossiers d’achat de l’avion présidentiel et de l’hélicoptère. Le ministre Hervé Héhomey a tenté d’apporter quelques clarifications qui n’ont pas rassuré le député. Le dossier de l’appareil volant acquis pour les déplacements officiels du président de la république date du régime de Kérékou. Il avait été ressuscité en 2010 lors du voyage présidentiel de Boni Yayi à Abuja pour prendre part au Sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). L’idée de l’acquisition d’un avion présidentiel par le Bénin accueillie avec ovation n’était que du bluff. Puisque les Béninois ont très tôt découvert qu’il s’agissait plutôt d’un réceptacle ‘’rechemisé’’, malgré les mises en scènes auxquelles on avait même associé des journalistes. Il s’agissait d’un marché de cinq milliards de francs Cfa. Quelques jours après, alors qu’il n’avait pas encore effectué trois vols, l’avion avait disparu du tarmac de l’aéroport international Cardinal Bernardin Gantin de Cadjèhoun sous le prétexte d’un contrôle de routine. C’est fort de cela que l’élu du peuple a voulu savoir, au nom de l’obligation du contrôle de l’action gouvernementale, au nom de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, ce qu’il advient de la caisse présidentielle volante. Une question orale ou écrite adressée au gouvernement pourra permettre de faire la lumière sur le dossier.

 Toute la vérité sur le Boeing 727
Les allégations du directeur du contrôle de la sécurité de l’Agence nationale de l’Aviation Civile (ANAC) sur l’avion présidentiel, sont remises en cause par plusieurs observateurs avertis.   Suite à une tournée d’inspection du ministre des transports, ce directeur, Prudencio Béhanzin,  a déclaré qu’à l’étape actuelle de son inspection, il n’avait pas pu voir le   certificat de navigabilité de l’appareil ni sa plaque d’identification et encore moins son numéro de série. Mais on peut se rendre compte aisément que l’avion présidentiel inspecté dispose d’une plaque d’identification fixée à l’arrière de l’appareil. La position de la plaque a peut-être été modifiée  après les travaux de réaménagement subis par l’appareil avant son arrivée au Bénin. De plus, tous les connaisseurs savent qu’un aéronef ayant quitté l’Afrique du Sud de surcroit, ne peut décoller de ce pays pour Cotonou sans certificat de navigabilité (CDN). Selon nos sources, sans le CDN, aucun pilote n’aurait jamais pris les commandes de l’appareil pour partir d’un aéroport aussi sérieux que celui de  Johannesburg. Face à la polémique, le vendeur de l’appareil menace même d’assigner en justice l’ANAC soupçonnée de n’avoir  pas livré toute la vérité au ministre des transports, Hervé Hèhomey.  Il s’appuie sur le fait qu’en tout état de cause, les résultats de toute inspection du genre devraient rester confidentiels avant une contrexpertise conséquente sur la base de laquelle un rapport ou une déclaration publique pourrait alors intervenir.

Déclaration de l’inspecteur  Prudencio Bêhanzin
« Le Président de mon pays ne peut voyager dans un aéronef dont l’état de navigabilité n’est pas établi »
« Je ne voudrais point céder à la polémique, étant conscient du moment et des enjeux. Toutefois, il me plait de rappeler deux choses. Primo, le terme ‘’la place n’a pas été vue à l’endroit’’ veut dire en français facile, la plaque n’a pas été vue où elle était attendue, et non, elle n’existe pas. Dans notre jargon d’inspecteur, on dit, ‘’je sais que telle chose existe, mais montre moi’’ c’est une règle et je suis heureux qu’on montre enfin la plaque. Il reste les documents. Deuxièmement, le  débat ne fait que s’ouvrir car maintenant que nous avons une plaque d’identification, on pourra commencer notre travail. Il faudra apprêter: tous les documents d’entretien de l’aéronef depuis sa construction,  tous les certificats de type supplémentaires de d’aéronef – tous les certificats de remise en service – le statut des consignes de navigabilité, etc. Enfin, si mon statut professionnel m’oblige pour l’instant à une certaine réserve, ma condition citoyenne me permet de dire que le Président de mon pays ne peut voyager dans un aéronef dont l’état de navigabilité n’est pas établi conforme à son certificat de type. Donc, la procédure doit se poursuivre. Pour finir, je ne suis pas politique et je n’ai pas besoin de publicité. Si cela continue, je suis prêt à un débat public avec tout spécialiste qui veut s’y risquer. »

Yannick SOMALON et Germin DJIMIDO (Coll.)

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