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Le triomphe de la vérité

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Edito: La crise pétrolière s’installe


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logo journalLa baisse des prix du pétrole a commencé à faire des dégâts en Afrique. A proprement parler, ce n’est pas de maintenant que datent ces dégâts. Depuis début 2015, les économies africaines tirant l’essentiel de leurs revenus de l’or noir ont commencé à enregistrer des secousses, en espérant toujours s’en sortir. Mais la situation du baril s’est constamment dégradée. Fin janvier 2016, le baril de brut s’est négocié à moins 30 dollars, c’est-à-dire que le pétrole a coûté moins cher que le baril dans lequel il est transporté. En général, les cours du brut ont dévissé en moyenne de 46% à 47% entre 2014 et 2015. C’est un niveau record qui comporte des conséquences graves sur les économies.
Pour illustrer le sujet prenons quelques exemples
Premier exemple, le Nigeria. C’est le premier producteur d’Afrique avec 2 millions de barils par jour. Mais avec la baisse des prix du brut, la croissance économique du pays a atteint 3 % pour 2015, le taux le plus faible depuis plus de dix ans, selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI) paru en janvier. Le Nigeria qui a déjà largement puisé dans ses réserves financières, entend désormais diversifier ses sources de revenus en faisant des investissements records dans des secteurs stratégiques comme l’agriculture ou les infrastructures.
Un deuxième exemple, l’Angola. Deuxième producteur africain de pétrole, l’Angola affichait jusqu’à présent parmi les plus forts taux de croissance d’Afrique (soit environ 10% par an entre 2004 et 2013). Depuis 2014, cette croissance a ralenti à 4,5% pour se situer à environ 3,5% en 2015. Le pays tire 95 % de ses recettes d’exportation de l’or noir. Bien évidemment, le pays a dû couper ses dépenses budgétaires de 25 %. En un an, son taux d’endettement est passé de 31 % à 45 % de son produit intérieur brut. Son budget 2016 se base sur un prix moyen du pétrole de 45 dollars le baril, alors qu’aujourd’hui le brut franchit difficilement la barre des 30 dollars. En même temps, le taux d’inflation a bondi, se situant entre 11 et 13%.

Parlons maintenant de l’Algérie, troisième producteur africain de pétrole.
Oui, le pays est carrément dans l’œil du cyclone. Le 24 décembre 2015, le ministre du Travail, Mohamed El Ghazi, a fait part de sa volonté de supprimer « un million de postes de fonctionnaires » sur les 2,5 millions que compte le pays. Un dégraissage brutal et massif, qui déclenchera à coup sûr une crise sociale de grande ampleur. En fait, le budget de l’Etat algérien n’est soutenable qu’à un prix du pétrole de plus de 100 dollars le baril. Le gouvernement aura de grosses difficultés à financer ses dépenses de fonctionnement et d’investissement. Moins de recrutements, moins de contrats, les entreprises pâtiront également de cette conjoncture morose. On assiste en fait à la hausse des prix à l’importation des produits de large consommation, à une dévaluation plus importante du dinar et à une perte du pouvoir d’achat de la majorité des Algériens. Au plan macroéconomique, les observateurs s’attendent à une baisse importante des réserves monétaires : diminution d’au moins 30 milliards de dollars des réserves en devises et quasi-extinction du Fonds de régulation vers fin 2016, Fonds de régulation alimenté par l’argent du pétrole quand les prix étaient à la hausse et dépassaient les 100 dollars le barils. Il sert à financer le déficit budgétaire et des mesures urgentes du gouvernement.

Quelles sont les perspectives ?
Malheureusement, les prix du pétrole ne vont pas baisser de si tôt. Aucune prévision sérieuse, même optimiste ne présage de la remontée du pétrole dans les mois ni les années à venir. Pourquoi ? Du fait de la crise économique en Chine, de l’arrivée sur le marché pétrolier de l’Iran qui vient gonfler l’offre et aussi de la montée en flèche des sources alternatives d’énergie, notamment le gaz de schiste. Selon le cabinet d’étude Cyclope qui a publié un rapport sur les cours des matières premières le 27 janvier, les prix du pétrole ne devraient pas dépasser les 40 dollars le baril cette année.
Moralité, aujourd’hui plus que jamais, il est dangereux de baser une économie sur les matières premières, et surtout sur une monoproduction dont les risques sont énormes.

Par Olivier ALLOCHEME

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