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Le triomphe de la vérité

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Edito : La farce continue


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logo journalLa plupart des Béninois savent que la constitution oblige le Chef de l’Etat à faire sur l’honneur une déclaration de ses biens à son entrée comme à sa sortie de fonction. Cette déclaration se fait devant la Cour Suprême. Mais alors, quel est l’article de notre constitution qui oblige le Chef de l’Etat à faire cette déclaration en conseil des ministres pour ensuite en faire étalage à la télévision ?

C’est un tapage inutile et grotesque.

Inutile parce qu’il laisse accroire que le Chef de l’Etat est légaliste jusqu’à la fin et qu’il est surtout attaché à la lutte contre la corruption. Là-dessus, tous les Béninois savent que rien n’est plus faux. Légaliste ? Boni Yayi ? Il ne lui arriverait pas, à lui-même, de s’attribuer un tel substantif. Il n’y a pas si longtemps, il laissait entendre que le Bénin ne paierait pas un seul kopeck dans le bras de fer qui l’opposait à Bénin Control dans le dossier PVI. A l’occasion, tout le monde a vu, ahuri, comment le Chef de l’Etat s’en prenait ouvertement à la justice, l’accusant au passage d’être corrompue par les puissances d’argent. On ne compte plus le nombre de fois où il s’en est pris aux magistrats, faisant d’eux tous (ou presque) des suppôts de Talon. Je n’ose pas révéler comment les procureurs généraux ont été exploités durant ses deux mandats. Le plus malheureux sans doute, Constant Amoussou, a rendu public un violent mémorandum à ce sujet, mémorandum d’une telle noirceur qu’on a eu tort de ne l’avoir pas utilisé comme preuve de droit sur le président finissant. Le plus heureux reste Gilles Sodonon, procureur général, qui vient d’être nommé à l’UEMOA, promotion que la plupart des observateurs analysent comme une récompense pour avoir effectué la sale besogne contre Talon depuis le déclenchement de la machine anti-Talon en 2012. Si donc il manquait une preuve de la volonté explicite et affichée de manipuler la justice, en voilà une. Le bureau directeur de l’Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB) n’a eu de cesse de tirer la sonnette d’alarme sur les graves dérives du pouvoir relativement à la magistrature. Soyons donc clair : la médiatisation des biens se voulait une preuve de légalisme, c’est bien une pitrerie de plus.

Car, il faut avouer que cet exercice est tout à fait grotesque. Quel Béninois peut croire que le Chef de l’Etat n’émarge pas au budget national ? Qu’il ne reçoit ni prime ni indemnité depuis dix ans ? Que ses nombreux voyages par route ou par hélicoptère ou même par avion sont financés de sa propre poche ? Et qu’il n’a donc pas saigné les caisses de l’Etat pour les nombreuses excentricités qu’on lui connait ? Personne ne peut y croire. Mais alors, si tel était bien le cas, qui donc lui a refusé ces avantages légaux voire obligatoires ?

A force en effet de ne pas toucher ces traitements salariaux, tous ceux qui travaillent pour une cause quelconque, s’installent dans l’industrie de la corruption. Ils trouvent leur compte d’une autre manière plus juteuse et plus discrète. Mieux, à ce niveau de responsabilité, le bénévolat est tout simplement une irresponsable hypocrisie qui cache des pratiques dangereuses. Tout esprit avisé sait comment les retro-commissions (les fameux 10% devenus 20 voire 40%) font rage dans les arcanes du pouvoir sur tous les gros marchés. Et il ne viendrait à l’esprit d’aucun chef d’entreprise désireux de gagner de l’argent, de résister aux douces pressions de l’autorité, s’il sait combien il pourrait gagner en retour. Nous sommes bien au Bénin !!!

 Autrement dit, c’est bien par malice que Boni Yayi nous dit qu’il n’a touché ni salaire, ni prime ni indemnité depuis dix ans. Il a certainement trouvé son bonheur ailleurs, d’une manière plus abondante. Le mal, c’est que le Président de la République se sent toujours obligé de prendre les Béninois pour ce qu’ils ne sont pas.

Il a comme un besoin pathologique de nous raconter des fables, en faisant mine d’y croire lui-même. Si beaucoup de Béninois se sont laissés prendre au piège il y a encore quelques années, il est clair qu’en 2016, il y en a très peu qui peuvent encore accorder du crédit à tous ces montages. Il semble bien qu’en l’espèce, la farce ne sera plus jamais un mode de gouvernance au Bénin.

Par Olivier ALLOCHEME

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