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Le triomphe de la vérité

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Edito: Une majorité parlementaire pour quoi faire


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logo journalPatrice Talon aura-t-il forcément besoin d’une majorité parlementaire pour gouverner ? Il faut se poser cette question lorsqu’on sait qu’une partie de la presse s’est empressée de compter le nombre de députés pouvant former la future majorité parlementaire. On aura remarqué que très vite une majorité s’est formée, avant même que le nouveau gouvernement ne se mette en place. Le PRD, fidèle à son nomadisme revendiqué, s’est ajouté à la liste des soutiens du nouveau régime qui affiche déjà 45 députés. Personne ne sera étonné de voir que d’ici au 06 avril, cette liste s’allonge davantage. Qui refuse de gagner 20 millions ?
C’est certainement pour mettre bon ordre à cet afflux massif que le nouveau président a fait entendre que son seul critère de recrutement au sein de son gouvernement sera la compétence. On n’est pas dupe. Il s’agit d’une stratégie pour juguler l’essaim  en ce moment où tous ceux qui ont participé à l’assaut final autant que les ouvriers de la vingt-cinquième heure se pourlèchent les babines en attendant le festin. Si le nouveau pouvoir veut se distinguer du régime finissant, il ne saurait installer une ripaille aujourd’hui. S’il ne veut aggraver la douleur du peuple, c’est le moment plus que jamais de donner un signal fort pour que disparaisse pour toujours l’esprit de mange-mil  qui a régné ces dix dernières années.
Le fondement de cet esprit de mange-mil, de cet esprit de pillard, reste la constitution et la préservation de la majorité parlementaire. Là est le socle des marchandages en tout genre et des manœuvres interminables que le Président de la République est obligé d’opérer pour faire passer ses projets de loi et surtout contrôler l’électorat. L’Assemblée nationale fonctionne dès lors comme le creuset de tous les chantages. L’expérience de ces dix dernières années a prouvé que le yayisme le plus dégénéré a vu le jour face à cet impératif de contrôle de l’électorat dans la perspective d’un second voire d’un troisième mandat.
Mais le régime Talon ne sera pas embarrassé par ces considérations. Le président élu a déjà averti qu’il ne fera qu’un seul mandat et qu’il fera modifier la constitution dans le sens d’un mandat unique. Les réformes institutionnelles qu’il voudrait mettre en œuvre sont ainsi les seules véritables  occasions pour lesquelles il aura besoin d’une majorité parlementaire. Et si l’on sait l’habileté de l’homme, il fera tout pour les mettre en œuvre dès le début du quinquennat pour éviter d’être à l’avenir l’otage des députés. C’est précisément pour cela que les divers groupes et partis qui soutiennent Patrice Talon apprendront à leurs dépens bientôt qu’il n’aura pas vraiment besoin d’eux pour réaliser les grandes lignes de son projet de société. La stratégie idéale pour lui, sera d’ailleurs de convoquer une conférence nationale ou une concertation nationale, en vue de respecter l’exigence de la Cour Constitutionnelle qui a toujours mis l’accent sur la nécessité d’un consensus national, préalable à toute révision de la loi fondamentale.  Ce consensus sera le premier défi du nouveau président.
Pour ce faire, Patrice Talon profitera de ce qu’il est convenu d’appeler « l’harmattan béninois », cette révolution douce mais ferme que le peuple a décidé du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest pour dire non à la pourriture. Sa période de grâce devrait servir à finaliser ce premier dossier. Du reste, les Béninois l’attendent clairement sur les réformes fondamentales contenues dans son projet de société, réformes qui nécessitent une majorité parlementaire claire pour être mises en œuvre.
En dehors de ces premières réalisations du régime,  il ne reste à Talon et à son régime qu’à gouverner dans le sens du bien-être socio-économique de tous, pour bénéficier d’un soutien franc des députés et de la population. Là-dessus, il faudra observer que le pouvoir Talon se veut être une transition. C’est donc un régime de salut public qui n’aura pas les obsessions électorales de Boni Yayi. Il lui reste avant tout à agir pour graver son nom dans l’histoire…

Par Olivier ALLOCHEME

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