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Le triomphe de la vérité

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SYSTEME DE GOUVERNEMENT DEMOCRATIQUE ET REPRESENTATIF: La contribution du FARI aux réformes du Président Talon


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Prof Jean-Claude-HounmènouL’élection présidentielle de mars 2016 au Bénin, vient de livrer son verdict : conformément aux résultats proclamés par  la Cour Constitutionnelle, le tour décisif de cette élection, qui a opposé le Professeur Lionel ZINSOU, et Monsieur Patrice TALON, a vu la victoire de ce dernier, par un score de 65,37%, contre 34, 63%. C’est ici le lieu d’adresser mes vives félicitations au vainqueur de cette compétition, en la personne du Président élu, Son Excellence Patrice Athanase Guillaume TALON. Je voudrais saluer également sa volonté maintes fois réitérée, de réformer profondément notre République, et notamment son engagement, dans le cadre de la formation de son équipe gouvernementale, à éviter toute attitude d’exclusion, et à privilégier la compétence dans le choix de ses collaborateurs. Assurément, les premières professions de foi de notre nouveau Président vont dans la bonne direction. Toutefois, sa vision de la gouvernance de notre pays doit s’élargir, s’approfondir  davantage, et s’élever à la dimension du soleil, ce soleil même qui a été son emblème tout au long de la compétition électorale, ce soleil qui ne fait pas acception des personnes, qui ne distingue pas les bons et les méchants, les ingrats et les reconnaissants, les mouvanciers et les opposants, les amis et les ennemis…. D’ores et déjà, je crois que le critère de compétence qu’il entend privilégier, à juste titre, dans le choix de ses partenaires de gouvernance, doit être doublé d’un autre : celui de la représentativité  géopolitique, ou du mérite politique. C’est à cette condition qu’il inaugurera véritablement une nouvelle ère, porteuse de progrès, de bonheur, de prospérité et d’harmonie pour notre Nation, l’ère de la gouvernance démocratique, inclusive et représentative, qui est la mieux adaptée au Bénin.
En effet, l’analyse approfondie de l’évolution du Bénin, révèle que la caractéristique socio-historique  fondamentale du pays, est celle de la cohabitation, par nécessité de partage d’un même destin politique et économique, du fait de la colonisation française, de communautés humaines aux intérêts spécifiques, parce qu’ayant des références spécifiques, qui sont territoriales, historiques, socioculturelles, pour ne pas dire ethno-régionales, avant d’être nationales, ou républicaines. Ces communautés ethno-régionales ou socioculturelles, avant la colonisation  étaient reliées à des entités politiques bien identifiées, notamment le royaume de Hogbonou au Sud-Est pour les communautés goun-yoruba et apparentées,  le Royaume du Danhomè au Centre pour les communautés fon et assimilées, le Royaume de Tado pour les communautés adja et assimilées, le royaume de Kétou pour les communautés nagos et apparentées du sud-est, le royaume de Savalou pour les communautés maxi, les royaumes de Nikki, Kandi, Kouandé pour les communautés bariba du Nord, le royaume de Djougou pour les groupes socioculturels du centre-nord ouest, etc. On aurait pu penser que les soixante ans de colonisation française du Dahomey, suffiraient à fondre ces communautés en un seul peuple, une seule Nation, politiquement homogène. Ce ne fut pas le cas, puisque, lorsque le colon offrit l’occasion à ces populations de choisir leurs représentants dans les instances décisionnelles, législatives ou exécutives préparatoires à l’indépendance, on va observer très vite qu’elles vont se déterminer en fonction de l’ancrage ethno-régional des principaux responsables des formations politiques en lice. C’est ainsi qu’on verra les populations du Nord opter majoritairement pour Hubert Maga, leader politique bariba originaire de Parakou, les populations fon et apparentées du centre et du sud-ouest, se ranger derrière Justin Ahomadégbé, leader politique fon originaire d’Abomey, les communautés gouns, yoruba et assimilées du sud-est, confier leur représentation politique à Sourou Migan Apithy, leader politique goun, originaire de Hogbonou. Tout se passait comme si, les soixante ans de colonisation, à part de  mettre ensemble ces communautés, ces groupes socioculturels à l’intérieur des limites d’un même territoire, n’ont pas réussi à les unifier, ni mentalement, ni culturellement,  ni politiquement ; les douze premières années d’indépendance n’ont pas non plus réussi cette prouesse, et vont  plutôt confirmer la multipolarité ethno-régionale et politique de l’entité territoriale appelée Dahomey.  On aurait pu penser également que la longue période révolutionnaire de 1972 à 1990, caractérisée par le règne totalitaire du PRPB, parti national unique, réussirait à unifier politiquement les différents pôles ethno-régionaux du pays. Peine perdue ! Il suffit d’observer le paysage politique du Bénin de 1990, début du Renouveau, à 2016, pour se rendre compte que ce paysage est plus multipolarisé que jamais sur une base ethno-régionale. Prenons juste quelques exemples. Pendant cette période, les communautés adja et mina du sud-ouest, ont été représentées politiquement, essentiellement par le Parti Social Démocrate (PSD), dont le leader charismatique, Bruno Amoussou, est originaire de Djakotomè, en milieu adja ; de 1990 à 2016, les communautés goun-yoruba et apparentées du sud-est, se sont fait représenter sur le plan politique, essentiellement par le Parti du renouveau démocratique (PRD), dont le chef charismatique,  Maître Adrien Houngbédji, a sa base à Porto-Novo-Hogbonou-Adjatchè ; depuis 1997, les populations nago du Plateau à l’Est, font majoritairement confiance au MADEP, dont le leader Séfou Fagbohoun est lui-même Nago, pour les représenter politiquement ; de même, pendant la majeure partie de ce dernier quart de siècle, les communautés fon et assimilées du sud et du centre du Bénin, ont confié le rôle de leur porte-parole politique, à la Renaissance du Bénin (RB), dont le leader charismatique, Nicéphore Soglo, est lui-même un fon originaire du plateau d’Abomey ; enfin, les populations habitant la partie septentrionale du Bénin, se sont fait représenter sur le plan politique après le Renouveau démocratique, d’abord par le FARD-Alafia, et depuis 2006, par les Forces Cauris pour un Bénin Emergent, (FCBE), dont le patron, YAYI Boni, est un des leurs. Tous ces faits, prouvent à suffisance, que notre pays, ancien Dahomey, actuel Bénin, est un Etat constitué d’une pluralité de blocs ethno-régionaux-politiques, ou géopolitiques, jusqu’à présent irréductibles ; le Bénin est une entité politique et territoriale multipolaire, multinationale. Et pour y être représentatif au sens démocratique du terme, il ne peut suffire à un groupe prétendant à la magistrature suprême de réunir plus de 50% des suffrages sur le plan national, parce que cette majorité statistique peut être le résultat du vote d’à peine deux pôles ethno-régionaux ou géopolitiques, sur les six au moins que compte le pays. Par exemple, si la majorité des électeurs fon  du Centre et du centre-sud, et la majorité des électeurs adja, mina, goun,  yoruba et de quelques  autres groupes  socioculturels du Sud du Bénin s’entendaient pour accorder leurs suffrages à un candidat, celui-ci pourrait réunir les plus de 50% des voix, et devenir président de la République. De même, il suffit qu’un  candidat obtienne l’essentiel des voix des électeurs du Borgou-Alibori, de l’Atacora-Donga, des Collines et d’une partie des fons du Centre-Bénin, pour devenir président de la République avec plus de 50% des  suffrages. Mais alors, serait-il pour autant représentatif de l’ensemble du pays, dans sa diversité ethno-régionale et politique irréductible ? Son pouvoir sera-t-il vraiment démocratique et républicain, dans la mesure où n’y sont pas inclus les représentants politiques d’autres grands pôles ethno-régionaux ? Lorsque l’on considère les résultats du tour décisif de l’élection présidentielle de mars 2016 au Bénin, on observe que Monsieur TALON a réuni 65 % des suffrages des électeurs, score qui lui confère naturellement une majorité confortable pour être déclaré vainqueur et proclamé Président de la République élu ; quant à Monsieur ZINSOU, il obtient la préférence d’environ 35 % des électeurs du Bénin ; score minoritaire qui fait de lui, selon la tradition établie, le perdant de l’élection présidentielle, chose qu’il a d’ailleurs très vite reconnue lui-même. Mais lorsque l’on analyse de près ces résultats, que constate-t-on ? Eh bien, il apparaît que le Président élu a construit sa victoire, essentiellement dans la moitié méridionale du pays, c’est-à-dire dans les sept départements du Sud, où il enregistré 78% de votes favorables ; dans le même temps ; le professeur  ZINSOU, fait l’essentiel de son score dans la moitié septentrionale du Bénin incluant les Collines, le Borgou-Alibori et l’Atacora-Donga, où il obtient la préférence de 55% des électeurs. Il en résulte que même en 2016, l’élection présidentielle révèle une polarisation politique du pays : le Président élu étant représentatif surtout des électeurs du Sud, le candidat arrivé deuxième, étant représentatif dans la partie septentrionale. Or, le principe fondamental de la démocratie, c’est la représentativité. En principe, pour que l’élu représente à lui tout seul la multipolarité géopolitique qui caractérise notre pays, il devrait obtenir plus de 50% des voix des électeurs dans chaque région du pays. Dans le Dahomey, ou le Bénin démocratique, ça n’a jamais été le cas. Dans le Bénin de 2016 non plus.
Hélas, les systèmes de gouvernement que l’on a appliqués à notre pays depuis l’indépendance, et particulièrement depuis le renouveau démocratique, ont été parfois, sinon souvent basés sur l’interprétation statistique étroite de la représentativité politique, doublée d’une  conception égoïste, égocentrique, monarchique, monolithique et exclusive de l’exercice du Pouvoir d’Etat, qui ignore royalement, le caractère essentiellement multipolaire du Bénin, au double plan ethno-régional et politique.  Il s’agissait assurément, de systèmes de gouvernement inadéquats, inadaptés et foncièrement inaptes à bâtir une Nation républicaine stable, harmonieuse et prospère.
En effet, ces systèmes de gouvernement mis en place par les différents acteurs politiques tout au long de l’histoire démocratique du pays depuis l’indépendance, ont pour la plupart échoué à hisser notre pays, au rang des véritables Nations républicaines. Assez souvent, les groupes politiques, qui ont réussi à capter d’une manière ou d’une autre le Pouvoir d’Etat, et qui n’émanaient  au mieux, que de quelques-uns des nombreux pôles sociopolitiques constitutifs du pays, ces groupes, une fois au pouvoir, ont tôt fait de transformer la République en leur propriété privée ; leur chef, qui en principe est le chef de l’Etat, et le président de la République, se comportant comme un chef de bande, de clan, ou de faction, au grand dam des autres pôles ethno-régionaux de la Nation. Pis encore, ces systèmes de gouvernement implémentés chez nous depuis l’indépendance, ayant fait du Président de la République, « l’incarnation de l’unité nationale », donnent à lui-même et à son groupe ethno-régional de référence, les pleins pouvoirs pour se servir, pour jouir et user des ressources collectives, à leur propre profit quasi-exclusif, puisque c’est en eux que s’incarne « l’unité nationale » ; puisqu’ainsi, ils représentent tous les autres groupes ethno-régionaux, et peuvent  dès lors manger, s’équiper, agir, travailler, prospérer,  en lieu et place de ces derniers. Il s’ensuit logiquement l’exclusion des autres pôles ethno-régionaux, non seulement de la gouvernance politique du pays, mais également leur quasi-exclusion sur les plans social, économique, administratif, et infrastructurel. Combien de fois les habitants de certaines parties du territoire, non représentés au pouvoir exécutif, n’ont-elles pas eu la fâcheuse impression qu’ils étaient systématiquement exclus des projets gouvernementaux d’aménagement et d’équipement du territoire, ou réduits à la portion congrue, alors que dans le même temps, les zones d’émanation des groupes au pouvoir, faisaient l’objet de toutes les attentions, même quand aucune nécessité ne justifiait ces attentions ? Combien de fois les cadres de certaines régions du Bénin, n’ont-ils pas eu le sentiment que les postes les plus juteux et les plus déterminants de l’Administration publique n’étaient réservés comme de droit divin, qu’à certains enfants privilégiés de certaines autres régions, souvent les mêmes, dont les ténors politiques ont ravi le pouvoir d’Etat ? Combien de fois les jeunes diplômés d’une partie du pays, n’ont-ils pas concouru pour être recrutés dans la Fonction publique, sans succès, pendant qu’il suffisait que leurs camarades originaires des bonnes régions de la République, fassent seulement acte de candidature pour accéder aussitôt aux emplois en or massif de l’Administration d’Etat ? Il n’en aurait pas été ainsi, si la gouvernance politique du pays, avait été vraiment républicaine. Car, une  gouvernance républicaine, c’est celle qui garantit qu’aucun citoyen ne soit exclu de l’emploi, de la délibération citoyenne, des besoins sociaux, des soins, des informations, des loisirs, de l’instruction, quelle que soit sa couleur politique, son groupe socioculturel d’appartenance, sa religion, son genre, sa région d’origine ou d’appartenance. Il faut dès lors bien convenir, que la gouvernance politique de notre pays, ne satisfait pas toujours à ces exigences. Son caractère antirépublicain s’observe jusque dans l’exclusion quasi-systématique de la composante féminine de la population, des instances de décision. Plus d’un demi-siècle après l’indépendance, en 2016, notre Parlement ne compte que 7 femmes sur 83 députés, 2 maires sur 77 ; dans le dernier gouvernement du mandat 2011-2016, elles ne sont que 5 ministres sur une trentaine, et 1 préfet sur 6, comme si notre République avait délibérément choisi d’être unijambiste. Et ce n’est pas en étant unijambiste que nous remporterons la palme de la stabilité ou le trophée de la course au développement.
Par conséquent, les systèmes de gouvernance politique que nous appliquons depuis notre accession à la souveraineté nationale, systèmes bâtis sur une appréhension inadéquate de la gouvernance démocratique, une conception égoïste, exclusive et égocentrique du pouvoir d’Etat, ainsi qu’une philosophie erronée de l’unité nationale, de tels systèmes disons-nous,  ne sont pas de nature à faire du Bénin, une Nation unie, harmonieuse, solide, solidaire, prospère et stable. D’où  l’instabilité chronique des premières années de l’indépendance ; d’où parfois les réactions plus ou moins dramatiques des exclus de la République ; d’où, finalement, une déperdition importante des énergies nécessaires à l’édification d’une Nation forte, prospère et harmonieuse. Il apparaît donc indispensable que les forces vives du Bénin, s’engagent résolument dans la recherche de nouvelles voie de gouvernance, dans des chemins nouveaux, afin d’inventer un système de gouvernance mieux adapté à la  multipolarité socioculturelle et politique du pays.
Pour que les Béninoises et les Béninois  parviennent à apprivoiser l’ethno-régionalisme exclusif en politique, il est impérieux qu’ils opèrent des réformes profondes aux plans mental, idéologique, institutionnel et politique.
D’abord au plan mental et idéologique, il faudrait que nous bannissions de nos pensées et de nos discours relatifs à la philosophie qui devrait être à la base de la construction de notre Nation, le concept d’″unité nationale″, pour le remplacer par celui d’ « union nationale ». Parlons si nous voulons d’unité de la République, d’unité du territoire, mais pas d’unité nationale.
De par son essence, le concept d’unité nationale signifie en politique l’exclusion et le monolithisme, la négation de la diversité, de la pluralité, et de la multipolarité. Selon le dictionnaire le Robert, l’unité, c’est le caractère de ce qui est unique, le caractère de ce qui n’a pas de parties et ne peut être divisé, bref, le caractère de ce qui forme un bloc homogène et compact. Si l’adjectif national se réfère d’abord à l’élément humain du pays, il faut bien reconnaître qu’il n’y a pas une nation unique au Bénin, mais un ensemble de nations que le colonisateur français a mises ensemble manu militari, à l’intérieur d’un même territoire, et dont, ni la colonisation, ni aucun des systèmes politiques mis en place depuis l’indépendance, n’ont réussi à faire un bloc homogène et compact. A part d’être inapte à rendre compte de leur hétérogénéité irréductible,  le concept d’unité nationale est contraire à l’idée de coexistence harmonieuse de cet ensemble de nations. Par conséquent, il nous faut donner au pays le système de gouvernance qui lui correspond, fondé sur la philosophie de l’union, qui signifie l’entente entre des groupes différents, un ensemble de groupes spécifiques liés par un accord et des intérêts communs ; l’union qui implique par conséquent l’alliance, la large coalition, l’association, la cohésion, la combinaison entre plusieurs groupes ayant une existence propre, pour mener ensemble des actions convergentes bénéfiques à chacun et à tous ; l’union qui selon l’adage, fait la force. Il nous faut doter notre pays d’un système de gouvernance, qui permette d’articuler, de concilier la citoyenneté ethno-régionale ou micro-nationale, avec la citoyenneté nationale ou macro-nationale ; un système de gouvernance politique la plus consensuelle possible. Ce système de gouvernance qu’il faut pour l’espace national pluriel du Bénin, fondé sur le consensus et la concorde, c’est ce que j’appelle le système de gouvernance démocratique, inclusive et représentative.
Le système de gouvernance démocratique, inclusive et représentative, apparaît comme la forme de gouvernance républicaine la plus  adaptée à notre pays, le Bénin, en l’étape actuelle de son évolution socio-historique, marquée par une tendance lourde : celle de sa multipolarité ethno-géo-politique ou sociopolitique irréductible. Il exige de nous des réformes profondes de nos pratiques publiques sur les plans politiques, socio-économiques et administratives, à travers une révision de la Loi fondamentale, et une adaptation de nos textes réglementaires les plus importants.
Sur le plan politique, le système de gouvernance démocratique, inclusive et représentative, issu de la révision de nos textes fondamentaux, signifie une forme de gouvernement, qui conjugue et mette ensemble les énergies, les forces et les intelligences les plus représentatives des principaux pôles ethno-géo-politiques, pour gérer le pays, durant chaque mandat d’exercice du pouvoir d’Etat.  En 2016, ces forces sont : les groupes géopolitiques ayant soutenu le Président Patrice TALON, majoritaires, et les groupes géopolitiques ayant soutenu le candidat Lionel ZINSOU.  Rassemblées dans un même gouvernement, ces forces les plus représentatives des différents  pôles ethno-géo-politiques du Bénin, vont travailler de façon partagée, mais complémentaire et convergente, à la gestion du pays, à travers la satisfaction des besoins spirituels, culturels, économiques et sociaux de  tous les Béninois et de toutes les Béninoises, quel que soit leur lieu de résidence dans le pays. Ainsi, le pouvoir exécutif s’exercerait, non plus dans la logique d’unité nationale hypocrite, exclusive, oppressive et assassine, mais dans une logique d’union, de concordance.
De façon concrète, à l’issue du tour décisif des élections présidentielles, le candidat arrivé en tête serait proclamé comme à l’accoutumée, Président de la République élu ; c’est déjà le cas pour Monsieur TALON  pour 2016;  le candidat arrivé en deuxième position deviendrait automatiquement le Vice Président élu, ou le Premier Ministre élu, du Gouvernement de la République. Dans les circonstances actuelles de 2016, ce rôle incombe naturellement à Monsieur ZINSOU.  Pendant la durée du mandat présidentiel, le Président élu aurait la majeure partie des prérogatives que lui confère la Constitution actuelle, notamment celles de Chef de l’Etat, et Chef du Gouvernement. Seulement, une partie des anciennes prérogatives seraient partagées entre lui et le Vice-Président ou le Premier Ministre, en l’occurrence celles relatives à la représentation de l’Etat, la désignation des membres du Gouvernement, la présidence du Conseil des ministres, la désignation des hauts fonctionnaires, des ambassadeurs du pays à l’étranger, des directeurs généraux des entreprises publiques, des représentants du gouvernement dans les Institutions républicaines, des responsables du haut commandement des forces de défense et de sécurité, des membres du Conseil supérieur de Défense, et enfin la prise de mesures exceptionnelles par ordonnance. Ainsi, dans le nouvel ordre républicain, le Vice-Président ou le Premier Ministre élu :
– participe au Conseil des ministres ;
– préside le Conseil des ministres en l’absence du Chef de l’Etat, dans certaines limites ;
– préside certaines manifestations nationales ;
– représente parfois  l’Etat à des sommets internationaux ;
– désigne pour nomination par le Président de la République, 1/3 des membres du Gouvernement ;
– désigne pour nomination en Conseil des ministres : 1/3 des hauts fonctionnaires de l’Etat et des directeurs généraux des entreprises publiques
( titulaires et adjoints) ; 1/3 des ambassadeurs ; 1/3 des représentants du Gouvernement dans les Institutions ; 1/3 des responsables du haut commandement des forces de défense et de sécurité ;
– désigne le chef d’état-major général adjoint des forces armées ;
– donne son accord formel au Chef de l’Etat, avant toute prise de mesures exceptionnelles par ordonnance.
Dans ce système de gouvernance démocratique, inclusive et représentative, la désignation des membres du Gouvernement, des hauts responsables de l’Etat à tous les niveaux, devrait se faire sur la base de critères qui combinent, outre la jouissance des droits civiques et la probité, la compétence, l’appartenance partisane, l’affiliation ou la sympathie ethno-géo-politique, mais aussi la diversité et l’équilibre de la représentation régionale, indispensables à l’édification d’un Etat véritablement républicain. De sorte que, à chaque moment, le Pouvoir d’Etat, au niveau central comme au niveau déconcentré, représente intégralement la diversité régionale et sous-régionale du pays. En prenant comme base territoriale les départements issus de l’indépendance du pays érigés en régions, chacune de celle-ci devrait être représentée par le même nombre de ministres dans le Gouvernement, auquel s’ajouterait un bonus de 2 pour le Président, et de 1 pour le Vice-Président ou le Premier Ministre, à leur discrétion ; ensuite, chaque région devrait être représentée par le même nombre de Responsables centraux, techniques, généraux, spécialisés, déconcentrés ; le même nombre de hauts fonctionnaires etc. Le principe de ce partage équitable  du Pouvoir d’Etat entre le Président et le Vice Président ou le Premier Ministre, pourrait être le suivant :
– 2/3 des Responsables seront désignés par le Président dans les régions où il est arrivé en tête au tour décisif des élections présidentielles, le 1/3 restant devant être désigné par le Vice Président ou le Premier Ministre ;
– 2/3 des Responsables seront désignés par le Vice Président ou le Premier Ministre dans les régions où il est arrivé en tête au tour décisif des présidentielles, le 1/3 restant étant désigné par le Président.
Ensuite, le nouveau système de gouvernance devra instituer le principe de l’alternance systématique à la tête des structures et institutions les plus sensibles de l’Etat,  sur la base de trois pôles régionaux : le nord, le centre, et le sud, ceci pour éviter que ne s’institutionnalisent des chasses gardées.
Toujours dans cet esprit de gouvernance démocratique, inclusive et représentative au plan politique, la Constitution révisée, ou un texte réglementaire spécial, devrait régler la question de la représentation des femmes dans les instances de décision, à tous les niveaux. Ainsi, la  nouvelle Loi Fondamentale, ou le Décret spécial  pourrait partir de leur proportion actuelle dans la population lettrée du pays, et disposer qu’il doit y avoir au moins 1/3 de femmes dans chacune des instances nationales de prise de décision : Gouvernement, Parlement, Pouvoir judiciaire, Administration centrale, déconcentrée, décentralisée et locale.
Enfin, le principe de la représentation et de l’inclusion sur le plan politique, devra s’appliquer même en ce qui concerne la désignation des Présidents de nos institutions républicaines, en faisant de telle sorte que chacune des six grandes régions du pays, soit représentée à la tête d’une institution au moins.
Sur le plan socio-économique, le système de gouvernance démocratique, inclusive et représentative, implique  de structurer le budget national, et notamment dans ces volets portant sur l’aménagement des infrastructures et les services aux populations, de sorte que les financements prévus soient équitablement répartis entre les six régions  du pays, avec une discrimination positive en faveur de la région-capitale, et  des régions abritant des villes à statut  particulier. Et dans l’opérationnalisation de ce  programme  de  redistribution des fruits de l’effort collectif aux citoyennes et aux citoyens par le Gouvernement,  en dehors des nécessités traditionnelles régaliennes et souveraines de fonctionnement de l’Etat, la seule règle en la matière devrait être  celle de l’équité et de  la concomitance dans les actions, selon le principe : « à chaque partie et à chaque communauté humaine du territoire national selon ses besoins, ici et maintenant, en fonction des disponibilités de l’Etat ».
En effet, c’est à travers ses actions d’investissement public, ainsi que d’aménagement et d’équipement du territoire national, que le gouvernement contribue, conformément à sa vocation, à satisfaire les besoins spirituels, culturels, économiques et sociaux des hommes et des femmes du pays, quel que soit l’endroit où ils vivent sur le territoire national. Ce sont ces actions qui, parce qu’elles apportent des solutions concrètes à des problèmes quotidiens communs, vécus collectivement et individuellement, font que ces hommes et ces femmes se sentent citoyens et citoyennes de la République. Or, ces problèmes se manifestent avec la même acuité et le même dénuement pour toutes les communautés humaines du Bénin, à quelque niveau qu’on les considère : régional, sous-régional, départemental, communal, local.
Pour cette raison,  dans le système de gouvernance démocratique, inclusive et représentative, le programme gouvernemental de satisfaction de ces besoins, ne peut dépendre du bon vouloir, ni du Président, ni du Vice Président ou du Premier Ministre, mais être inspiré par la nécessité de répartition équitable , intégrale et quasi-mathématique, de l’action  d’investissement public, d’aménagement et d’équipement de la République, entre les régions, les sous-régions, les départements et les localités du pays. A titre d’illustration, si l’enveloppe budgétaire destinée à cette action d’investissement, d’aménagement et d’équipement du territoire national au cours d’un mandat, est de sept cents milliards de francs cfa, chacune des six régions (i.e les 6 départements originels) du Bénin, devrait bénéficier de cent milliards  au moins de dépenses publiques, pour réaliser des projets pertinents et prioritaires de bitumage de routes intercommunales, bitumage ou pavage de rues communales ou urbaines, construction d’établissements éducatifs, socio-sanitaires, socioculturels, électrification, adduction d’eau potable, construction de marchés, de sièges de services publics déconcentrés ou décentralisés, soutien aux producteurs, etc. Les cent milliards restants seraient consacrés à la modernisation de la capitale, et des autres villes à statut particulier. C’est un tel programme de développement socio-économique républicain, intégralement et équitablement partagé, qui paraît adéquat dans le contexte de gouvernance démocratique, inclusive et représentative que doit instituer désormais chez nous, la nouvelle ère qui s’ouvre avec le Président TALON,  et que devrait intégrer désormais le Budget national, dans sa nomenclature et dans son élaboration.
Sur le plan administratif, et notamment en ce qui concerne  le système de recrutement des agents de l’Administration  Publique, le système de gouvernance démocratique, inclusive et représentative, exige de recruter les agents de l’Etat, sur la base d’une logique qui combine le critère du mérite au niveau national, et une logique d’inclusion et de discrimination positive, à travers une certaine proportion de sélection par quotas, en fonction du mérite à l’échelle régionale, le nombre de régions à prendre en compte étant de 6,  à savoir : l’Atacora-Donga, l’Atlantique-Littoral, le Borgou-Alibori, le Mono-Couffo, le Zou-Collines.

Qu’est-ce à dire concrètement ?
Supposons que l’Administration publique veuille recruter 30 fonctionnaires. Le principe du mérite à l’échelle nationale, va partir du classement des candidats, du 1er au 30ème, puis  déclarer les 15 premiers candidats admis d’office. Il reste 15 places à pourvoir, en quoi faisant ?
En appliquant le 2ème principe, celui de l’inclusion et de la discrimination positive, qui vise à garantir que chaque région du pays ait des chances d’être représentée dans le personnel de l’Etat. Donc, on divise les quinze places restantes entre les 6 régions du pays, puis on classe les candidats restants par ordre de mérite selon la région d’appartenance. Ainsi, les 3 ou les 2 premiers de chacune des 6 régions se verront attribuer le quota de places réservé à leur région dans le reste des places, après l’application du principe du mérite au niveau national.
Ce faisant on garantit le recrutement des candidats les plus compétents pour servir l’Etat, en même temps que l’on garantit une Administration reflétant la diversité socioculturelle et géographique du pays. Cette logique de recrutement qui concilie méritocratie et solidarité me paraît plus juste, plus équitable, plus efficace et plus républicaine, que celle basée sur l’attribution systématique des places mises au concours par quotas  régionaux.

Outre son adéquation, son réalisme et son applicabilité dans le contexte sociopolitique du Bénin, le système de gouvernance démocratique, inclusive et représentative, présente de nombreux avantages pour notre pays.
En effet, il est la condition d’une véritable gouvernance républicaine chez nous ;  grâce à cette philosophie, nous pourrions enfin garantir un présent et un avenir de paix, de sûreté, de stabilité, d’union et de prospérité pour notre République. Ce système nous permettrait de mettre définitivement un terme au type de gouvernement dans lequel notre « unité nationale » n’est en fait incarnée que par la majorité politique d’une partie du pays, qui, parce qu’elle a accédé au pouvoir, croit qu’elle a aussi acquis le droit de dominer les citoyens de l’autre partie du territoire national, en les réduisant à l’état d’esclaves ou de citoyens de seconde zone.
Ensuite, notre Parlement connaîtrait un fonctionnement plus harmonieux, plus lisible et plus régulier, qui dégagerait une majorité large, claire et franche pour accompagner les actions du Gouvernement, puisque cette majorité serait constituée des députés du bloc favorable au Président, et de ceux favorables au Vice Président ou au Premier Ministre. Signalons en passant, que la grande République Fédérale d’Allemagne, première puissance économique d’Europe, est dirigée depuis 2013, par un gouvernement inclusif de grande coalition droite-gauche, et ce jusqu’à la fin de la mandature en 2017, et que ce système de gouvernance a déjà été appliqué par le même pays en 2005-2009. L’Allemagne ne s’est jamais aussi bien portée que sous un tel système.
Par ailleurs, la tendance chez nous à l’émiettement du paysage politique s’estomperait rapidement, pour laisser place à deux, trois ou quatre grandes formations politiques d’envergure nationale. De même et paradoxalement, la politisation de l’Administration va baisser d’intensité, et faire place progressivement à une Administration avant tout républicaine, au service de l’intérêt général et partagé. Il y aurait moins de crispations, moins de tensions lors des périodes d’élections présidentielles, parce que le système aura permis déjà de résoudre la difficile équation, celle de réconcilier et d’articuler citoyenneté ethno-régionale, et citoyenneté nationale. La fonction présidentielle elle-même serait  sensiblement démythifiée. Cette démythification serait d’ailleurs davantage hâtée, si la nouvelle version de la Constitution réformait la disposition concernant le nombre de mandats présidentiels, dans le sens d’un mandat de 5 ans, renouvelable, mais non successivement. Enfin, en deux ou trois décennies, le Bénin pourrait devenir une véritable Nation Républicaine, où ne prévaudront plus beaucoup les réflexes de repli identitaire ethno-régional, mais avant tout des attitudes citoyennes, républicaines.

(Par le Professeur Jean-Claude HOUNMENOU, Président du Front pour une Alternative Républicaine et Inclusive, FARI, Mouvement Citoyen)

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